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tiirq\ios qui s'élai)lireul en Asie Sliueuro élait iiidiaponsaMe
à l'appréciation île rinflnence que les pays il'oíi ellos sont
parlies pouvaient avoir sur les races de chèvres qu'elles
amenaient à leur suite. Ainsi nous avons vu que les deux
rameaux de la souche lurqur, les Sekljuks et les Oglius, qui
s'installèrent successivement en Asie ¡Mineure dans le coru-s
des XI' et xiii" siècles, et dont les descendants l'occupent
encore aujonrd'hnij habitaient, immédiatement avant cette
immigration, les vastes plaines de Bukhara et du Khoraçau.
Or, ni dans les temps anciens, ni de nos jours, ces contrées
n'étaient guère connues pour avoir possédé aucune race de
chèvre à laine fine. Au contraire, Strabon dit^ que les
Massagètes n'avaient pour vêtements que des étoiTes faites
de tissus végétaux, parce qu'ils étaient pauvres en troupeaux
et que les motUons étaient très-rares chez eux. De même
Hérodote -, qui place les Massagètes sur l'Araxe, par lequel
il entend ici le Yaxartès (Sir Daria), ne mentionne point
l'élève de troupeaux quelconques parmi ces peuples. Ainsi,
comme il faut chercher les Massagètes d'Hérodote et de
Strabon sur le bord oriental du lac Aral et dans le pays
des Kirghiz, on peut en conclure que les peuples qui habitaient
cette contrée quatre siècles avant .lésus-Christ, aussi
bien qu'à l'époque même de l'ère nouvelle, n'étaient pas
exclusivement des peuples pasteurs, ou du moins que les
chèvres et les moutons ne jouaient pas un rôle inqiorlant
dans leurs troupeaux, qui peut-être, comme chez les anciens
Arabes, étaient eu grande parlie composés de cha-
1. Liv. XI, 8.
2. Liv. I, 202. Le nom de Massagôtes, dans le sejis que Ini donnent Hérodote
et Straîlon, s'est conservé juscjue bien avant dans le moyen âge, car le Ityzanliii
Clialcocondylas ( cíe liebus Turdcis, liv. in, p. 117, éd. lîuiin) désigne encore par
ce nom les pen])les situés :i i'i^ et au N. de mer Caspienne.
cii.iriTniî IV. 7ÍI
meaux*. De même, les successeurs actuels des anciens
Massagètes, — les Khirgiz, Khiviens, Bukhars, etc., — bien
que tous très-riches en troupeaux , parmi lesquels figure
également la race ovine, ne paraissent posséder aucune
race de chèvre particulièrement remarquable; et d'ailleurs
tous ces pays de plaines sont infiniment plus favorables
à l'élève des moutons qu'à celle des chèvres. On peut donc
admettre que, si les Seldjuks et les Oghus ont importé en
Asie Mineure une race de chèvres qui y cngendi'a celle
d'Angora, ils ne l'ont probablement pas empruntée aux
régions de l'Asie centrale (Bukhara, Khoraçau, etc.), où
nous les trouvons établis immédiatement avant leur immigration
dans la péninsule anatolique, mais qu'ils la tieunent
au contraire des pays qu'ils habitaient beaucoup plus anciennement,
c'est-à-dire de la lisière méridionale de la
Sibérie, et particulièrement de la chaîne de l'Altaï, oîi les
plus célèbres orientalistes et géographes placent le berceau
de la race turque^. Or, bien que dans l'immense région
montagneuse qu'embrassent les ramifications de cede chaîne
giganlesque on n'ail encore constaté jusqu'à préseiil
•1. Appien {Hist, aniin., L. xvii, 31) signale sur les bords de la mer Caspienne
des chameaux revêtus d'une laiue tellement Hue, qu'elle ne le cède point à celle des
moutons de Milet, et qu'on en faisait des étoiles très-estimées à l'usage des pont
i f e s e t des riciies. Pierre Belon(lcs Obs. des Si»?., Ut . ii, I IS) confond l e passage
d'Appien relatif a n chameau avec celui du même antenr qui se rapporte à l a ehèvre
d e s Caspiens, et attribue à cette dernièr e la laine fine que l 'écrivai n grec n'accorde
q u ' a u premier. Le natural i s t e de Mans en conclut que la ehèvre d'Augora pourrait
b i e n être ident ique avec la chèvre Caspienne d'Appieu; mais, ontre que cet autour
n e dit pas un mot de la qualité de la laiue de la chèvre des C:uîpieus, la description
qu'il doime de l'animal n' a de commun avec l a chèvre d'Angara que la coul
e u r de la robe, car il dit : « Les chèvres caspieuues sont petites, ont le museau
c a m u s , et point de cornes. » An reste, Pierre Belon commet de nombreuses
inexactitudes dans ses citations, et son érudition manque souvent de base
solide.
2. Kiaprolh, Asín polygiotta, p. 210; Hammer, Gesch. den Osin. Reicfis.t. I,
liv. I . p. 34 : Kilter, hydlmiide. 1.1, p. Ii32, et Í. Il, p. .199.
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