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ilit qu'on poursuivant los Gaulois qui s'élaieut réfugiés sur
le Hicmns, Cassandre en fil ahatiro les forêts. Clialcocoudylas'
nous apprenti que, lorsque après la bataille de
Nicopolis (fin du .xiv" siècle), le sultan Bajazet fraucliit
l'Ister pour attaquer Jlyrras, roi de Valaeliie et de Moldavie
-, celui - ci se dirigea à la rencontre de l'armée
turque à travers de vastes forêts que l'Iiistorien qualifie
de riches en glands, cl qu'il nous représente connue
extrêmement étendues et presque iiii'ranclussables.
Nous pourrions mulliplier les citations pour prouver les
déboisements qu'ont subis, tant la chaîne du Balkan que les
priuci]iautés danubiennes, ce qui doit faire supposer que
les mêmes dévastations ont du se reproduire dans les parties
maritimes du littoral occidental de la mer Noire, depuis
l'embouchure du Danube jusqu'au Bosphore de Thrace ;
nous nous abstiendrons également d'ajouter de nouveaux
témoiguages eu faveur de l'assertion que plusieurs parties
du littoral septentrional de la mer Noire, aujourd'hui soit
complètement nues, soit très-pauvres en végétatiou arborescente,
en étaient jadis plus ou moins abondamment
pourvues. Les autorités que uous avons réunies suflisent
pour mettre ces faits hors do doute, et nous pouvons
les regarder comme constatés, du moins à l'égard des cordons
littoraux du Nord et de l'Ouest. Mais les preuves nous
manquent pour établir le même fait à l'égard de la côte caucasienne
do la mor Noire, comparativement assez boisée,
et qui, peut-être à cause de sa position géographique, a pu
1. De reb. Turc., liv. n, p. 78.
3. Glialcocoiidylas désigne la Valachie par te nom de Bofjdcinia; c'est il peu
près le nom sûus leiiuel, ehez les Turcs, cette contrée est connue encore aujourd'hai.
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échapper eu partie à la destruction des forêts qui a si cruellement
frappé le reste du contour littoral du Pont-Euxin.
En admettant comme résultat de toutes les considérations
ci-dessus développées l'existence très-probable d'anciennes
forêts, tant dans l'Asie Mineure ((ue sur le cordon
littoral qui borde au Nord la mer Noire, il nous reste
à apprécier rinfiuence que leur disparition ou leur diminution
a pu exercer sur le cliuiat do la péninsule aualolique.
La question do l'iniluence climatologique des forêts a
suggéré aux physiciens qui s'en sont occupés des optnions
assez contradictoires. Cependant, parmi ceux qui admettent
posilivement cette iniluence, un grand nombre d'autorités,
plusieurs même de premier ordre, l'attribuent à un
abaissomeut de la température moyenne causé par l'action
des forêts, ou du moins à une augmentation de l'humidité
atmosphérique ayant pour résultat final l'égalisation des
saisons, et par conséquent le développement du caractère
des climats maritimes. En effet, M. de Humboldt i cite des
exemples remarquables de la condensation des vapeurs
produites par les forêts des tropiques; et M. Lccoq^, en
s'appuyant sur ses lougues et consciencieuses études du
plateau central de la France, admet que les forêts abaissent
la température d'une contrée, tant par la soustraction du
sol à l'action solaire, action qui queltiuefois double et triple
la température du premier comparativement à celle de l'air,
que par l'absorption du calorique à la suite de l'évaporation
ou do l'exhalation des feuilles. JI. de LaKive' calcule qu'un
1. Asie cinii'nle, t. lU, p. aoi.
2 Études sur Ut gè^graplne l olmique, v, I, p. 24.
a. Comples rendus des séances de ¡'/le. d-s .Se., .année 1861, séance dn 7 oc-
Uil.re, p. A3!l.
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