C L I M A T O L O G I E .
Jîeux rois en automne j'ai ijarcouru loiile la ligne côlière
de la Cdicie, de la Painphyhe et de la Lycie, et deux
lois j'eus l'occasion d'observer et de constater la vérité
de ce que l'on m'avait dit touchant les phénomènes elimatologiques
qui caractérisent celte époque de l'année
Lorsque, le 29 octobre 1847, je quittais Sélévké (Cilicie
champêtre) pour continuer à longer le littoral de la Cilicie
ou m'ave.'tit que j'allais tomber en plein dans les orages
de Kassin,. En ell'el, le 2 novembre, nous trouvant près du
cap Sarpedon, nous fûmes assaillis par un terrible ouras,^m
qui dura 9 heures sans interruption; «n vent impétueux
de S.-O. sautait tantôt au Sud, tantôt au S. -S. - E Le lendemain
matin toute la plage se trouva encombrée de bois
échoués que les vagues avaient enlevés aux nombreux
depots (mahazy) échelonnés le long de la côte et destinés
à l'exportation pour Alexandrie. Ce qui caractérisait particul,
èremern cet orage, c'était la nature des éclairs et la
chute d'énormes grêlons : les éclairs étaient tellement fréquents
et surtout tellement développés que, au lieu de tracer
des zigzags sur l'horizon , ils l'enveloppaient de nappes
lumineuses discontinues, et présentaient une véritable conllagration
de la voûte céleste; cependant, comme les coups
de tonnerre n'arrivaient qu'au bout de 10 ou 20 secondes
nous devions être éloignés de 3 à 0000 mètres du poini
ou se faisait l'explosion. La grêle qui tomba, surtout peu- '
dant la nuit et dans la matinée du 3 novembre, bombardait
la baraque qui nous servait de refuge avec la violence
de véritables projectiles de guer r e ; les grêlons avaient quelquefois
la grosseur d'un oeuf de pigeon, et un de mes gens
qui était sorti pour aller visiter les chevaux cachés^ous
la voûte d'un rocher, fut très-maltraité par ces bombes
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glacées, et nous eûmes de la peine à lui faire reprendr e ses
sens. Ceux des grêlons que j'ai examinés présentaient une
l'orme irrégulière et ressemblaient ii autant d'éclats de
glace ; la pkipai't consistaient en un noyau rond 'entouré de
plusieurs couches sphériques d'une glace compacte , |ieu
t r a n s p a r e n t e , emboîtées les unes dans les autres; le tout
enfin se trouvait enveloppé d'une croûte extérieure de glace
plus transparente, mais à surface très-déchiquelée, hérissée
de saillies à forme ailée et dentelée. Pendant la nuit entière
et au pins fort de la grêle le thermomètre ne Ijaissa point
au-dessous de 10". Le 4 novembre les éclairs et le tonnerre
reprirent de nouveau, mais cette fois les méléores lumineux
formaient des zigzags distincts qui quel([uefois se présentaient
simultanément en six sillons séparés; le vent
conliiniait à souffler du S.-S.-O., et la température était
toujours tellement douce que nous pûmes sans le moindre
inconvénient passer la nuit sous des cabanes ouvertes el
simplement garanties contre la pluie par des nattes et des
tapis; le feu devenait presque incommode. Nous avons de
cette manière continué notre marche pendant une semaine
(depuis Sélévké), presque constamment accompagnés par les
orages. Enfin, le 8 novembre. nous trouvant dans les parages
d'Udjary (entre le cap Anemour et le mout Cragus),
un curieux hydroniétéore, qu'au reste nous ne pûmes contempler
qu'à une grande distance, vint mettre un terme à
cette longue crise atmosphérique. A 8 heures et demie du
matin j'aperçus au-dessus de l'extrémité orientale de l'île
de Chypre, que l'on distingue vaguement de cette partie de
la côte, une masse de nuages griâlsres horizontalement
stratifiés; leur couche inférieure figurait un mamelon
d'une teinle foncée, qui peu à peu s'allongea en un tuyau
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