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tl'ée. Nuns uous bomorous seulement à iairo observer que,
d'après quelques voyageurs sérieux qui out visité Tagaurog,
et parmi lesquels uous citerons le docteur E. D. Clarke, il
paraîtrait que le vent d'est y joue un rôle très-importaul.
Le savant anglais nous assm'e ^ que dans la mer d'Azof le
veut du Nord est fort rare et le vent du Sud presque inconnu,
mais qu'en revanche le vent d'Est y domine, et que sa violence
est quelquefois telle, qu'il refoule les eaux, et met
momentanément à sec le fond de la mer, en sorte que les
habitants de Tagaurog |ieuvent la traverser à i)ied en parcourant
une distance de près de 4 milles anglais, ce qui,
observe-t-il, est toujours un acte de témérité très-dangereux
que l'on est exposé à payer de sa vie, vu la rapidité avec laquelle
les eaux reviennent combler le vide. Bien que
M. Clarke dise positivement avoir été témoin oculaire de
ce phénomène, uous ne saurions trop appuyer sur la nécessité
de lui en laisser pour le moment toute la responsabilité.
Un fait généralement connu de tous ceux qui naviguent
dans la mer d'Azof, et que j'ai été à même de constater
plus d'une fois sur les lieux, est sou peu de profondeur :
c'est un obstacle sérieux pour le commerce, car les bûtimeuts
d'un tirant d'eau quelque peu considérable sont presque
toujours obligés de s'arrêter à une grande distance de
Taganrog. Il est probable que les dépôts causés par l'action
du Volga contribuent à exhausser le fond de la mer d'Azof,
et pourraient bien finir un jour par la combler on grande
partie. Cet exhaussement progressif avait déjà fixé l'attention
des anciens, ainsi que le prouvent des passages Irèscurieux
d'Aristote ^ et de Polybe qui tous deux observent
1. TraueiSj part, i, chap. siv.
i . Meteor., lib. i, 14. — 3. I.il). IV.
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(|ue le Tanaïs donne lieu à des dépôts tellement puissants
dans le Palus-Moeotis, que le fond de cotte mer s'exhausse
avec une rapidité très-appréciable, et qu'en conséquence
les vaisseaux qui la fréquentaient à leur époque
n'avaient plus les dimensions des navires qui y naviguaient
dans des temps plus reculés.
Les phénomènes de congélation, qui sont si fréquents
dans la mer d'Azof, le sont beaucoup moins le long des
côtes de la Crimée. Je tiens de mon savant ami M. Kupfer
que, pendant trente ans que BL Steven a habité la Crimée,
il n'y a vu qu'une seule fois, au mois de janvier 1813, et
nommément dans les parages de Nikita, la mer Noire se
couvrir çà et là de lambeaux de glace qui ne formaient qu'un
réseau peu étendu. C'était un phénomène exceptionnel
qui ne s'est plus reproduit même dans les hivers les plus
rigoureux, où la glace ue se montra qu'en dalles ou lames
éparses, recouvrant les pierres accumulées près de la côte.
Si nous nous avançons à l'ouest de la Crimée, nous
voyons les phénomènes de congélation plus fréquents et
plus étendus dans le golfe d'Odessa; cependant ils ue paraissent
pas y atteindre le même développement et la même
fréquence que dans la mer d'Azof. En effet, il n'est pas
rare de voir plusieurs années de suite la rade d'Odessa plus
ou moins complètement prise, mais la nappe de glace ne
s'étend jariiais au point de ne pas permettre aux habitants
d'apercevoir la mer dans le lointain ; de plus, cette nappe
ne paraît pas avoir assez de consistance pour supporter le
poids des chevaux ou des animaux. Au reste, je ne crois
pas que des mesures exactes aient été recueillies pour
préciser l'épaisseur moyenne de la glace dans la rade
d'Odessa.