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70 CL IMA T O L O G I E ,
y vivent contents et joyeux dans leurs antres profonds, où,
pour se chauffer, ils allument des arbres entiers d'ormes et
de chênes.
Depuis Ovide jusqu'à Ammien Marcellin (iv" siècle après
Jésus-Christ), aucun écrivain ne parle de la congélation de
la mer Noire, bien que celle des fleuves qui y débouchent
soit plus d'une fois signalée, et entre autres par /Elien'
(fin du iir siècle après Jésus-Christ), qui rapporte comme
une chose ordinaire, soitla congélation complète du Danube,
soit le transport de glaçons par ce fleuve, glaçons qui,
observe-t-il, sont quelquefois tellement nombreux, qu'ils
arrêtent la marche des vaisseaux et les emprisonnent pour
longtemps, de manière que l'équipage est obligé de les
quitter, et de traverser le fleuve en franchissant à pied ces
masses llotlantes. yElien mentionne tout cela avec le ton et
l'indilférence d'un habitant de Saint-Pétersbourg qui parlerait
de la congélation ou de la débâcle de la Néva.
Quant à Ammien llarcellin, celui-ci ne se borne pas à
constater la congélation des fleuves qui se jettent dans la
mer Noire, mais il ajoute ^ que toute la partie du Pont-
Euxin la plus exposée à l'action du vent du nord se couvre
habituellement d'une glace tellement épaisse, qu'il est difficile
de comprendre comment les fleuves peuvent s'écouler
au-dessous de cette masse puissante : « ita perstringitur
gelu, ut nec omnium cursus subtervolvi exedantur. »
Cette assertion de l'historien romain paraît être d'autant
plus fondée, que le savant Scaliger, dans ses commentaires
sur Ammien Marcellin, ajoute que l'année 401 après Jésus-
1. ^lialli Ihsl. .•Iili/U-, lib. X!V, 2S.
î. Ammiini Mircellini qiw! siifiersHnt "pera; ed. .1. .A. lirfiinll l.ips. f. ui .
lib. XÏIV. 2S7.
{nlAI'lTlU! 11.
Christ, et conséquemment à peu près à l'epoque de cet
historiens sous le règne d'Arcadius, la n.er Nou'e gela
presque entièrement, en sorte qu'au prinlen.ps ou v,t dans
laPropontide, pendant trente jours, flotter d'énormes monla^
nes de glace. _
'jornandès, qui vivait environ deux siècles après Amuuen
Marcellin, parle également de la congélation du Palus-
Moeotis (mer d'Azof), tout eu observant que le lana.s
i Don) n'était jamais pris ^ assertion qui avait déjà ete ennse,
plusieurs siècles auparavant, par Pomponius Mela, car le
géographe romain observe que la rapidité avec laquelle se
meuvent les eaux du Volga les garantissent de la congelation
à laquelle sont sujettes celles du Palus-Moeotis, du Bosphore
et quelques parages du Pont-Euxui :
« Ipse Tanaïs adeô proeceps mit, ut cum vicma llumina,
<< tum Msotis et liosphorus, tum Ponti aliqua, brumal,
a rigore durentur, solus aistus hiememque juxta ferens.
« idem semper et sui similis incitatusque decurrat ». »
Après la grande congélation de la mer Noire, mentionnée
par Scaliger S il s'écoule environ deux siècles et demi
sans que l'histoire nous parle de phénomènes semblables
constatés dans le Ponl-Euxin, bien que les hivers de 418 et
422 eussent été très-rigoureux dans l'ouest de l'Eui'ope ^
,.t qu'eu G60 « et en 716 S des froids dune intensité exirème
eussent régné à Constantinople, dont tous les envi-
I. L'anaéc îiÈcisc de la moit d-Ainmiett llarcclliu n'est pas hieu comme.
-2. Jornandès, De Uetariim on'j. et rebus gest., cap. v.
3. l>ompraitas Mêla, De situ orbis, 1. i , 10.
C'est probablement le même phénomène que vappoile le ClirmvIioH ¡wsrhaie,
où Sealigev l'aura puisé.
i). Srlumrrei-, Chronik. (1er Seuckeiu vol. i, p. '3.
II. Thropbaiies, éd. Bon., v. i. p. 5.10 et 670.
7. Niei'oboras. ¡'air. liredar. rer. post Miuir. gest.: ed. Ikm, p. i.O.