MO CI . IMATOI .OG[F..
«t-il. ignore égaleilieiit les genres de malatlie qui ailleurs
«deviennent si funestes pendant les saisons de l'été et de
«Tautorane». Evidemment ce sont les fièvres intermittentes
ou fièvres de marais que Chalcocandylas veut désigner;
mais il faut se dire aussi qu'il y a exagération
dans ses assertions, puisque la peste faisait des ravages
en Europe bien antérieurement à l'époque où il écrivait
(xv siècle), et que les fièvres intermittentes y étaient également
connues. Cependant ses paroles, réduites à leur
valeur réelle, caractérisent d'une manière significative
le principe d'antagonisme moral et physique qui déjà à
cette époque commençait à se manifester entre VEuropc
chrélieniie et {'Orient musulman (ou en général non chrétien),
et en faisait deux mondes complètement différents
sous tous les rapports; et quoiqu'on ait exagéré I'infiuence
funeste qu'ils ont mutuellement exercée, au point de vue
sanitaire comme sous tant d'autres, il n'en est pas moins
vrai que c'est grâce à toute cessation de l'intervention de
l'homme dans les grands phénomènes de la nature, soit
pour les modifier, soit pour les faire servir à son usage, que
l'Orient est devenu depuis bien longtemps le foyer de graves
affections morbides qui affligent l'humanité, et dont assul'ément
une bonne partie sont venues en Europe par cette
voie. Ce fnt de l'Égypte que des vaisseaux marchands
importèrent à Athènes* la terrible maladie contagieuse qui.
dans la première moitié du v° siècle avant l'ère chrétienne.
1. C'est la même qui a été immorlatisée par la magaiflriue descripUon de
Thucydide. Au reste, les recherches de plusieur-s savants, surtout celles de Heyne
et de Schnurrer, ont prouvé que le nom de peste par le(|uel les anciens désignaient
toutes sortes d'affections contagieuses provenant de causes différentes, comprenait
des maladies très-diverses et nullement identiques avec la signification que
ce mot a reçue dans la médecine moderne.
CIIAPITUI! X. ''81
se propagea en Italie , et qui était probablement une
fièvre épidémique semblable à celle qui ravagea la Hongrie
en 1566*. Ce fut de la Syrie que pénétra à Rome l'c'icphmtiasis,
qui y fut introtluit par l'armée de Pompée
Ce fut l'Éthiopie qui vomit le terrible fléau qui, au commencement
du règne de Valentinion, ravagea pendant
quatorze années toute la surface du monde connu à cette
époque». Ce fut de l'Asie Mineure que vint en Europe (l'an
•453 de notre ère) une alFeotion cutanée très-analogue à la
rougeole". Ce fut de l'Arabie occidentale que, selon Ueiske,
sortit la véritable petite vérole, en 572% c'est-à-dire l'année
même de la naissance de Mahomet, dont les successeurs
la répandirent en Europe qu'ils inondèrent de sang
et jonchèrent de ruines Ce fut à Constantinople que se
manifesta pour la première fois la terrible peste à bubons
[pestis inguinaria), ta peste proprement dite' : elle apparut
en 337, c'est-à-dire quinze années avant la naissance
de Mahomet, en sorte que l'apparition de cet homme
1. Schnm'rer Chronilc.
s. Id., ibid., p. G9.
3. Id., ibid., p. G9.
i. Id., ibid., p. 117.
!i. Moore, History of the small yox, p. 64.
(i. Les Arabes importèrent la petite vérole eu Egypte eu 639 , époque où ils
envahirent ce p.iys sous Omar. Selon Schirurrer (loc. cil., p. 156), la petite vérole
eut sou siège primitif en Chine. Ce ne tut qu'au milieu du x' siècle qu'elle
commença à se répandre en Europe d'où elle pénétra en Amérique. Schnureer
réfute l'opinion àe ceux qui prétendent que la petite vérole et la peste furent
importées en Etuxipc parles croisés; mais il admet cette opinion, avec quelques
restrictions, à l'égard de la lèpre.
7. Ce tut en S88, et conséquemment trente et ime années après sa premiere apparition
à Constantinople, que la peste à bubons ou peste proprement dite, fut
importée par des hâtlments en Espagne d'où par une voie scmhlable elle pénétra
à Marseille et de là se répandit dans le reste de la France et eu Italie. Presque
toutes les invasions de la peste eu Europe depuis cette époque suivirent la mcme
route eu venant de l'Oriciii. La dernière apparition de la peste i Marseille cul
lieu en nîO; cependant elle parvint encore en 1W3 à se frayer un passage a
I l
î
' l i ; ' ' ' *
. !