ZOOLOGIE.
Tehaïularlyk (au Nord do Sniynie) où aujourd'hui encore
les huîtres sont assez abondantes; en revanche, elles sont
rares dans le golfe de Smyrne.
Dans le grand embranchement des Articulés, nous n'aurons
qu'à signaler le ver À soie, la sauterelle, la cochenille
du chêne vert et la sangsue.
i. VER A SOIE. Dans la partie botanique de noire ouvrage
nous indiquerons Textension que présente ou pourrait
présenter en Asie Mineure la culture du marier, ce qui
donnera tout à la fois une idée de l'élat où se Irouve en ce
pays Télève du ver à soie et du développement dont elle y
serait susceptible. Pour le moment, il nous suffira d'observer
que c'est la partie occidentale de l'Asie JMinein-e et surtout
la Bithynie et la IMysie qui se distinguenl le plus par
l'élève du ver à soie et nommément de l'espèce Bombyx
mûri. Parmi les localités de ces régions particulièrement
remarquables par la sériciculture, la ville de Brousse occupe
la première place % sans que l'on puisse prouver par
des témoignages historiques que l'antique Prusia ait jamais
servi de pépinière au ver à soie, importé à Constantinople
sous le règne de l'empereur Justinien, c'est-à-dire au
v r siècle de notre ère, comme le constatent les Byzantins
de cette é])oque, et nommément Procope^ et Glycas^.
1. Tout ce que nous dirons sur l'inctuslric de Brousse s.', mpimjte à une époque
antérieuvc aux ravages quo celte ville a (ipronvôs p;ir l^s derniers tremblements
de terre.
2. Dehd. Goi/i., ed. Bon., L. il, p. 545.
3. Annal., pars iv, ed. Bon., p 501. Glycas dit que ce furent los Indiens qui,
sous le règne de Justinien, iinportèrent à Const;iiitiiiople des oeufs du ver à soie,
tandis que Procopc réclame ce mérite en faveur de moines venus de l'Inde. Ni l'uii
ni l'autre de ces deux annalistes ne nous apprend si l'élève du mûrier inl introduite
à celte occasion, soit dans la Thrace, soil sur le côte opposé de la Bitliynie; cependant
il parait résulter de la relation de Procopc, (|ue ce fuient ces mêmes
moines qui firent appréciec pour la première fois à CnnsUinlinopIc rimpnrt,ance de
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Brousse était déjà célèbre au moyen âge pour la sériciculture
et pour la fabrication des étoffes en soie. Ainsi
Pierre Belon nous apprend que de son temps cette ville
était plus riche et plus peuplée que Constantinople, non-seulement
à cause de l'élève du ver à soie, mais aussi à cause
des énormes bénéfices qu'elle réalisait sur la fabrication
de la soie brute tirée chaque année de la Syrie et d'autres
la feuille du mûrier comme condition indispensable de l'élève du précieux bombycite.
Cinq siècles après l'introduction de ce dernier à Constantinople, la fabrication
d'étoffes en soin était en Perse dans un éliti très-ûorissant, ainsi que nous
l'apprend Isztachri (Voy. l excellente Traduction de M. Mordtman), qui signale
surtout (p. 59), les villes de Honnus (Benrter-.\bassi), de Mern (dans le Khoracau)
et de Nizapur d'où l'on exportail beaucoup de soie et de vers à soie (p. 117
et 121), ainsi que la province de Teberislan (Mazanderan), dont Iszfacliri dit
(p. 100} qu'aucun autre pays de l'Islam ne produit autant de soie que cette région.
Toutefois, cet état floiissant de la sériciculture en Perse ne doit pas y remonter
à une époque beaucoup plus reculée que l'ère clirétienue, car autrement,
on aurait de la peine à s'expliquer la rareté extrême dont les étoffes en soie étaient
dans l'empire romain, même postcrioui'ement à notre ère, bieu que les relations
très-régulières avec la Pei se eussent pu en rendre l'acquisition assez facile en
Italie si ces produits avaient été fabriqués en Perse sur uue aussi gi-ande échelle
qu'à l'époque d'Isztachri. Or, du temps de Tibère, les étoffes eu soie étaient tellement
dispendieuses, qu'un décret de cet empereur en défendit l'usage aux hommes, et
Marc-Aurèle les interdit même à l'impératrice en disant que c'était un péché de
iwrtcr uue étoffe achetée au poids de l'or. (Pouehet, Hisl. des sciences nat. an
moyen âge, p. 185. ) Il esl donc possible que l'éuorme développement que la séricicidlure
avait acquis en Perse au x« siècle n'ait pris cet essor que peu de temps
avant l'introduction du ver à soie à Constantinople. Ce fut de celle capitale que
l'élève du bombycite se répandit d'abord en Grèce, puis on Sicile et en Calabre,
et ensuite en France, où, à l'époque de la conquête de Naples p:ir Charles VIII
(en l.'.9-i), le ver à soie fui importé de celte ville. On sait au reste que ce n'est que
de l'année 1399, où Olivier de Serres publia son ouvrage sur la sériciculture, (¡ue
date l'époque du véritable développement de cette dernièie en Fnince. C'est à
llem-i IV. Mécène éclairé de Serres, que revient en grande partie le mérite d'avoir
créé dans son pays celte impoitante branche de l'industrie nationale qui n'eut
besoin que de trois siècles environ pour s'élever au degré de splendeur qu'elle y
atteint de nos jours. Selon M. Guérin-Méneville (Cofîipf(?s rendus du 21 mars
1853, p. bâS), la quantité de cocons produits anuacllement en France se monte
à plus de 13 millions de kilogrammes, ce qui donne un million de kilogrammes
de soie, le coût du kilogramme évalué à 50-70 fr. En 1853, l'exportitlion des
lissus de soie s'est élevée en France une somme de 37G millions de francs, et si
l'on y ajoute la consomranlion intérieure, la valeur totale de la production .ipprocberad'nu
demi-milliard de francs. i „