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3.1S CL I M A T O L O G I E ,
e n Asie Miuenre, se sont pressées, pendant des milliers de
siècles, des généralions diverses, tour à lour occupées à
remuer les cendres de leurs prédécesseurs, soit pour y
allumer le flambeau d'une nouvelle existence, soit pour les
disperser, et ne point être gênées dans leur marclie.
2. En dehors des causes politiques el morales qui ont
déterminé eu Europe la destruclion des l'orêls, l'Asie
Mineure se trouva exposée à l'inlluence d'un agent destructeur
que n'ont pas connu les États européens, c'est-àdire
à riutrodiiclion du régime dos peuples pasteurs qui,
depuis le xii' siècle, ne cessèrent d'immigrer dans ce pays
et de s'y établir successivement avec leurs nombreux
troupeaux. Evidemment un tel élat de choses n'a pu
q u ' ê t r e funeste aux forêts de la péninsule, surtout quand
on considère que parmi les auimaux domestiques qui constituaient
la base de la vie nomade, les chèvres jouaient
u n rôle considérable. Ce ruminant est éininemment nuisible
à la végétation arborescente, et son aclion prolongée
a dù avoir une large part dans la disparition du peu de
forêts qui pouvaient avoir résisté aux efforts réunis des
autres causes de destruction. Dans son excellent ouvrage,
J l . Unger cite des contrées jadis boisées dont les foiêts ont
été complètement détruites par l'introduction des troupeaux
de chèvres'.
l.'envaliissemenL des barbares au moyen âge a eu un ré-
.sultat tout opposé : au lieu du régime |)asloral, ils inlrotluisirent
en Europe celui d'une féodalité militaire qui en
se développant créa ce système de chevalerie dont toutes
les aiTections et les hidiitndes, non-seulement s'accommo-
I . Versiich einerflesch. tlex Plilanseu, p. lli.
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daient avec l'existence des l'orêls, mais encore étaient trèslavorables
à leur conservation. En effet, un grand nombre
de documents cités par M. Maury prouvent le soin dont
les riches vassaux, les rois eux-mêmes, entouraient les
f o r ê t s , théâtre et sauvegarde de la chasse ; et lorsque le
moment arriva où il fallut aux dépens de ces dernières
faire des concessions à l'industrie agricole, elles étaient
tlèjà l'objet de trop de sympathie pour être sacrifiées inconsiilcréinent.
Et si d'un côté la végétation arborescente
dut reculer de plus en ¡ilus devant le soc du laboureur, si
le culte de Diane n'était plus assez puissant pour repousser
celui de Cérès, les rois trouvèrent dans les besoins de la
Hotte et autres services publics, des raisons péremptoires
pour protéger les forêts. Grâce aux efforts énergiques de
ses souverains, la F r anc e vit, depui s le r jusqu'au xiV siècle,
reparaître les forêts presque aussi nombreuses et aussi
touffues qu'elles l'étaient dans la Gaule avant l'établissement
des Romains 1.
Nous trouvons en Europe, même au moyen âge, des
agents conservateurs des forêts, lesquels firent com|)létement
défaut à l'Asie ¡Mineure. Jlais ce n'est pas tout encore :
à mesure que l'industrie et la civilisation se développaient,
on ue se contenta point de défendre les forêts contre les
envahissements de l'hounne, ou s'efforça de réparer les
ravages causés par des agents naturels; or, plus d'un
excLnpIe prouve que ces agents peuvent exercer de tels
ravages, que le vide une fois créé ue saurait être comblé
que par les soins de l'industrie humaine. En 1413, par
exem|)le, un incendie terrible dévora une bonne partie de la
1. Miuu-y. Ilist. des (jrumln foiéls, p.
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