ZOOLOGIE.
gravir ou descendre dos montagnes élevées, et se balancer
avec assurance sur les bords des précipices. On
est tout étonné de rencontrer de ces caravanes sur des
sentiers abrupts où le cheval dn pays, si habile à grimper,
ne se maintient qu'avec peine : ainsi, entre Selevké et
Alaya, je les ai vues franchir les rochers escarpés du littoral
méridional de la Cilicie-I'élrée, par des sentiers tellement
tourmentés que mon Tatar, l'être du monde le
moins disposé à se servir de ses jambes, croyait devoir
mettre pied à terre. De même, plus d'une fois je fus dans
le cas d'admirer l'agilité extraordinaire du chameau, s'élevant
et plongeant à travers les zigzags du Boulgardagh,
des montagnes de la Pisidie, de la Cappadoce, etc.
Parmi les fréquentes occasions qui réclament du chameau
de l'Asie Mineure l'exercice de son talent de montagnard,
il en est qui se reproduisent régulièrement deux
fois par an, savoir : au printemps, où les tribus nomades et
quelques habitants des villes se transportent à leurs yaila;
et en automne, quand ils en descendent pour retourner
aux quartiers d'hiver ou kiehlak. A ces deux époques, les
districts montagneux de la péninsule olFrent un spectacle
fort original, spectacle qui surprend singulièrement le
voyageur, lorsque, par hasard, il l'aperçoit du haut d'une
montagne qui embrasse tui vaste horizon : il contemple
avec étonnement le panorama animé qui se dessine au
milieu de solitudes ordinairement si silencieuses et si
uniformes; jiartout où son regard s'arrête, il rencontre
d innou)brables files de chameaux qui serpejitcnt dans
tous les sens en embrassant de leurs replis tortueux les
accidents variés du ])aysagc. Mais c'est lorsqu'il descend
de son observatoire pour considérer do [¡rès ce curieux
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spectacle de déménagement qui, comme à un signal donné,
s'effectue par une population entière, que la scène développe
toutes ses teintes pittoresques : une longue suite de
chameaux, de chevaux, d'ânes, de mulets, de chèvres
et de moutons, défdent devant lui au milieu de groupes
d'hommes et do fenmies revêtus de costumes diversement
coloriés. Les chameaux portent les objets les plus pesants,
tels que tentes, poteaux, etc., et les ustensiles les moins
lourds sont répartis entre les ânes et les mulets; armés
de longs fusils, de pistolets et de poignards, les hommes
clieminent à pied ou à cheval selon leurs moyens; les
femmes de familles peu aisées suivent leurs maris pédestrenient:
celles à qui leur fortune permet certains comforts
de la vie, sont à cheval ou à dos de nmlet, ayant leurs
enfants en croupe ou dans leurs bras; enfin on voit les
matrones opulentes établies dans des espèces de paniers
qui rappellent la forme d'un petit coupé. Deux de ces
sièges, chargés sin- un chameau, un de chaque côté,
renferment chacun inie femme enfoncée dans ses coussins
et ses couvertures. Des chiens uon moins énormes que
féroces complètent le tableau et empêchent, par leur attilude
menaçante, tout élément étranger de venir se confondre
avec lui.
Quoique ces groupes nombreux d'êtres humains n'aient
rien du caractère bruyant qui en Europe est inséparable
de la plus modeste réunion, on peni dans leur allure,
leurs regards, leur costume et jusqu'à un certain point
dans la disposition du bagage, reconnaître s'ils quittent
leurs (piartiers d'été pour aller reprendre leurs stations
d'hiver, on s'ils vont échanger ces dernières contre les
premières. Kidèle aux tradilions de ses ancêtres primor-
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