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600 ZOULOUlli.
DiUls la vie nomade ilu voyageur eiiOrienI, le cliacal s'associe
pour ainsi dire à toutes les réniijiisccuces journalières,
ear on ne peut se retracer le souvenir de pi'csque
aucun de ses cainpeiiienis, sans croire entendre vibrer dans
ses oreilles les sons lugubres et aigus de ces infaligables
rôdeurs nocturnes. A peine le soleil dis[)arail-il de l'horizon,
que toute la conlrée retentit de leurs glapissemenls,
auxquels répondent connue un feu roulant tous les chiens
des villages environnants. Cependant le chacal n'approche
jamais de l'homme que lorsqu'il croit ne pas en fitre vu,
et seulement pour lui dérober furtivement tout ce qu'il
peut trouver et emporter avec une ra])idité extrême; aussi
rien de plus dillicile que de l'atteindre d'un coup de fusil,
et il n'est pour ainsi dire connu du voyageur que par
l'adresse qu'il met à l'éviter.
Cet animal parait non-seulement étranger à l'Europe ,
mais même plus ou moins rare dans la péninsule hellénique,
aussi bien que dans la Thrace et les provinces danubiennes.
Ainsi les parages de Galatz, qui pondant l'hiver
abondent en loups, n'offrent pour ainsi dire point de
chacals. Au xvi' siècle, le chacal étail encore un animal
inconnu à la majorité des zoologistes, car Pierre Bélon eu
parle comme d'une bête extrêmement curieuse, dont il
décrit les moeurs avec celte na'tveté biblique qui donne
quelquefois un charme irrésistible aux narrations du célèbre
naturaliste manseau. Le passage qui se rapporte à
cet animal réunit ces qualités à un si haut degré, que je
ne puis résister au plaisir de le transcrire ici en entier ;
« Il y a, dit Bélon i, une manière de petits loups par la
, l i v . 11, 0. 108, p. 288.
CIIAI'JÏHE l>UE.MIEIi. 601
« Cilicie et aussi généralement par toute Asie, qui emporte
« et dérobe tout ce qu'il peut trouver des bardes de ceux
« qui dorment l'esté hor du Carabachara'. C'est une beste
« entre loup et chiè duquel plusieurs autheurs anciens
« grecs et arabes ont fait mention. Les Grecs le nomment
« squilachi et croirions que c'est luy que les autheurs grecs
«ont nommé chnjseus, c'est-à-dire aureus lupus. Il est si
« larron, qu'il vient la nuiet jusques aux gens qui dorment
« et emporte ce qu'il peut trouver come chapeaux, bottes,
« bride, souliers et autres bardes. Cet animal n'est guère
« moins grand qu'un loup, et quand il est nuict close il
« abboye còme un chiê. Il ne va jamais seul, mais eu
« côpagnie, jusques à estre quelquefois deux cents eu sa
cctrouppe, tellement qu'il n'y a rien plus fréquent par
« Cilicie. Pourquoy allant en côpagnie fout un cry l'un
«après l'autre còme un chiê quand il dit hau, hau. Nous
« les oyious abboyer toutes les nuiets. 11 est de moult belle
« couleur jaune. »
Le nom de chacal est persan. Il est probable que l'espèce
de loup que décrivent Aristote et Pline, sous le nom
de Thos, est identique avec cet animal. La Bible le menlionne
sous le nom très-caractéristique d'/ii, qui en hébreu
signifie hurlement, cri aigu; et c'est dans le même sens
([ue les Arabes l'appellent Ebn-avi [avi, probablement VJii
corrompu des Hébreux), c'est-à-dire fils ou enfant du hurlement.
Malgré son abondance et son extension eu Asie
lliueure, le chacal n'y exclut point le loup; celui-ci est
au contraire assez fréquent dans certaines localités. Ainsi,
1. Cost ainsi que sont nommés les Karavaiisarai par liélon, qui pour l'ortlio-
Kraplie lies noms orientaux laisse bien loin derricrc lui nos voyageurs modernes
les nloius scrupuleux.
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