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60(i ZOOLOGIE.
accorda la Cappadoce à un Persan en récompense du courage
qu'il avait déployé dans une chasse que le prince fil
dans celle conlrée et où il faillit être tué par un /¿on.
D'ailleurs, sur plusieurs des anciennes monnaies de Tarsus
on voit figurer un lion dévorant un laurean, ce qui prouve
que cet animal était au nombre des ennemis les plus
ordinaires auxquels les troupeaux se trouvassent exposés.
Enfin, Evliya Effendi nous apprend qu'il vit sur une des
portes de la ville de Scliabliané Karaliissar nu lion empaillé
d'une taille prodigieuse. Cet animal monsirueiix,
observe-t-il, avail été pendant sept ans le fléau des environs
de la ville ; « ses pieds ressemblaient à des colonnes;
« mais il n'avait ni la beauté ni la magnifique crinière du
« lion de Bagdad. »L'écrivain ajoute : «Comuie les lions sont
« les habitants de la plaine, celui dont il s'agit n'en est que
« plus remarquable, ayant été trouvé dans une contrée fort
« montagneuse. Au reste, les montagnes de celle région,
« toutes couvertes de forêts épaisses, abondent tellement
« en léopards, lynx, moulons sauvages, loups, renards et
« chakals, que les indigènes peuvent à peine aller tailler
« du bois sans s'exposer à devenir victimes des bêles féro-
« ces. Un détachement de Cosaques qui, un jour, avaient
<( poussé leurs excursions jusque dans ces montagnes l'urenl
c( la proie de ces carnivores'. »
Ce passage du voyageur turc est d'autant plus remarquable,
que la présence du lion dans les montagnes du Pont
s'y trouve constatée, même au xvii' siècle, et qu'un changement
a dû s'opérer dans celle conlrée depuis près do deux
cents ans seulement; car bien que je n'aie point visité les
I . Travel!: of Kvliya EU'entli h-anst. ¡'rom the tuvU. by llavmer, v. 11, [i. 2Ü7-
CimMTIlli I'llKMIKH. 607
parages mêmes de Chabhané Karahissar, j'ai traversé les
remparts nombreux et plus ou moins boisés qui se trouvent
non loin de cette ville, et nommément entre Niksar et la
côte, sans avoir jauiais entendu parler de lions ni avoir vu,
à l'exception des chacals qui abondent dans tonte l'Asie
Mineure, aucun des animaux féroces dont parle Evliya.
D'ailleurs il. Charles Koch, qui parmi les voyageurs modernes
est celui qui a pénétré le plus avant dans les Alpes
pontiques, ne mentionne nulle part aucun fait semblable à
ceux que rapporte le voyageur oitonian, fait que celui-ci
formule avec trop d'assurance et de détails pour qu'on
soit autorisé à les rejeter comme fictifs. De ceci il résulterait
que la retraite du lion des contrées de l'Asie Mineure,
ainsi qu'une diminution notable des bêtes fauves en général
s'y était effectuée à une époque assez récente (depuis
deux siècles environ). Ce que nous avons dit, dans le
chapitre x, sur les progrès rapides du déboisement dans
le Pont et en Arménie, trouverait là un nouvel appui.
Quoi qu'il en soit, il est impossible de mettre en doute
que le lion a non-seulemeni quitté les parties de l'Europe
qu'il habitait du temps d'Adrien, c'est-à-dire il y a plus de
seize cents ans, ainsi que l'Asie ^Mineure où il se montrait
encore au xvf siècle, mais qu'il a également évacué plusieurs
contrées limitrophes de la péninsule, contrées qu'il
habilait jadis. Dans son savant et très-curieux ouvrage sur
la Faune biblique, M. Rosenmuller a réuni un grand
noudire de passages du livre saint où il s'agit de lions dans
la Palestine, comme d'un animal qui y était très-comnnni
; ainsi le prophète .lérémie' parle de ce ce carnassier
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1. (Iliap. V, (!,
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