
& l’autre dans le tuyau de la cuvette de conceflion
en même temps, en retirant les doigts qui tenoient
l ’eau qui eft dans le fiphon.
L ’eau du réfervoir, preffée par le poids de l’air,
chaffe bientôt, en prenant fa place, la première
eau qui eft entrée dans le fiphon, qui ne trouvant
point d’obftacle , & vivement pouffée par la colonne
d’eau qui la fuit, fe précipite dans le tuyau ; ainfi
de fuite.
Par le moyen de ces fiphons on peut faire monter
l ’eau à 33 pieds: par-là on voit qu’il doit y avoir
des fiphons de plufîeurs grandeurs, qu’on emploie
félon qu’on veut forcer une eau plu» ou moins.
Les plus grands ne peuvent fe plonger dans le
léfervoir ; il faut les remplir d’eau d’une autre manière,
parce que c'ela eft abfolument néceffaire pour
les faire jouer.
On renverfe également une partie dans ceux-ci
comme dans les autres ; enfuite on a une cruche
pleine d’eau, on la verfe dans ces fiphons jufqu’à
ce qu’elle les ait remplis d’un orifice à l’autre ; le
refte le fait à la manière ordinaire.
Quoi qu’il en foit, l’eau ainfi forcée fort bientôt
à l’autre bout du tuyau avec tant de précipitation,
qu’il eft impoflible qu’aucun obftacle lui réfifte:
elle entraîne tout avec e lle , & le dedans du tuyau
devient net comme la main.
Il s’agit à préfent de refouder les ouvertures qui
•y ont été faites , & de remettre toutes chofes comme elles étoient auparavant.
lues'plombiers ont coutume d’apporter avec eux
un fac rempli de différens outils dont ils peuvent
avoir befoin ; parmi lefquels il y a un gratoir, un
fer à fouder , un porte-foudure, c’eit-à-dire, un
quart de coutil qu’ils plient en quatre , & qu’ils
attachent au cordon de leur fac.
Il leur faut encore un petit fourneau, une marmite
, & un polaftre.
Le fourneau eft d’une tôle forte : on y allume du
Charbon ; il eft échancré à trois endroits1; ces échancrures
font pour foutenir le fer à fouder qu’on y fait
chauffer : il a un anneau,par lequel on le prend.
La marmite eft de fonte de fer ; elle eft à trois
jambes : elle a une anfe pour la prendre; e’eft
dans cette marmite qu’on fait chauffer la foudure.
L e polaftre eft de fer : ce font deux bandes attachées
avec deux clous, qui s’ouvrent & fe ferment
de même.
. On l’applique fur le tuyau qu’il embraffe : on
le remplit de charbons allumés pour fécher le dehors
des tuyaux, afin que la foudure y prenne mieux.
Voilà à quoi il fert.
On commence à remplir de foudure la marmite,
& on la met fur lé fourneau : on en allume
le charbon avec le foufflet ; un autre ouvrier def-
cend dans le foffé avec l’échelle ; il commence à
écailler ou gratter le tuyau tout autour de l’ouverture
qu’on lui a faite : il coupe une plaque _de
plomb de fa longueur & de fa largeur, qu’il écaille
également tout autour ; il l’applique enfuite à l’endroit
qui lui eft deftiné.
Il faut d’abord qu’il ait la précaution de faire
fécher le tuyau avec le polaftre qu’il applique defc
fus, après l ’avoir rempli de braife; il l’enlève en-
fuite , & verfe de la foudure fur le tuyau échauffé
par le polaftre, tout autour de l’endroit qu’il a
écaillé, & de la plaque de plomb qu’il y a pofée ;
il retient , par le moyen de fon outil qu’il a dans
une main , de la foudure qu’il y verfe ; de l ’autre
main il la frotte de poix-réfîne , & y palTe enfin
le fer à fouder, pour finir de rendre fon ouvrage
plus Gorred.
Lorfque l’eau a repris fon cours & que le tuyau
eft foudé, on enlève la foudure qui eft inutile ,
qu’on remet dans la marmite à refondre avec celle
qui y eft reftée.
On met le foffé à fèc ; on place de la terre autour
du tuyau ; enfuite on achève de combler le
foffé, & les paveurs réparent la rue.
On a foin qu’il ne fe rencontre aucune pierre
au-deffous ou autour du tuyau que l’on recouvre ,
afin de ne point l’endommager en achevant d’emplir
le foffé.
On a enfuite l’attention d’aller remettre la clef ou
la poignée du robinet, afin de [redonner le cours à
l ’eau , & l ’on replace la trape du regard.
Du raffinage des cendrées de plomb & de foudure.
Comme le raffinage a été imaginé pour revivifier
toutes les parcelles de plomb que l ’on a pu
faire dans le courant d’une année , ainfi que tout
ce qui s’eft décompofé dans les fontes qu’on en a
faites , nous avons cru que c’étoit ici le lieu de
décrire cette opération.
D’abord, par raffinage , on entend la façon de
revivifier des parties de plomb décompofées, qui
ont perdu leur phlogiftique, & font devenues en
forme de chaux, ce que les plombiers appellent
proprement crajfes.
Ce travail confîfte en quatre chofes principales :
i° . A laver Ces fortes- de cendrées.
2°. A les jetter dans le creufet.
3°. A les recevoir à mefure qu’elles fondent.
4°. À les couler dans des lingotières ; car les
plombiers - raffineurs s’en fervent, comme nous le
verrons dans la fuite.
