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il s'agil, se trouve constató plus de cin([ siècles après notre
è r e : Procopo ' signale la même impression ressentie par
la cavalerie romaine à la vue des chameaux (pii figuraient
dans l'armée des llaures. Glycas, qui vivait au xu" siècle,
r e p r o d u i t dans ses Annales les récits d'Hérodote et de
Xéuophon sur le combat de Sardes, et il est à croire que
s'il y avait eu désaccord llagrant entre ce fait et les habitudes
et les nioeurs de ces animaux à l'époque où écrivait
l'annaliste byzantin, il n'aurait pas manqué d'en faire la
r e m a r q u e . Or, tous ceux qui ont voyagé en Asie Mineure
savent parfaitement que le chameau et le cheval y sont
tellement habitués à se voir et à se trouver ensemble, que
l'un ne ju-oduit sur l'autre aucune impression de répug
n a n c e , pas plus (|ue la vue d'un chien ou d'une chèvre.
Non - seulement les deux espèces y paissent dans les
mêmes pâturages; mais encore ai-je eu maintes occasions
d e voir mes [¡ropres chevaux attachés pêle-mêl e au milieu
d ' u n e caravane do chameaux, et pendant toute une nuit
demeurer côte à cote avec leurs hideux confrères, plus
tranquilles qu'ils ne se seraient tenus s'ils avaient été aussi
rapprochés entre eux. Ceci est trop en contradiction avec
l ' a n t i p a t h i e que ces (juadrupèdes manifestaient jadis l'un
contre l'autre, pour qu'on ne doive pas en conclure
q u ' e n Asie ^liiieure le chameau n'est devenu un animal
t r è s - r é p a n d u qu'à une époque conq)arativeiiient récente et
peut-être postérieui'e au xtt" siècle ; et il est probable <|ue
l'immigration de la race turque a puissamment contribué à
l'y familiariser à un tel ¡¡oint avec les autres animaux domestiques
qu'il a fini |)ar se (ilacer sur la même ligne.
De bel fandal., T.. i, 8, fl t., ii, 11,
C l I A l ' t ï K H V. 7i3<t
En défiiùtive, ce que nous avons dit sur l'histoire du
cheval en Asie ¡Mineure, explique l'extension tardive du
chameau dans cette péninsule. Dans l'antiquité, et même
au commencement du moyen âge, le cheval joua un rôle
considérable chez les habitants de cette contrée; mais à
mesure qu'elle subit les effets destructeurs de l'administi
ation des empereurs de Rome et de Byzance, l'élève de
cet animal perdit de son importance, et l'immigration des
tribus turques, en apportant avec elle les éléments d'un
peuple pasteur, aura fini par substituer la race ovine
(dilTéreute de celle qui y existait) et le chameau à la race
chevaline, ou du moins par assigner à cette dernière tnie
place secondaire. C'est ce que nous voyons aujourd'hui.
D'ailleurs, ce qui démontre que dans l'antiquité le chameau
ne joua jamais en Asie Mineure un rôle important,
c'est que tandis que, chez plusieurs peuples de l'Orient,
cet animal avait une destination militaire^, rien ne prouve
que les Anatoliens l'aient employé à cet usage^, et si nous
voyons les Romains se servir quelquefois de lui, c'était
pour l'opposer à ceux qui se trouvaient dans l'armée des
princes orientaux contre lesquels ils avaient à soutenir
une lutte dont l'Asie Mineure était presque toujours le
théâtre. En elfet, il semble que ce soit une des destina-
1. Voy. t'iiitéressaiit et s.ivant travail de St. .lomard, intitulé le Régtmeul des
dromadaires à l'artiie'e d'Orieiil.
2. M. Dui'oau de La Malte {Patéorcèt. des ancien'', Ji. 207) fait une obsei'vatioij
semblable à l'égard de l'Ktiypte, où l'usage du cliaiueau à la guerre n'aura probablement
été introduit iiu';\ une époque cemparativenicnt récente, et dans tous les
cas postérieure à celle oil le cheval y remplissait déjà nu rôle très-important;
l'ingénieuse observation de l'illnstre savant est l'ondée sur l'absence complète de
la ligure dn chameau dans les nombreux bas-rcliels de ïhèbes représentant
l'armée égj'ptiennc, tandis (lue le cheval y est reproduit constamment , soit comme
animal de guerre, soit comme hôte de somme, et que l'ine y apparaît egalemenl
en cette dernière qualilé.