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L I M A T O L O G I E .
Lorsque nous nous éloignons des i'ronlières Je l'Ariuénie
russe pour pénétrer clans les parties orientales et méridionales
de l'Arménie turque limitrophe du Ivurdestan,
nous voyons s'ouvrir devant nous tout un monde complètement
mystérieux. II s'écoulera sans doute bien du temps
avant que les missionnai res de la science puissent pénétrer,
les instruments de physique à la main, sur ces immenses
plateaux, ces plateaux inhospitaliers où malgré les rigueurs
d ' u n âpre climat les traditions bibliques placent le paradis
t e r r e s t r e
1. La question de savoir quelle est aiijoiu'd'hiii la region qui renfermait l'Edcn
ou le paradis terrestre de Bible, a occupé et partagé beaucoup de savants.
Hardouiu ^ Dissert, de Situ Paradisi terrestris) croit devoir le chercher dans la
Terre Sainte, et il n'admet point que l'arche de Noé se soit arrêtée sur les montagnes
de l'Arménie, car selon lui les monfeu Armmics où la Genèse place cet
événement ne seraient qiie la chaîne orientale de rAiiti-Lihanon située dans ta
partie de la SjTie anciennement nommée/IrmcttiV ou Arantanie, d'après le nom
d'Aram fils de Sem, dont les descendants auraient eu pour première habitation la
contrée comprise entre Jlès et iloat Sephar que la Bible mentionne comme
étant en Palestine. Dureau de La Malle [Palèoiretique des aticiens, uote G, p. 425)
accorde à cette opinion tout le poids de son autorité et observe qae le passage de
la Genèse (viii, 2 ) qui fait rentrer la colombe avec «ne branche d'olivier, et qui
représente Noé occupé à plantL-r la vigne aussitôt après sa sortie de l'arche, démontre
que celle-ci a dû s'arrêter dans ime région où croissent l'olivier et la
vigne, et par conséquent ce n'est point dans les parages de TArai-at, qui excluent
ces deux plantes. Quelque ingénieuse que soit l'observation de mou célèbre et
savant ami, elle ne détruit cependant pas la possibilité de concilier les faits consignés
dans la Bible avec le débarquement de Noé dans les parages de l'Ararat;
car en ne prenant pas littéralement les paroles du livre saint, qui souvent nécessitent
de larges interprétations, on peut aisément admettre que Noé eu sortant de
l'arche pénétra dans la vallée limitrophe de l'Araxe et y cultiva la vigne qui aujourd'hui
y prospère admirablement, et que la colombe qui retourna vers lui
(en supposant que ce fût la même qui eu sortit) avec un nimcau dViiivicr aura
pu le cueillir dans la vallée de Tcbornck où cet arbre prospère effectivenient.
D'ailleurs le colonel Chesney { The Exped. for the survey of the rivers Huphrales
and Tigris, v. I, p. 274), qui a exploré les localités, appuie piécisémeut sur
l'excellent vin que produit la vallée de l'Araxe et qu'il compare au meilleur cm
de la Bourgogne. Le savant topographe anglais rapporte une légende três-répanduo
dans cette partie de l'Arménie d'après laquelle VEden aurait été dans cette vallée;
il trouve l'antique légende parfaitement d'accord avec l'éLudo comparée de la
Bible et des localités, et il place le païadis terrestre dans la portion de l'Arménie
C l l A P l T U E IX. 52 5
Atiii d'embrasser d'un seul coup dVi l les résultais aux-
([uels nous ont conduits nos recherches sur le caractère
climalologique probable de l'Asie Mineure, nous allons
les résumer dans le tableau suivant :
que comprend la région septentrionale du Pachalik de Mossoul en s'étendant au
Nord jusqu'au delà d'Erzeroum, à l'Ouest jusqu'à Tokat, et à l'Est jusqu'aux
parages du lac de Van. Selon lui, le Ualys serait le Phison et l'Araxe le Gihon
de la liible. — Au reste M. Charles Knch (Reiseindem Pont Get«., p. 327, et 372)
propose aux dénominations fort énigmatiques de la Bible une étymologie trèsingénieuse
: il croit rntrouver les noms de Pidwn ou Phison dans celui de Passin
que porte aujourd'hui dans le pays le cours supérieur de l'Araxe : il constate la
légende dont parle Chesney; seulement, d'apiès lui, elle place l ' ide» sur le
vaste plateau dont est couronné le Bingheuldagh, massif qid au itste est limitrophe
de l'Araxe. — En identifiant de cette manière le Phison avec l'Araxe il ne
nous resterait des üeiives mentionnés par la Bible qu'un seul, le Ditchle, dont le
nom domeuiát hypothétique ; mais comme le Phrale de la Bible est évidemment
notre Euphrate dont les sources sont également en Arménie, il est permis d'admettre
que Dilchle est le Tigre. En déffnitive, ou peut ajouter une autre considération
en faveur de l'hypothèse qui placerait l'Eden dans la haute Arménie : c'est
le rôle que les plateaux élevés de l'Asie centrale jouent dans les anciens mythes
religieux des peuples de l'Inde comme le siège de leurs dieux et de leurs paladis.
Ainsi, la fameuse légende du Manthanam {Journal Asiat., t. VI, p. 304)
assigne aux ancêtres des Brahmanes pour séjour primitif le plateau de Merou
dans le voisinage des sources de l'Oxus; or, les recherches des savants modernes
ont de plus en plus démontré la connexion intime qui existe entre les données
de la Bible et les traditious beaucoup plus anciennes dont elle n'est sous plus
d'un rapport qu'un retentissement : il est donc possible que ces antiques légendes
aient été reproduites par la Bible sous d'autres noms, et qu'ainsi elle ait placé le
paradis terrastre sur le plateau de l'Arménie comme celui qui offrait le plus d'analogie
avec les plateaux élevés de l'Asie centrale déjà consacrés par une semblable
tradition.
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