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d'une race plus noble si elle y avail jamais réellenieiil
existé
Parmi tous les écrivains postérieurs à l'ère ehréliennc,
aucun ne renferme plus de renseigneinenls sur l'histoire
naturelle de l'Asie Jlineure que Strabon, qui d'ailleurs
était ué dans une ville (Amasia) très-rapprocliée du domaine
actuel de la chèvre d'Angora, en sorte qu'il n'ciàt
point manqué de la voir, même sans s'éloigner beaucoup
de ses foyers paternels, jiuisque, comme nous l'avons
observé, ce noble animal envoie ses représentants jusque
dans la région limitrophe de Samsun. Or, le silence de
Strabon à cet égard est très-significatif; il signale en plusieurs
endroits de l'Asie Mineure les difl'érentes races de
moutons à laine fine, mais nulle part il ne parle de
chèvTes qui, à cause de la qualité de leur laine, lui parussent
dignes d'une mention quelconque. Il en est de
même des auteurs romains qui fleurirent après Strabon
jusqu'à la chute de l'empire d'Occident : aucini d'eux no
nous fournit la moindre allusion à une race de chèvres
que l'on puisse identifier avec celle d'Angora.
Depuis l'époque où Rome devint la ]iroie des peuples
barbares, nous ne pouvons nous attendre à trouver des
1. Je n'en ai point trouvé non pins sur les vastes iilateauxde la Syrie septentrionale,
où, entre Antioche, Hanisa et Alep, on voit d'innombrables troupeaux de
chèvres. Elles sont toutes de race commune, et ne se distinguent entre elles que
parun poil plus ou moins dur et épais, qui le rend plus ou moins propre i la
confection de cordes, sacs, manteaux, etc.. exactement comme du temps de Columelle,
^lien et Virgile. I.a laine des chèvres d'Antioche (Antalii) possède ces
qualités au plus haut degré, et les manteaux (obà] qu'on en fabrique jouissent
d'une certaine célébiité sur les marchés de plusifuis villes de l'Asie Mineure.
Pendant longtemps j e m'en suis servi dans mes pérégrinations, et je les ai trouvés
presque aussi impei'méables à la pluie que les fameuses étoffes de iMiickiutosli,
(jui m'ont toujours paru plus pratiques pour l'Europe que pour l'Orient, à cause
de la difficulté de les réparer et des tiotnbreuses ilétériorations que leur fout
subir les variations extrêmes de température.
C t l A P i T I l E tv.
renseignements sur l'Asie Mineure que dans les auteurs
byzantins. ¡Malheureusement les longues recherches auxquelles
nous nous sommes livré ne nous ont conduit à
aucun résultat satisfaisant. Un seul d'entre eux, Zosime,
nous a fourni un passage« où l'on pourrait peut-être inférer
qu'à son époque la chèvre d'Angora n'était pas
inconnue, si ce texte était de nature à s'appuyer sur des
arguments solides et des faits, et non sur une hypothèse
un peu arbitraire. Dans la liste curieuse que l'historien
donne des objets précieux qu'Alaric exigea de l'empereur
Honorius comme rançon de Rome, figurent, à côté de
3000 livres d'or et 3000 livres d'argent, trois mille peaux
leinles en rouge, KponoêKç-îi Tpi; x^ia ÌEp|j.aTa. D'abord il
est assez diflicile de déterminer le sens précis du mot
car il poiu-rait signifier non-seulement des toisons,
mais aussi des cuirs rouges ou maroquins ; cependant
le savant interprète de Zosime à qui est due l'édition
de Bonn, traduit ce terme par veliera coceinea. Mais,
même en admettant (comme cela est probable) qu'il s'agit
ici de toisons, et non de cuirs tannés, il nous restera
toujours à déterminer l'espèce de l'animal qui les avait
fournies, eu sorte que dans tous les cas nous aurons à
choisir entre la chèvre et le mouton. Il est vrai que des
toisons de mouton ne pourraient guère avoir été estimées
au point de figurer à côté des métaux précieux, des
soieries et autres objets de valeur convoités par le cupide
prince des Goths, tandis que les magnifiques toisons d'Angora
teintes en rouge sont encore aujourd'hui un article
assez coûteux, même eu Asie Mineure, et se paient sur
1. Zosimi //fsf.,liv. v, 41.
+r.
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