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718 ZOOLOGIE,
et puisque ni ces ileniiers ni les classiques ne la nieiilionnent
nulle part, il nous reste simplement à supposer
que l'introduction de cet animal en Asie Mineure aura dû
avoir lieu à l'époque où cette contrée fut envahie soit par
les Arabes, soit par les Turcs, deux peuples également
adonnés à la vie paslorale, et qui pouvaient avoir importé
de leurs ]Kilries respectives une race de chèvres que le
climat de la région où elle fut placée modifia au point de
créer la race d'Angora actuellement connue.
Examinons maintenanl en faveur duquel de ces deux
peuples milite le plus fortement l'inlroduction de cotte
nouvelle race. Nous avons vu que parmi le très-petit nombre
de pays où les anciens signalent l'existence de chèvres
à laine fine figure l'Arabie*; cependant, outre que cette
indication est extrêmement vague, le séjour des Arabes
en Asie Mineure n'a jamais été que très - temporaire ;
d'ailleurs, ils y apparaissaient de temps à autre, non en
colons, mais seulement eu farouches conquérants, qui se
contentaient de détruii-e et de vaincre, puis se retiraient
après avoir soumis à leur suzeraineté les princes qui y
régnaient. Les Arabes ne formèrent jamais eji Asie Mineure
d'établissements stables, pas plus que les Mongols; la race
turque est la seule, parmi les envahisseurs modernes de
cette contrée, qui y vint chercher une nouvelle patrie et
qui s'y soit maintenue jusqu'à nos jours. Or l'influence de
la race turque se fit sentir en Asie Mineure dès le x r siècle,
pendant lequel les empereurs byzantins s'elforcèrcnt vainement
d'arrêter les envahissements des Seidjnks, qui,
1, D'apTès Chesney (lie Exftd. [or tlx survey of Ihe rivers Kupltrales and
Tigres, y. I, p. 728), il exist« i-nmre en Araliie et en M.isnpotamic line race île
chèvres à iioils lonps.
CILM'lTlUi IV. 7i9
après avoir réduit la puissance de khalifs de Bagdad à un
pur titre nominal , commençaient à se frayer une voie vers
Byzance. Au x' siècle, les ancêtres des Seldjuks étaient
déjà établis dans les parages de Ihikhara^, qu'ils quittèrent
(eu 1034) pour aller rejoindre leur heureux et hardi compatriote
Mahmoud, qui s'était emparé du trône de la Perse
en l'arrachant à la juridiction suprême du khalif. Les Seldjuks
imitèrent l'exemple donné par Mahmoud, et se constituèrent
à leur tour maîtres indépendants d'une partie de
l'Asie, y compris la péninsule anatolique. Cependant cette
contrée ne devint la demeure permanente de la race turque
qn'en 1074, lorsque le sultan seldjuk de la Perse, Melekchah,
l'assigna à son cousin Suleiman à titre de fief hérétlitaire,
que les fils de ce dernier convertirent en un Etat
indépendant dont la ville de Konia fut déclarée (1103)
la capitale. Depuis l'établissement de la dynastie seldjuke
à Konia comme branche indépendante des Seldjuks de la
Perse, la race tin-que se trouva définitivement établie en
Asie Mineure, et elle y fut constamment renforcée par
de nouvelles recrues arrivées de l'Asie centrale. Entre
autres, l'an 1229, on vit apparaître un autre rameau de la
même race appartenant à la tribu des Oghus. Conduite par
Ertogrul, cette horde nomade quitta les vastes plaines do
Koraçan (en Perse) et pénétra successivement dans l'inlérieur
de l'Asie Mineure, où le prince seldjuk Alaeddin
lui assigna, |)Our lieu d'établissement, la région montagneuse
située au Sud d'Angora^.
Ce rapide coup d'oeil sur l'origine des premières tribus
1, Ihimmur, Gcscliichle des Osm. Iteichs, v. I. p. 38.
i . Ibid., p. 41.
:i. (lainitier, I. c., p. i!â.