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ce inoïiient inènio, rien ne les combat, ol où la nature et
les hommes paraissent s'être liés par un pacte funeste
pour assurer aux agents destructeurs la plus grande intensité
possible. Or, rien ne prouve plus la -violence de
ces agents une fois déchaînés, que la dillicullé qu'on
éprouve à entraver leur marche et à effacer leurs ravages,
puisque même dans les pays les plus civilisés de l'Europe,
on n'est |)as parvenu à faire disparaître complètement le
fléau des marais. La France renferme plus de 60,000 hectares
d'eau stagnante !, et le beau travail de M. Becquerel.
.sur l'assainissement de la Bresse, de la Dombe, de
la Brenne et de la Sologne en général, prouve combien les
effets du déboisement et de l'incurie des peuples au moyen
âge se font encore sentir dans cette partie de la France.
Il y a cinquante-trois ans à peine une vaste portion de
territoire dans le département de l'Isère était (ellement
insalubre , que le voyageur n'osait s'y arrêter quelques
heures seulement. Ce ne fut qu'en 1802, lorsque le célèbre
Fouri'ier eut été nommé préfet de ce département,
qu'on efl'ectua le dessèchement des marais de Boiirgoin^.
Le pourtour du bassin de la Méditerranée est encore
bordé, pour ainsi dire, par une ceinture de marais pestilentiels
parmi lesquels il suffira de mentionner plus particulièrement
les parages de Carthagène, la belle plaine de
Valence, l'embouchure de l'Ébre, les environs de Savone
et de Pise; les Maremtnes, les Pahidi-Ponlini, la région solilaire
animée par le souvenir de l'oestum, beaucoup de
points-dans les Calabres, la côte septentrionale de l'Albanie
jusqu'à Valona; les bords des golfes d'Aria (lit-
1. Fi'issac, Mèlêoroiogip, Rte , v. Il, p. 308.
â. Fi. .^lago. Notices biHi(>gr<t'^hiq"es, t. I, ììii>grciìihic tie Fmirr
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C H A l ' l T U l i X.
toral occidental de la Grèce) et de Corinthe, etc. ; l'amiral
Smyth* assure que des observations recueillies par ses
soins, pendant quarante années de navigation dans la
Méditerranée, le portent à admettre qu'un cinquième de
la population riveraine est annuellement enlevé par la
malaria.
Nous le répétons, quand ou Considère que dans les pays
de l'Europe, dont les moins avancés en civilisation dépassent
de cent coudées les États de l'Orient, on voit encore
aujourd'hui de telles traces de l'ancienne barbarie , si
favorable à la procréation ou au développement des marais
et des effets qui eu résultent, on peut se former une idée
suffisamment juste de l'étendue et de l'intensité que doivent
avoir dans toute l'Asie des phénomènes de cette nature.
Aussi, dès la fin du moyen âge on commence à voir
se dessiner d'une manière de plus en plus tranchée le contraste
entre l'Orient et l'Europe, comme entre deux types
représentant chacun un symbole significatif: l'un, celui de la
liberté indéfinie de la nature et de l'esclavage de l'homme ;
l'autre, raffranchissement de l'homme et l'assujettissement
do la nature à son contrôle salutaire. C'est pourquoi
le Byzantin Chalcocondylas^, en parlant de la Germanie,
à laquelle il donne une telle étendue que ce qu'il en dit
s'applique à la presque totalité de l'liuropeobserve
que « on n'y connaît point la peste, qui, dit-il, est engeu-
« drée par l'air corrompu et insalubre qui infecte particu-
« lièrement les contrées de l'Orieiii. — La Germanie, ajoute-
1, r/ie Mediterranean, p. 226.
2 De reb. Turc, liv. n, p. 10.
9. L'Iiistorien byzanliD nous dit loi-méme qu'il comprend dans la Germanie,
la France méridionale depuis les Pjrénécs, ainsi que la contrée située entic le
littoral de la mer du Nord et la Méditerranée jusqu' à vienne et Prague.
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