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perte de temps très-considérable pour les Tatars c'est
I uiipossibilité où ils sont d'obtenir toujonrs des esco.tes
de cavaliers; et comme, mallieureusemenl, l'état très-peu
sùr du pays ne permet pas aux courriers de se passer
Jans plusieurs régions, de la protection d'hommes ai'n.és'
les aniorités locales ont souvent de la peine à en trouver
parnu les cavaliers, et ne fournissent que des fantassins
irrégiilicrs (srimen), ce qui nalurellement convertit
le galop de la poste en une modeste allure de roulier.
Aussi, bien que voyageant avec mes propres chevaux et
n allant conséquemment qu'au pas, m'est-il arrivé plus
(1 u n e fois de rejoindre un de ces messagers à ailes ro-nées
et de continuer très-philosophiquement notre route ensemble,
accompagnés chacun de notre escorte de fantassins,
daus le bagage desquels figiu-aient toujours, à côté de
longs poignards et de fusils, la pipe et le sac à tabac, seuls
ustensdes qu'on soit certain de ne voir jamais abandonnes
ni laissés sans emploi.
Cet inconvénient lient en grande partie au développement
peu considérable de la race chevaline en Asie
Mineure, et c'est aussi le motif qui ne permet point d'y
multiplier les relais de poste et d'accroître la rapidité do li,
course. Aussi, toutes les fois que le gouvernement est dans
le cas de faire une réquisition d'hommes pour être employés
parmi les troupes irrégulières, il trouve Irès-dillicilement
des cavaliers dans cette partie de la péninsule,
tandis que dans les contrées limitrophes, où l'élément arabe
prédomine, comme dans le Kurdistan, dans la Syrie, dans
la .-tlésopotamie, etc., cette dilliculté n'existe point, car là
le cheval est pour ainsi dire le coni])lémeiit nécessaire de
l'homme, en sorte que si l'on parvient à s'assurer d'uii
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individu quelconque, on est presque toujours certain de
l'avoir à cheval et non à pied, ce qui, il est vrai, offre
l'inconvénient de lui fournir les moyens d'échapper plus •
aisément à la poursuite des enrôleurs.
Ces goûts peu hippiques, si j'ose m'exprimer ainsi, des
populations de l'.Asie IMineure proprement dite, paraissent
être en partie la suite de l'établissement dans cette contrée
lies tribus de race turque à moeurs éminemment pastorales.
Dans tous les cas, la pénurie des clievaux et le rôle peu
important qu'y joue cet animal dans l'économie domestique,
contrastent singulièrement avec le tableau que présentait
l'Anatolie dans les siècles antérieurs à la domination
ottomane, comme le prouvent de nombreux témoignages
hisloriques. Le sujet est trop intéressant pour que je ne
m'y arrête pas (pielques instants.
Déjà sept siècles avant l'ère chrétienne le prophète
Ezéchiel nous apprend que les Tyriens recevaient leurs
chevaux de l'Arménie, et il ne serait pas impossible que
les coursiers des Clialdéens dont parle le prophète Jérémie*
(également environ sept siècles avant notre ère), en
vantant leur vélocité, n'eussent une semblable origine.
Dans tous les cas, il est suprenant de voir cette partie
de l'Asie .Mineure fournir des chevaux aux peuples de
la Syrie, parmi lesquels il en existe un, les Hébreux, qui
paraît avoir le plus anciennement fait usage des chevaux,
puisque déjà Isaïe- (800 ans avant l'ère chrétienne) parle
\\
1. IV, 13.
2. Voy. roxcellfut ou^vrape de M. Rosenirmller sur l'histoire naturelle de la
nible (v. I. p. 3fi). Ce ?avant. pense que l'Égypte est le pays o-iiTusaye du cheval
ronidute ;i l;i date la pltis ancienne, et que c'est d'Égypte et surtout de Perse que
lus Hébreux et les Arabes tirèrent jadis lenrs chevaux, ainsi que l'annonceraient
li's termes Sus et Farach ]iar lesquels oes deux peuples dtisitrnaient le cheval, m
«