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sement de leur |xi[)ul:ilion, el qu'ainsi la disparition de
l'homme, dont la présence est incompatible avec celle des
bêtes fauves, loin d'avoir ramené ces dernières vers les
terrains qu'il semblait leur ahandoinier, parait au contraire
les avoir déterminées à imiter la retraile de leur ennemi , et
à refuser son héritage. Parmi les motifs les moins plausibles
qu'on pourrait alléguer pour expl iquer ce phénomène,
figurerait sans doute l'influence d'un prétendu abaissement
de température; or, sans parler du peu de fondement
que présenterait une semblable hypothèse, il sullit de citer
quelques exemples pour prouver que le lion s'accommode
facilement d'une température bien inférieure à cello que
possèdent aujourd'hui les contrées qu'il a successivement
abandonnées.
Jl. Aucher-Éloy» a vu dans la région des neiges éternelles
du mont Zerdakou-, des traces fréquentes de lions
et ses guides , qu'il avait laissés plus bas, à environ
1741 mètres de hauteur, furent terrillés par l'apparition
de plusieurs de ces animaux; or, l'altitude du Zerdakou
est évaluée par notre voyageur à 5508 mètres ' ; le lion
atteint donc dans cette partie de la Perse une altitude
de 333 mètres seulement inférieure à celle du mont Argée,
la montagne la plus haute de l'Asie Mineure, et dépasse par
conséquent les sommets du Nethau, pic le plus élevé des
Pyrénées, ainsi que ceux de l'Etna et du col du Géanl. De
même, lorsque Hulaghu, fondateur de la dynastie mongole
en Perse, organisa le 10 janvier aimée 1256) une
grande chasse sur le plateau glacial qui s'élève entre l'Oxus
1. helat. d'un voyage en Asie, li® p a r t i e , p. 632.
S. En Perse, entre Ispahan etChrister. h peu pr^s sms fie laMIntie hopf^ale.
3. flelni. fi'im royafje en Asie , part, i", p. 27H,
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et la ville de Balk, il n' y tna pas moins de dix lions; or,
la température y était tellement basse que bientôt après
un tourbillon de neige, accompagné d'un froid intense,
ravagea pendant sept jours un territoire qui avait offert au
prince mongol un si riche buliu'.
La curieuse lettre adressée à M. de Humboldt « par
M. Gérard, le célèbre chasseur de lions eu Algérie, nous
fournit une nouvelle preuve de la basse température que
ces animaux peuvent supporter sans inconvénient. M. Gér
a r d y dit que les montagnes Aurès, qui sont les plus
élevées de l'Algérie, se trouvent constamment habitées par
quelques lions, de manière que, bien qu'ils descendent
u n peu en hiver, leur station hivernale est encore assez
élevée et couverte de neige pendant plusieurs mois; le
minimum du froid y at teint—10° cent.; aussi, lorsque
les lions quittent les grandes hauteurs, c'est moins à cause
•lu froid qu'à cause des neiges qui paralysent leurs mouvements.
Eu somme, selon 11. Gérard, le lion supporte
bien mieux l'excès dn froid que celui de la chaleur, et il
pourrait habiter des endroits beaucoup plus froids que
l ' A l g é r i e , pourvu qu'il y trouve suirisamment des troupeaux
et (les forêts.
Cette dernière observation d'un juge si compétent en
pareille matière, est parfaitement applicable à l'Asie Jlinenre,
et elle expliquerait mieux que toute autre hypothèse
la disparition du lion dans les contrées ci-dessus mentionnées.
En effet, si le déboisement successif de l'Asie
1. Hammer, Gesch. des lltihane, v. I, p. 90.
2, Zeitschrif! ¡'ur altfiem. Erdk, B. III, p. 4-2. M. de Humboldt iKleinere Sctiriftm,
B. I, p. 65) a observé lui-même sur la montagne de Pichiocha, à une hauteur
de plus de 'i346 mètres, nue espèce de liou encore non décrite et différente
(hi (dis iinirolor ainsi fine du caguar ifelis conrolnr).