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que le voyageur oltonian attribue à cet auiuial à prospérer
hors de son pays natal, et qui, à sa grande satisfaction,
ne permit point aux mécréants de le naturaliser dans leur
pays, la justesse de ce fait n'a pas encore été ébranlée
jusqu'à ce jour, à moins que le contraire ne parvienne
à être établi à la suite des essais qui s'opèrent actuellement
en France, et qui nécessairement trancheront la
question, vu qu'elle n'a pas encore été portée devant un
tribunal aussi compétent.
Le fait, attesté par tous les auteurs, de l'extrême difficulté
que présente la naturalisation de la chèvre d'Angora,
semble être en contradiction avec l'assertion de Pallas »,
d'après lequel ou l'aurait introduite de son temps en Crimée
et en Esthonie, ou elle se serait conservée dans
toute sa pureté. M. Brandi, qui m'a signalé le passage du
célèbre naturaliste, m'écrit à ce sujet : « Eu comparant
« avec la laine de la chèvre d'Angora celle de la cbèvre
« de Crimée, censée provenir de cette source, j'ai pu me
« convaincre que la laine de la dernière a un poil beau-
« coup plus roide. Il y a déjà plus de vingt années que j'ai
« été dans le cas de décrire plusieurs chèvres soi-disant
« thibétaines qui se trouvent dans l'ile des Paons, près de
« Potsdam, et sont issues de chèvres importées de France 2.
« D'après mou opinion actuelle, je serais disposé à consi-
« dérer ces individus, ainsi que leurs parents français et
« anglais, plutôt comme des chèvres d'Angora modiOées,
« c'est-à-dire munies de poils non frisés ou bouclés. 11 à
« été sans doute plus aisé de transporter dans l'Ouest de
1. Zoogr. I, p, 228.
2. Brandt, Bnrie u,d \Vi«aema„, AbbUdmg und Ikxhrnbuucim merlcuiurdiger
Soevgihiere, I, taf. i.
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« l'Europe des chèvres de la ville d'Angora que du plateau
« du Thibet. D'ailleurs ces doux races présentent entre elles
« la plus grande ressemblance. »
La chèvre d'Angora ne réclame aucun soin particulier.
Lorsque l'hiver est doux, elle reste toute l'année en plein
air; ce n'est qu'à 10 ou lo degrés au-dessous de 0 qu'on la
parque dans de mauvaises étables, où elle ne reçoit pour
toute nourriture que de l'herbe sèche, qui est bien loin
d'avoir subi les procédés de dessiccation qu'on a soin d'observer
dans la préparation de nos fourrages d'hiver. Bien
que ce précieux animal soit rarement sacrifié aux besoins
de la boucherie, j'ai eu l'occasion de m'assurer que sa chair
est plus délicate et plus savoureuse que celle de la chèvre
commune; mais, d'un autre côté, on tire moins de lait de
la chèvre d'Angora que de cette dernière. L'usage de l'eau
stagnante, le séjour dans les étables complètement fermées,
sont, avec le changement de climat, les seules inlluences
qui lui soient réellement pernicieuses. Dans les hivers trèsfroids,
il n'est pas toujours aisé de concilier dans les
étables l'aérage nécessaire à ces chèvres avec les soins exigés
par la rigueur de la température. Il y a là un problème
que les ignorantes populations de l'Asie ¡Mineure n'ont point
encore su résoudre, mais qui n'arrêterait pas longtemps
l'industrie européenne. Les hivers rigoin-eux enlèvent
presque toujours un assez grand nombre de chèvres, qu'on
laisse languir dans des étables dépourvues de toute toiture.
Quand les pertes deviennent considérables, on les répare
en faisant saillir les chèvres d'Angora par des boucs communs,
ce qui donne pour résultat direct des chèvres un peu
abâtardies, mais qui reprennent leur pureté primitive à la
troisième génération.
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