Après ees opérations, les cendrées de plomb revivifiées
, dégagées de tous corps étrangers , &
ayant repris le phlogiftique quelles avoient perdu ,
forment un nouveau plomb propre à être employé
à toutes fortes d’ouvrages.
On en fait autant des cendrées qui proviennent
des-fontes de foudures.
Comme ce travail eft le même de part & d’autre
nous nous contenterons de donner la manière
de revivifier les premières cendrées.
Du lavage des cendrées.
Nous allons détailler comment cela fe fait ; mais
auparavant il convient de commencer par donner la
defcription des outils qu’on doit fe procurer pour ce
premier travail.
Il faut quatre tonneaux , une fébille & une
truelle ; trois de ces tonneaux ne doivent être défoncés
que d’un côté , & le quatrième doit l’être
des deux côtés : il faut qu’ils foient tous à peu près
de la même grandeur ; on a coutume de les prendre
de trois pieds & demi de haut, & de deux pieds
de diamètre.
On commence par remplir les trois premiers
d’eau qu’on va chercher à la rivière, ou qu’on tire
d’un puits ; comme il faut beaucoup d’eau , il eft
néceffaire d’avoir ou la rivière , ou un puits à la
portée de l’attelier.
C ’eft dans ces tonneaux que les plombiers-raffi-
neurs lavent leurs cendrées ; ils fe fervent de ces
trois tonneaux pour les paffer par trois eaux différentes
; le quatrième, qui eft défoncé des deux
bouts , eft deftiné à recevoir & à égoutter les cendrées
; c’eft pourquoi l ’on doit faire enforte qu’il
foit placé à côté d’un petit canal ou ruiffeau, par
lequel les eaux que rendent les cendrées lavées,
puiffent s’écouler.
De la maniéré de fe fefvir de ces uftenjiles.
Il faut être quatre ouvriers ; le premier £mon-
cèle à côté de lui les cendrées qu’il veut laver,
pour les avoir à fa portée ; enfuite, prenant la fébille
Quand une fois ils en ont été enlevés , on pen*
che la fébille fur un côté#, & on en fait tomber l’eau
même doucement : on trouve au fond le plomb
qui s’y eft précipité, étant dégagé des corps étrangers
ou jatte de bois qui a un manche perpendiculaire
par lequel on la tient, il la remplk à
plus légers que lui.
Le premier ouvrier fait enfuite paffer cette fe-
bille à celui qui eft à côté de lui ; il la prend &
la plonge de nouveau dans l’eau du fécond tonr-
neau . qu’il a devant lui ; il la remue avec la truelle,
& en ôte de nouveau les corps étrangers plus menus
moitié de cendre, & la plonge dans le premier
tonneau où elle fe remplit d’eau : il remue le
tout avec la truelle, qui reffemble à celle des maçons.
Les charbons ou la terre, qui fe trouvent mélangés
avec les miettes de plomb qui reftent encore
en nature, s’en féparent, ainfi que de celles
qui ont. été décompofées dans les fontes , & nagent
fur la furface de la'.fébille on les fait tomber
dans le tonneau avec la truelle»
que les premiers , qui s’élèvent pareillement
fur la furface de l ’eau qui eft dans la fcbille, en
les faifant tomber’ dans fon tonneau.
I l donne enfuite fa fébille au troifième, qui fait
la même opération : il finit de laver les cendrées
dans une eau nouvelle que contient le troifieme
tonneau, & de les purifier de toutes les matières
étrangères.
Il vuide fa fébille, comme nous l’avons déjà
dit, & il trouve au fond une Cendre de plomb
qui reffemble à du terreau ; il la donne à un quatrième
ouvrier, qui fait "tomber cette cendrée dans
le quatrième tonneau qui eft devant lui , & qui,
n’ayant point ée fond, donne paffage à l’eau que
fuent ces cendrées ; cette eau coule dans un ruiffeau
qui la conduit dans la rue.
Le premier ouvrier prend de nouvelles cendrées ;
& après les avoir lavées, il les paffe aux autres
laveurs , ce que l’on continue jufqu’à ce que toutes
les cendrées foient lavées.
Comme ce lavage eft abfolument néceffaire avant
de les revivifier, on eft dans l’ufage d’employer
un jour, ou plufîeurs lorfqu’un ne fuffit pas, à faire
cette opération préliminaire.
On vuide les tonneaux quand l ’eau eft trop
fale ; & par cette raifon, le premier tonneau doit
être vuidé plus fouvent que les autres, parce que
les matières qu’on y lave , font plus chargées d’ordures.
On ne fait aucun ufage du charbon qui Ce trouve
au fond de ce premier tonneau ; on jette le tout
dans une cour , où l’on en forme un tas pour F en-s
lever lorfqu’on en a une quantité, & le porter aux
lieux où cela eft convenable.
Chaque fois qu’on vuide ces tonneaux , on a
foin de les remplir d’une eau nouvelle, afin de les
avoir tout prêts à recommencer l ’opération que
nous venons de décrire.
Les plombiers doivent, comme nous l’avons d it,
avoir grand foin de ne pas mélanger les écumes
des foudures avec celles du plomb, pour ne pas
perdre de l’étain en les mêlant avec du plomb,
& ne pas aigrir le plomb qu’ils retirent de leurs
cendrées, par l’alliage de l ’étain.
Le plombier-raffineur doit pareillement, en fon'
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