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les sauterelles qui de sou temps ravageaieut si cruelleineut
l ' É g y p t e , y a r r i v è r e n t poussées par un vent d'Est, ce qui
pourrait faire supposer qu'elles venaient de l'Arabie. Plus
explicite encore, VExode^ dit positivement que c'est l'Arabie
qui vomit les sauterelles sur l'Egypte.
Plus les contrées de l'Orient comprises outre l'Arabie
et l'Archipel grec sont exposées aux ravages de ces orthoplères,
plus on est surpris de voir les anciens agronomes
grecs et romains n'en parler qu'incidemment, bien
que déjà le terrible lléau ait été décrit d'une manière trèspittoresque
par le prophète Joël 2, qui dit ou termes fort
clairs que lorsque ces insectes périssent dans la mer, leurs
cadavres échoués sur la côte engendrent la peste. Ainsi
Palladius» ne mentionne les locusioe que pour rapporter
diverses 0|)ini0ns plus ou moins absurdes sur la manière
de conjurer le mal, comme par exemple de se tenir
caché dans sa demeure lorsqu'un essaim de ces insectes
se montre à l'horizon, ou bien do brûler quelques individus
au milieu de leurs congénères. Nulle part, dans les
écrits de Caton, de Varron, de Columelle ou de Palladius,
on ne voit une plainte quelconque jiroféréc contre
ces déprédateurs. Il en est de même des agronomes grecs.
Démocrito \ à la vérité, commence son traité sur les sauterelles
(nspi a'xpiiojv) par la déclaration que ses devanciers
ont beaucoup écrit sur les mesures à employer pour
réprimer le développement de ces insectes; mais celles
qu'il rapporte sont tellement puériles, qu'elles feraieni
1. XVI, H.
2. 11,3,10.
3. De re rusi., L. i, p. 3.j.
A. Geop-, L. xiii, p. 1.
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C I l A P I T l U i VI. 781
supposer que si les anciens n'avaient pas trouvé d'autres
moyens de combattre le fléau, c'est qu'à ces époques
reculées il ne présentait ni l'intensité ni la fréquence qu'il
possède de nos jours*. Quant aux Byzantins, Zosime'^ est
peut-être le seul qui mentionne les ravages causés par
les sauterelles sur le littoral de la Cilicie : il dit que dans
la ville de Selevkia (Selevké d'aujourd'hui) il existait un
temple d'Apollon nommé Sarpedonium, dans lequel on
élevait des Seleuciades, oiseaux dont on se servait pour
détruire les sauterelles, car un instinct naturel les poussait
à poursuivre ces dernières et à on abattre à coups de bec
d'innombrables quantités.
Il serait à désirer qu'un entomologiste de profession
étudiât spécialement le genre gnjUus et résolût la question
de savoir si l'espèce connue par ses ravages est identique
avec celle qui dans les temps les plus reculés servait d'aliment
à l'homme, laquelle encore aujourd'hui est appliquée
à cet usage dans beaucoup de contrées de l'Orient plus
ou moins limitrophes de l'Asie Mineure où cotte pratique
est inconnue. Déjà Moïse' en confirme l'existence, car
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1. 11 est curieux d'observer que si les sauterelles semliîent avoir été beaucoup
inoins fréquentes en Europe du temps des anciens que de nos jours, d'un autre
cf>lé il paralti-ait, d'après les découvertes paléontologiques les plus récentes, que
parmi tous les représentants des autmaxLx articulés que renferment les différents
terrains de l'Europe, le gryllus migratorius manque complètement : dans tous
les cas, ce fait a été constaté pour l'Angloterre, où les dépôts oolitiques de Purbeck
ont fourni une immense quantité d'impressions delytres et d'autres organes d'insectes
dont M. Weslerwood [Quarlerly Journ. of the geol soc., v. X, p, 378 ), a
publié une longue liste accompagnée de figures; or, cette liste ne renferme point
la moindre trace de siiutei'elle, bien qu'on y voie plusieurs élytres appartenant
évidemment l'ordre des orthopti'ros et même au genre gryllus. Ainsi, tant
hisioriquement que géologiqiienient, partout la sauterelle n'aura fait son apparition
en Europe que fort tard.
2. Uisl., L. I, !i7.
3. lll,Xi,2i.
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