Z U O L O G I K ,
n î « L . ) aient jadis habité l'Asie Mineure, où d'après les
savantes recherches de M. Bureau de La Malle, les auteurs
anciens uid.queut la dernière espèce à l'état de domestication
1. Malgré tous mes efforts il m'a été impossible de
constaler l'existence de l'une ou de l'autre de ces deux
espèces. Ce n'est que dans la région boisée du Pont, entre
N.ksar et Seleyaïlassi, que les habitants m'ont signalé nn
animal sous le nom d'âne sanvage {yabani cchek) qui,
d après la description qu'ils m'en firent, pourrait bien être
l'onagre de Pallas, car entre autres traits par lesquels ils le
caractérisent figurent une bande noire en croix sur le dos
une robe blanchâtre et des oreilles presque aussi longue!
que celles de l'âne domestique; ils m'assurèrent qu'il se
montre assez fréquemment lorsque la neige encombre les
épais taillis dont est hérissée cette partie montagneuse du
pays. Quoi qu'il en soit, les auteurs anciens mentionnent
très-fréquemment en Asie Mineure, et l'onagre, qu'ils
nomment également Vâne sauoarje, etVHémione, qu'ils en
distinguent positirement comme une espèce différente Ainsi
Strabon ^ et Pline ^ disent que la Lycaonie abondait en ânes
sauvages, et \ arron^ assure que de son temps ou en voyait
des troupeaux entiers dans celte région ainsi que dans la
Phrygie! Pline' signale dans la Cappadoce des mulels
féconds, qui peut-être étaient des hémiones, car Aristole«
2. L. su.
3. Nat. hist., L. viii, 44.
4. De re rust., L. rr, 2-3.
5. L. viit, 69.
6. llist. mim-, !.. n^ 30.
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parle de mulets féconds de la Syrie, qu'il désigne par le
nom d''/ip.iovot. La présence de Veqmts hemionus dans une
contrée aussi froide que la Cappadoce n'a rien de surprenant
quand on considère que cet animal s'élève jusqu'aux
latitudes de la Sibérie ^ ; d'ailleurs le Muséum du Jardin des
Plantes possède aujourd'hui luie race d'hémiones français
formés par les fils et les petit-fils de trois animaux qui avaient
été rapportés de l'Inde en 1833 et 1838 par i\L Dussumier^.
Bien qu'appartenant à une espèce originaire des contrées
les plus chaudes de l'Inde, ces animaux supportent sans en
être affectés les hivers les plus rigoureux de Paris.
Il résulterait des témoignages que nous avons rapportés,
que postérieurement à notre ère l'âne sauvage s'est peu à
peu retiré de la péninsule anatolique dans l'intérieur du
continent de l'Asie, où il paraît être très-abondant encore
aujourd'hui; il est de même fort répandu dans les déserts
entre l'Inde et l'Afghanistan, et Iver Porter' le signale en
Perse. D'ailleurs, des nombreux passages de Ferdusi, dans
son célèbre poëme Chahnamé, prouvent combien, de sou
temps, cet animal était commun dans l'Iran comme dans le
Touran ; aussi, lorsque le poêle fait traverser à Rustem
plusieurs déserts pour se rendre à Mazenderan, il ne donne
à son héros et aux guerriers qui l'accompagnent que de la
chair d'âne sauvage pour toute nourriture et nous voyons
même le prince à lui seul en manger un tout entier^ ; enfin,
1. Voy. mon Voyage scient, dans l'.iltaï, p. 4S4.
2. Hultelin de la société sool. d'acclim , t. II, p. 243.
3. Travels in Georgia, Persia, etc. v. I, p. 459.
4. Ferdusi, ti-achiit en allemand par Scliack, cbant iv, p. 225.
5. Ibid.,p. 297. La TOiacité des héros persans du Cliaiijiamé rappelle celle des
g u e r r i e r s grecs d'Homère; seulement, le chantre de l'Iliade ne croit pas devoir
placer les robustes facnllés digestives an nombre des titres à l a gloire et a u droit
dp plaire, tandis qne Ferdusi fait de cette propriété un des charmes les plus près-
!' 'il
. ij.