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pour la qualité du produit, est encore loin d'être résolue
affirmativement, malgré les travaux aussi persévérants
qu uigenieux de plusieurs savants à la tête desquels figure
M. Guérin-Méneville. Ainsi, tout contribue à attacher une
nnportance vraiment européenne au nouveau développement
que la production du ver à soie pourrai t acquérir dans
une contrée de l'Orient aussi favorablement située à l'égard
de l'Europe que se trouve l'Asie Mineure. Ce serait nonseulement
un moyen de combler les lacunes que pourraient
présenter nos marchés, mais encore une nouvelle
source où l'industrie européenne s'empresserait de puiser
pour raviver une de ses branches gravement compromise
dans ses conditions vitales.
SAUTERELLE (Gr,7/«s mkjralorius). Rien de plus commun
e u Asie Mineure que ce fatal orthoptère, qui quelquefois
y fait ses apparitions déprédatrices plusieurs années de
suite. Ce fut surtout en 1833 que j'eus Poccasion d'assister
aux ravages exercés par ces insectes, particulièrement dans
la Lydie, la Jonie et une partie de la Phrygie, qu'ils envahirent
au mois de mars à la suite d'un hiver remarquablement
doux. Malgré quelques jours d'un froid tardif, qui
se fit sentir à la fin d'avril et à la mi-mai, les sauterelles
se multiplièrent dans ces régions avec une si incroyable
rapidité qu'avant la fin de mai les champs, déjà hérissés
i l e p i s jaunâtres, et les prairies émaillées de fleurs se
trouvèrent subitement métamorphosés on surfaces arides et
Jiulvérulentes. Lorsque, le 3 juin, j'étais campé à Jasakkoï
près des bords occidentaux du lac Bouldour, les marais
qui lui forment là une large ceinture étaient littéralement
encombrés de .sauterelles noyées, dont les cailavres subissant
une rapide décomposition par l'action d'un soleil
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brillant, infectaient l'air de miasmes pestilentiels. Pendant
quelque temps j'essayai d'en atténuer le pernicieux effet
en aspergeant ma tente et mes vêtements avec de l'eau de
Cologne et du vinaigre de toilette ; chaque matin mes gens
et moi nous nous levions avec de violents maux de tête
accompagnés de nausées, en sorte que je fus forcé de
quitter promptement ces lieux pour éviter des accidents
|ilus graves.
Arrivé à Jéringuémi (en Carie, près de la petite ville de
Davas) le 1" juin, je vis eu quelques jours des champs de
froment et de seigle complètement détruits par ces insectes,
q u i , après avoir terminé leur besogne, partirent en essaims
innombrables pour aller s'abattre sur de nouvelles
moissons. Les céréales étaient comme taillées au ciseau,
les épis ayant été enlevés à la même hauteur. Là où
le ravage n'était pas encore consommé, on voyait chaque
épi chargé de quatre ou cinq sauterelles rivées à leur proie
et la dévorant rapidement, mais sans se mouvoir. Malheureusement,
le peu de céréales qui avaient échappé à la
destruction n'étaient pas encore assez mûres pour être
moissonnées, et n'allaient pas tarder à être envahies par
une autre bande. Le lléau, qui sévissait avec fureur dans
les vallées du Méandre, n'avait pas encore atteint le plateau
de Karayoukbazar lorsque je m'y trouvais le 23 mai,
bien que les régions basses fussent déjà en [)leine dévastation.
Partout où j'eus le triste avantage d'observer ces
insectes j'en reconnus trois variétés caractérisées par des
teintes différentes : brun de chocolat, gris cendré et vert
éclatant.
I.es trois années antérieures à 1853 avaient été plus ou
moins calamiteuses, parliriilièremenl dans la [larlie occi