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Z O O I . D U l l i .
lie la Sicile. Colle opinion élail encore répandue au
XVI' siècle, car Pierre lieloni, qui parle presque toujours
en témoin oculaire des choses qu'il rapporte, dit:«Lon
n'a point accoustumé d'en voir en uoz rivages, non
«plus en l'Océan qu'en la mer Méditerranée, cl osons
«asseurer qu'on ne le trouve point eu Propontide, en
«Hellespont, n'au Pont-Euxin, n'aussi en l'Adriatique,
a car nous l'y avons cherché. » Celon signale la grande
abondance de ce poisson dans les parages littoraux de
la Crète, et il donne à ce sujet des détails curieux. Pline
nous apprend que le scare, si estimé chez les anciens
que Claude le fit transporter des eaux de l'Asie Mineure
dans celles de l'Italie, ne dépassait point de son temps le
cap Lectique (cap Baba d'aujourd'hui, à l'extrémité S.-O.
de la Troade)2.
Le dernier Acanlhoplénj(jien que nous ayons à signaler
est le Mucjil cephaleiis, ou dans tous les cas une espèce
très-voisine de celui-ci. C'est surtout dans les lagunes
d'eau saumâtre de la Cilicie Champêtre que j'eus lieu
d'en constater la présence. A quatre lieues environ à
l'Est du Seïhoun, se trouve un lac salé qui communique
avec la mer; à l'époque des débordements les eaux du
fleuve se mêlent avec celles du lac, en sorte qu'une quantité
de poissons de mer continuent à vivre dans une
eau devenue presque douce. Parmi eux figure le Mii(/-il
rephalms qui, aussitôt que la température commence à
baisser, regagne les ruisseaux qui communiquent avec le
Seïhoun, et quelquefois il se précipite vers ce fieiive en si
I. Observ. des sing, et curios., ]iv. i, c. fl, [i. IG.
•i. Voyez piinr les scares des anciens les renseiRiiejnciits nxlrnmemi'.Nl ¡iiliiressniils
fine, donne M. Valenciennes dans ¡•liJulii/ologie, i. XIV. p. 132 et sniv.
C H A P I T R E VII. -lOil
grand nombre que les habitants du rivage en prennent des
(|uanlités prodigieuses. On m'a assuré que dans certaines
années les Turkmènes avaient pu en obtenir plusieurs
charges de chameaux, et qu'ils en inondèrent les marchés
d'Adaiia et de Tarsus, où les habitants en firent de
grands approvisionnements à l'état de salaisons. Le mngil
cephuleus était connu aux anciens exactement sous le même
nom que celui qu'il porte encore aujourd'hui chez les
Crées modernes, qui l'appellent/\>/)/mios 1. vKlien^ décrit
avec détails la pêche du Kephalos dans la mer Ionienne,
près d'Aetium, où pendant les beaux clairs de lune les pêcheurs
s'avançaient en silence dans de petits bateaux don!
ils inclinaient le bord au niveau de la mer, de manière à
pouvoir prendre à la main ce poisson qui, altiré par le calme
et la douce lueur du ciel, quittait sa retraite pour venir se
grouper autour de la nacelle.
Occupons-nous maintenant de quelques espèces de l'ordre
des Malacoptérygiens,.doul malheureusement nous ne
pourrons citer qu'un nombre tout aussi linn'té que celui
(|iu, dans l'ordre précédent (celui des Acanlhoplmjyiens),
a été l'objet de nos considérations; elles se réduisent aux
suivantes : Cijpriims barbus et Carpio, Esox lucius et Jîc-
Inne, Salur .iusonii Val., Alaiisa stmliiia Val. et Pleuroncdes
solca L.
Le barbeau [Cyprinus barbus) est assez répandu en
Asie Mineure, et [¡arliculièrement dans les rivières de la
Cilicie. Ceux ([ui habitent les cours d'eau des régions monlagnenses
soni surtoul très-eslimés, tanl pour la qualité de
I. Voy, les savantes discussions de M. X'alciiciennes sm- le Kqylialos elle Cis
Ireus des aiicicos dans I'/C/I/AJ/OÎDJÎ,-. V. XI, p. 9 el snivaiites.
•2. Hist. (iiiinml.. liv. VHi, 19.