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'8» ZOOLOGIE.
oblieiiuent la couccssion des cerlaiiis dlslricls qu'ils üiil
choisis. Rarement manquent-ils de réaliser d'énormes l)énéfices.
Ces entrepreneurs de la pêche des sangsues sont
très-connus dans le pays 'sous le nom de sulukdji ou preneurs
do sangsues". En 1849, il passa par la seule douane
de Samsonn une masse de ces aimélides représentant la
somme de 330,000 francs.
A Ak.saraï {à l'Est de Konia et ayant xme altitude de
1189") j'assistai à la pêche des sangsues : elle se fait d'une
manière tout à fait primitive, très-simple et très-économique.
Les pêcheurs (tous grecs ou arméniens), complètement
nus et protégés seulement par une feuille de vigne,
entrent dans les marais ou les ruisseaux les plus productifs
et y attendent les sangsues, qui, alléchées par la proie
vivante, ne tardent point à s'y précipiter; mais elles se
trouvent saisies et jetées dans nu sac avant d'avoir eu le
temps de mordre à l'appât. Comme cette amorce humaine
ne coûte rien, et que généralement l'adresse des pêcheurs
ne les expose qu'à de rares blessures, ce procédé un peu
primitif n'occasionne d'autres fiais que ceux de la maind'oeuvre,
laquelle se paie en raison de la quantité d'animaux,
évaluée eu poids, fournie par les ouvriers, c'est-àdire
pour chaque ok (environ 1 { kilogr.) de sangsues
50 piastres (à peu près 10 francs) pendant l'été et ISO
35 francs) pendant l'automne. Le prix des concessions
accordées par le gouvernement varie selon les localités et
les années.
Lorsque, au mois de juin 1848, j'élais à Aksaraï, j'y
1. U sanesue s'appelle en mrc sulucli. Ce mol se pronniice exaclfiaeiil comme In
nom (lu fameux empereur à la peau noiie, qui sous plus iriiti mppoit préseute
des points tie rapprochement avec celle classe des invertéliix^s.
r.llAPITUE VI. ÎS!)
trouvai les agents de M. Bardjilli, consul de l'oscane, qui
possédait alors le monopole d'exploiter les deux saiidjaks
de Konia et de Kontaya en payant au gouvernement turc
800,000 piastres (environ 200,000 francs) par au. D'après
les renseignements qui m'ont été fournis par ces agents,
la plupart italiens, les frais de la main-d'oeuvre, de l'entretien
des onvroirs, du transport des sangsues, etc.,
feraient revenir l'ok à 230 piastres (environ 03 francs).
La province de Konia seule fournissait chaque été de 8 à
10,000 oks (12 à 13,000 kilogr.), représentant, par conséquent,
une dépense hien supérieure au prix du droit de
concession; mais cette différence se trouvait couverte si
avantageusement par la veute des sangsues en Europe,
qu'il en résultait en moyenne pour le concessionnaire un
bénéfice de 50 pour 100. L'expédition se faisait par Erégli
(eu Cappadoce), et de là par Sniyrne où elles étaient embarquées
pour Trieste et .Marseille. Le transport par terre
d'Aksaraï à Smyrue, qui demande presque un mois, puisqu'il
s'agit de parcourir au pas environ 640 kilomètres,
s'elTectue dans des caisses où l'on place un certain nombre
de sacs remplis de sangsues et dout les planches sont percées
de trous arrondis alin de laisser pénétrer dans ces
sacs l'eau dont on asperge les caisses aussi souvent qu'il
le faut pour conserver les toiles dans un état d'humidité
constante.
Ou lient aisément se figurer les inépuisables richesses
renfermées dans les vastes nuirais de l'Anatolie, quand
on considère que la seule province de Konia fournit à des
étrangers isolés jusqu'à 13,000 kilogrammes de sangsues;
le produit de toulc l'Asie Mineure monterait à un chiffre
prodigieux si l'exploitation était faite sous uii régime sem