•>m4
Il l'UÉFACE.
prolégomènes et des commentaires aussi élendiis ne paraîtront point
en désaccord avec la nature de nos études botaniques, parce qu'elles
reposent sur des matériaux tellement nombreux que, sans crainte
d'être taxé de présomption, nous pouvons déclarer dès à présent
que , par leur richesse et leur variété, elles dépasseront toutes les
attentes des botanistes.
Quant à la valeur absolue de nos considérations climatologiques,
c'est-à-dire quant à la question de savoir jusqu'à quel point elles
peuvent donner une juste idée du climat de la vaste contrée qu'elles
embrassent, nous renvoyons nos lecteurs aux réserves fréquemment
énoncées à cet égard dans le texte même de notre livre où nous
acceptons sans détour le CAvacVere provisoire de nos études climatologiques.
Aussi, en élevant un échafaudage destiné à disparaître dans
l'enceinte de l'édifice que tôt ou tard la science érigera sur ce sol
classique, nous ne pouvons dissimuler l'existence éphémère de notre
travail. Loin de nous sentir découragé par cette perspective, en apparence
si peu digne de tant d'efforts et de sacrifices, nous attendons
au contraire avec bonheur le moment où les quelques jalons plantés
par nos mains seront remplacés par des constructions solides et
durables. Pourquoi le solitaire pèlerin gémirerait-il sur la fragilité
du chalet improvisé dans des régions où personne avant lui n'avait
conditions les plus défavoraWcs où iraisse se trouver une expédition embrassant
comme l a nôtre plusieurs branches des sciences naturelles et physiques. En traçant
rigoureusement les limites de notre position, nous augmentons , il est v r a i ,
notre responsabilité, ma i s nous léduisons aus s i les exigences dont nous pourrions
être l'objet si nous avions été moins complètement isolé. Nous sommes loin de
vouloir amoindrir le mérite de ceux au.xquels leur fortune ou les circonstances
permettent de diriger des expéditions scientifiques, nous ne voulons que constater
les conditions plus modestes, ma i s aussi infiniment plus difficiles, que le destin
nous a réservées. N'ayanl point les moyens matériels [lour diriger les autres, nous
avons dù nous borner .i tout faire par nous-mème. Euti'e nous et les p-omoteurs
d'expéditions scientifiques, il y a la distance qui sépare le Mécène qui^ emploie
honorablement ses richesses pour faire faire ses t ravaux, et le savant qui les exécute
lui-même : la position du premier est peut-être plus brillante et même plus
utile, mai s que l'on sache du moins que l'hmnble édifice construit par le second,
n'a pu avoir pour architecte et pour ouvrier que lui seul , et que par conséquent
il en est non-seulement ['âme, mais aussi le corps.
1. Toutes les évaluations numériques contenues dans notre ouvrage, sont exprimées
en mesures décimales. L'écbclle du thermomètre est toujours celle de Celsius.
PRÉFACE. iM
encore créé un abri pour ses confrères? IN'a-t-il pas le droit d'espérer
que lorsque les architectes futurs viendront en abattre les rustiques
poteaux, pour y substituer des colonnes en marbre, ils pourront
utiliser quelques planches du chétif manoir, et ne dédaigneront point
d'inscrire sur une des dalles du nouveau temple, le nom de celui dont
la modeste cabane en occupa jadis la place?
Nous n'avons rien à ajouter aux observations préliminaires placées
en tête de la deuxième section de notre ouvrage, consacrée à des
considérations sur quelques espèces animales de l'Asie Mineure. Nous
ne pouvons cependant renoncer au plaisir de réitérer ici nos remerciements
aux savants zoologistes qui ont bien voulu nous prêter le
concours efficace de leurs lumières, et nommément iM. Valenciennes,
M. Brandt et M. Kessier. Grâce à eux, nous avons été à même d'enrichir
la zoologie de deux espèces fort intéressantes, et de répandre
un nouveau jour sur deux autres espèces non moins curieuses, et sur
la Faune ichthyologique des grands fleuves de la Russie méridionale.
A cette occasion, nous croyons devoir faire observer que, malgré
l'impossiliilité où nous fûmes de faire des collections zoologiques, le
peu que nous avons pu réunir est cependant de nature à inspirer une
idée très-favorable de la richesse et de l'intérêt que doit présenter
la Faune de l'Asie Mineure. En effet, sur les quatre espèces prises au
hasard, qui constituaient toute notre collection zoologique, deux sont
nouvelles (l'élis luUiana et Ovis analolica), et parmi les deux autres,
l'une (Capra oerjagnis) était peu connue et imparfaitement décrite, et
l'autre (Capra angorensis) n'avait encore jamais figuré dans aucun
établissement scientifique de l'Kurope, au moment (en 1847) où
nous offrîmes au Musée impérial de Saint-Pétersbourg un très-bel
exemplaire de ce ruminant. Lorsqu'une aussi minime collection,
faite sans recherches et presqu'au hasard, a pu oft'rir un si grand intérêt
scientifique, de quelle importance ne devront pas être les résultats
que fourniraient des explorations systématiques, effectuées par
des zoologistes de profession, qui se consacreraient exclusivement à
l'étude de la Faune de cette contrée qu'entre tous les pays du
monde, la Providence semble avoir choisie pour y concentrer les
trésors de son inépuisable libéralité?
Enfin, nous terminerons cette courte Préface par l'expression dès