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point clans celte contrée, surtout quand il s'agit d'objets
d'une importance ou d'une notoriété générale, n'y existait
pas de leur temps. Voilà pourquoi il serait fort intéressant
pour l'histoire de la chèvre d'Angora de rechercher si
l'existence de cet animal se trouve constatée dans les nombreux
écrits des anciens parvenus jusqu'à nous, et parmi
lesquels plusieurs traitent spécialement de l'élève dos bestiaux
domestiques et de l'agronomie. Il est évident que,
surtout poru' ces derniers, on ne peut admettre d'omission
ou d'ignorance à l'égard d'une race si remarquable, en
sorte que, si nous trouvions qu'ils n'en parlent pas, nous
serions parfaitement en droit de conclure de leur silence
que cette race n'existait point en Asie Blineure à l'époque
où ils écrivaient.
Lorsque nous remontons au monument historique le plus
ancien et le plus vénérable, la Bible, nous y voyous menlionnée
la chèvre, au nombre des animaux domestiques
qui constituaient la richesse des premiers patriarches, dont
le genre de vie était, comme on sait, éminemment pastoral
; toutefois, rien ne s'y trouve qui puisse faire supposer
qu'il s'agisse d'une race de chèvres à laine fine, et même
un passage du Cantique des cantiques ' semblerait ne pas
être favorable à cette conjecture : car pour caractériser les
belles espèces de chèvres il parle de leur leitile noire, teinte
qui est précisément la moins propre à la race d'Angora,
dont la robe est remarquable j)ar son éclatante blancheur.
Aussi l'ien de plus propre à fra[iper les yeux et à se graver
I. Cant. Cantic., iv, 1; vi, 5. Le pocte y compare ht clievelurc de sa liietiaimée
à un troupeau de chèvres de hi montagne de GalaaiL Or, comme l'observe
très-jiidicieusemcnt le savant Rosenmullev ( IHbl. Tiiin-reiih, p. 89), cette comparaison,
pour être flatteuse à h't. j eune heauto, doit faire supposer que la hiiiie dont
il s'agit était d'une teinte noire, et non Idaiiche.
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dans la mémoire que l'aspect d'un paysage animé par un
troupeau de ces chèvres gracieuses, qui apparaissent de
loin comme autant de flocons de neige se détachant de l'émeraude
de la verdure ou de la surface foncée des rochers.
D'un autre côté, les teintes noires sont celles qui dominent
dans l'Orient parmi les chèvres communes ; elles fournissent
aux Kurdes et aux Turkmènes des matériaux pour la
fabrication de leurs tentes, dont le sombre aspect avertit le
voyageur de la présence de ces tribus.
Parmi les peuples pasteurs les plus anciens, les .\rabes
étaient célèbres par leurs nombreux troupeaux d'animaux
domestiques; cependant ce sont surtout les chameaux que
les écrivains classiques, ainsi que ceux de l'Orient, y signalent,
mais presque jamais la chèvre; d'ailleurs, un des
auteurs arabes, Meidani nous a conservé une anecdote
qui prouve le peu de cas que ce peuple nomade faisait de
la chèvre aussi bien que du mouton.
Il ne paraît pas en avoir été de même des anciens Hébreux
, puisque le mot aS, par lequel les auteiu-s grecs
désignent la chèvre en général est d'origine hébraïque -.
Cependant rien, parmi les Hébreux, ne nous révèle aucune
race remarquable par la finesse de sa laine. Quant aux auteurs
grecs, Homère et Hésiode mentionnent fréquemment
la chèvre comme animal domestique, mais sans faire allusion
à une race parliculière quelconque; et d'ailleurs les
termes vagues de A'il et de AÏyayp'jç dont ils se servent
s'appliquent, d'après les curieuses recherches de Groslians
à Irois espèces difi'érentes de chèvres sauvages qui
1. Meidani, Proverhior. arabicor., ed. 11. A. Schultens, p. 137.
2. lîosenmnller, Itiblischc naliirg., v. I. p. S4.
3. Prfidr. Fivnii llomcri pt llesiodi, fasc. 1, p. 'i.
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