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employant à im service que nos chevaux d'Europe ne pourraient
remplir à un prix quelconque, car la facilité avec
laquelle les chevaux du pays gravissent les hauteurs les
plus abruptes et se balancent sous le poids d'un énorme
bagage sur les bords étroits des abîmes et des précipices,
a quelque chose de si extraordinaire qu'il i'aut l'avoir vu
pour s'en faire une idée.
C'est surtout la partie centrale de l'Asie Mineure , et
nommément la Lycaonie, qui est la plus pauvre en chevaux,
tandis que cet animal se multiplie et sa race s'anoblit
à mesure que l'on s'avance à travers l'Arménie, où
l'influence des belles races de Perse commence à se faire
sentir. Eu général, l'Arménie orientale conserve encore
quelques vestiges de son antique célébrité pour la race chevaline.
51. Waguer ' parle avec enthousiasme des chevaux
de l'Arménie russe; il observe que le cheval le plus ordinaire
d'un misérable paysan arménien se ferait remarquer
à côté des plus nobles coursiers du célèbre haras de
Stultgard. Aussi signale-t-il ce pays aux spéculateurs de
l'Europe comme une source des plus lucratives pour le
commerce des chevaux, car rarement un très-bel étalon
coiiterait-il à Gumri au delà de 240 francs.
L'usage de châtrer les chevaux est peu pratiqué en Asie
Mineure, et jamais on ne pratique cette opération sur les
chevaux employés au service militaire; toutefois, parmi
ceux qui sont destinés aux exigences de transport et de
voyage, ou apprécie beaucoup les chevaux hongres ^
1. Reise nach dent Ararat, ç. .
2. Les tiomains pr-itiquaient déjà l'usage de châtrer les étalons pour les rendre
plus dociles, car Varron {De re rust. liv. ii, H) (lit expressément c demplis te^-
Il tkulis fiunf quiftiores. n
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C l l A l ' l T l l E II. 634
comme nécessitant bien moins de surveillance que les étalons,
toutes les fois qu'on est obligé de les abandonner
à eux-mêmes, ce qui est particulièrement le cas dans les
voyages où à chaque halte on les laisse paître à proximité
des tentes.
Ces quelques observations suffisent pour faire comprendre
qu'en Asie Mineure la race chevaline ne peut
guère être l'objet de soins particuliers tendant à l'auoblir
ou à la perfectionner. Aussi y est-elle comparativement fort
peu nombreuse, et n'y figuro-t-elle que flans une très-faible
proportion parmi les animaux domestiques non-seulement
des peuplades nomades ré|)andues çà et là sur la surface
de la péninsule, mais aussi parmi les habitants des villages
dont les ressources principales sont souvent basées autant
sur leur bétail que sur le sol qu'ils cultivent. Chez les uns et
chez les autres le mouton et la chèvre composent presque
exclusivement les troupeaux ; de plus, dans les travaux
agricoles, le cheval ne joue la plupart du temps qu'un
rôle subordonné, car on trouve ])lus économique d'y employer
le boeuf, le buflle, l'iuie et le mulet. Il en résulte
qu'eu Asie Slineure uon-seulemeut le cheval n'est pas un
animal de luxe, mais encore qu'il passe à peine pour un
objet de rigoureuse nécessité ; il n'y a guère d'autre destination
que celle de servir de bête de somme et de monture,
concurremment avec le chameau, le mulet et l'âne,
et de satisfaire aux besoins assez limités de la poste et de
la milice locale connue sous le nom de zaplié.
L'Asie Mineure ])roprenient dite peut donc être considérée
comme la région de l'empire ottoman la plus pauvre
eu chevaux, et la moins susceptible de fournir un contingent
notable à la cavalerie de l'armée turque. C'est dans
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