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A P P E N D I C E .
f o r ê t s : di . Gange ii l Eupl i r a t e et de I'Eiiphrate à la Jléditerranée,
s u r une étendue de plus de mille lieues en longueur, trois mille ans
d e guerre ont ravagé ces contrées; Ninive et liabjlone, si renommées
par leur civilisation avancée, Palniyre et Baibock par lenr mag
n i f i c e n c e , n'offrent pins aujourd'hui aux voyageurs que des ruines,
a u milieu de déserts dans lesquels on ne rencontre plus que gà et
là des traces île celte riche végétation dont parlent les anciens.
D'un autre côté, le litloral septentrional de la mer Noire, du temps
d ' H é r o d o t e , cHait couvert de forêts, là où il n'en existe plus auj
o u r d ' h u i .
« JI. Tcliihatcheff pense que la destruction de toutes ces forêts a
p u exercer une certaine iniluence sur le cl imat d e l'Asie Mineure, OLI
a b a i s s a n t la moyenne estivale et relevant la moyenne hivernale; il
a p p u i e son opinion, à cet égard, sur plusieurs passages de Théop
h r a s t e , dans lesquels ce philosophe mentionne certains végétaux
q u e le défaut de chaleiu' empêchai t jadis de prospérer, et qui viennent
aujourd'hui parfaitement.
» M. I c h i h a t c h e f l ' , en exprimant son opinion touchant l'influence
e.xercée sur la tenqiérature par le déboisement de grandes étendues
d e forêts, aborde une question qui est encore un sujet de discussion,
et sur laquelle les meilleurs esprits ne sont pas entièrement
d ' a c c o r d . En efl'et, Mil. Arago et Gay-Lussac, dans le sein de la
Commission no:iimée en 1836, pour examiner s'il y avait lieu ou
non de rappor ter l'article 219 du Code forestier, s 'expr imaient ainsi :
0 Si l 'on abattait un rideau de forêts sur la côte maritime de la
« Normandi e ou d e la Br e t agne , disait .M. Arago, ces deux contrées
« deviendraient accessibles aux vents d'ouest, aux vents tempérés
« venant de la m e r ; de là une diminut ion dans le froid des hivers. Si
« une forêt toute pareille était défrichée sur la côte orientale de la
<I F r a n c e , le vent d'est glacial s'y propagerait pins forlement , et les
0 hivers seraient plus rigoureux. La destruction d'un rideau de
« bois aurait donc produit, çà et lii, des effets diamétralement op-
« posés . »
(( J l . Gay-Lussac tenait un langage bien différent :
« A mon avis, disait-il, on n'a acquis jusqu'à présent aucune
« preuve positive que les bois aient, par eux-mêmes, ime iniluence
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» réelle sur le climat d'une grande contrée ou d'une localité parti-
« culière. En examinant de près les effets d u déboisement, on Irou-
« verait iieut-être que, loin d'être un mal , c'est un bienfait; mais
<i ces questions sont tellement compliquées, quand on les examine
« sous le point de vue cliniatologique, que la solution est très-diffi-
« cile, pour ne pas dire impossible. »
cc D'un antre côté, suivant M. do Humboldt, les forêts agissent
s u r le climat d'une contrée comme cause frigorifique, c omme abris
c o n t r e les vents et c omme servant à entretenir les eaux vives.
« Il n'est pas démontré encore que le déboi sement sur une grande
é t e n d u e de pays améliore la température moyenne. Cependant un
g r a n d nombre d'observations tendent à le faire c roi r e : nous citerons
les observations d e Jefferson dans la Virginie et la Pensylvanie, celles
b e a u c o u p plus récentes faites par MM. de Humboldt , Bonssingault,
Hall, Rivière et Boulin, sous les tropiques, depuis le niveau de la
mer jusqu'à des hauteurs OIL l'on trouve des climats tempérés et
p o l a i r e s ; ces derniers ont reconmi que l'abondance des forêts et
l ' i i u u j i d i t é qui en résulte, tendent à refroidir le climat, et que la
s é c h e r e s s e et 1 a r i d i t é produisent un effet contraire. Il pourrai t se
f a i r e cependant que, la température moyenne restant la même, la
r é p a r l i t i o n de la chaleur dans le cours de l'aniu-e fut changée, et
d a n s ce cas le climat serait modifié. Mais, nous le répétons, on ne
sait encore rien de bien certain touchant l'influence du déboisement
sur la température dans les contrées situées hors des tropiques.
L iniluence des abris toutefois ne saurait être contestée ; un grand
n o m b r e de faits le prouvent ; nous en citerons un seul : dans les
m a r a i s Pontins, un bois interposé sur le passage d'un courant d'air
h u m i d e chargé de miasmes pestilenliels, préserve les parties qui sont
d e r r i è r e elles, taudis que celles qui sont découvertes sont exposées
a u x maladies. Les arbres sembleraient donc tamiser l'air infecté, en
lui enlevant les miasmes qu'il transporte.
« JM. Tchihatchef f avance eLisuite que le déboiseLuent a eu pour
e l f e t le développeuunit des marécages, dont l'extension considér
a b l e est un des traits caractéiistiques de l'aspect de l'Asie Minem-e.
11 ci t e des témoignages irrécusables d'auteurs anciens qui prouvent
q u e de lenr lemps les [uaréeages qui infectent aujourd'hui l'Asie