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Z O O L O G I E .
présumer qu'elle parlagea la décadence vers laquelle la péninsule
se irouvail de plus en plus enlraiuée, d'un côté
par les intolérables exactions qui l'accablèrent, tant sous
la république et l'Empire que sous le régime de la coui'
byzantine, et d'iui autre côté par les nombreuses et dévastatrices
expéditions dirigées contre les Persans et les Arabes,
et qui à chaque fois traversaient l'Anatolie dans toute sa
longueur. Au vi" siècle, l'organisation des lignes postales
en Asie ¡Mineure existait encore sous l'empereur Justinien,
comme l'atteste Jean le Lydien ' : cet auteur ajoute
l'observation inq^ortante que l'inslitution remontait à une
antiquité reculée, ce qui semblerait prouver qu'elle n'était
que la continuation (peut-être plus ou moins modifiée
ou temporairement suspendue) de l'oeuvre de Cyrus,
oeuYre qui aurait survécu à plus de mille siècles de bouleversements
dont cette contrée fut le théâtre. D'après le
même historien, l'organisation postale en Asie Mineure
fut anéantie par l'infâme Jean de Cappadoce, qui craignait
qu'à l'aide de ces rapides voies de communications
les habitants de la contrée livrés à toute sa rapacité
ne fissent parvenir leurs gémissements jusqu'aux oreilles
de l'empereur. Le Byzantin Glycas^ nous apprend que
sous les successeurs de Justinien il existait une ligne de
signaux de feux échelonnés depuis Constantinople jusqu'à
Tarsus; cette espèce de ligne télégraphique avait particulièrement
pour but d'avertir le gouvernement des mouvements
des Arabes, dont les invasions se faisaient avec
tant de rapidité et d'une manière si inattendue, que le pays
se trouvait constamment pris à l'improviste. »lais celte im-
1. Joliannes I.ydus, de Magistr., L. m, éd. !ton., p. 2i!).
2. Annal., pars iv, p. 543, éd. Bon.
C H . t l ' l ï H E 11. Kl
portante branche de service public fut également sacrifiée
aux ca|)rices despotiques d'un seul individu ; car, selon
Glycas, les signaux furent détruits par ordre de l'empereur
Michel, dont ils troublaient souvent les plaisirs en répandant
de sinistres nouvelles au moment où Sa Majesté
courait l'Hippodrome entourée d'histrions et de cochers.
On sait combien ce ¡irince affectionnait de tels hommes, et
que l'un d'eux, nommé Basiliscus, fut élevé à la dignité de
patriarche. Vraisemblablement l'abolition des lignes postales
en Asie Mineure, par l'infâme favori de Justinien,
ne fut qu'une mesure temporaire, peut-être partielle, et
cette antique institution ne tarda pas à être rétablie. Dans
tous les cas, il est certain qu'à la lin du xiu" siècle Ghassan»,
le plus remarquable parmi les Ilkhans mongols de la Perse,
soumit à une réforme générale l'organisation postale de ses
vastes Etats ; or, bien que l'Asie Mineure fût à cette époque
sous la domination directe des Seldjuks, les sultans d'Iconium
étaient non-seulement tributaires des Jlkhans, mais
encore ils reconnaissaient leur souveraineté, en sorte que
les institutions postales établies par Ghassan dans ses États^
comme mesure générale, ont sans doute été appliquées
à l'Anatolie tout entière.
1 Hammer, GtscJii/iie lier ¡¡khans, v, II, p. 168. Ce cilèlire historien de l'empire
olloman dont le grand onvr.ige condamnera longtemps encore ses successeurs
à le copier s'ils le connaissent, ou à rester tout à fait superSciels s'ils ne
le connaissent point, a prouvé dans son histoire des l î ihans que toute la légishitiou
ottomane, et nommément le fameux Code de Suleiman, surnommé Is IJgisla/
eur, ne sont que des imitations et souvent des reproductions littérales des
actes administratifs et militaires de Ghassan.
2. Ce qui prouve la grande extension que durent avoir les institutions postales
lies Mongols, c'est que le mot yam, par lequel, selon Hammer, les Mongols désignaient
les relais de poste, est encore en vignenr dans tonte la Russie, où
mémo les postillons s'appellent yamischik, m cochers àesycims (relai deposte).
Ces expressions sont au nombre de celles qui ont été intrortultis dans la langue
russe jiar la domination mongole.
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