636 CL I M A T O L O G I E ,
manière niêiiie indirecte, nous avons juyé convenable d'ajuuler
quelques mots touchant les iiiodificalions que l'action
de l'homme peut avoir fait subir au cliinal de l'Asie
Mineure. Personne n'ignore qu'une des marques les plus
caractéristiques de l'inlluence tie riioninic sur la contrée
qu'il habite est la conservation ou la destruction des forêts,
ainsi que la suppression ou le développement des eaux
stagnantes; il est donc impossible d'envisager, d'un côté
le manque d'essences forestières'^ et de l'autre la fréquence
de vastes marécages qui tigureut au nombre des traits
les plus saillanis de la constitution physique de l'Asie
Mineure, sans se poser une double question : Jusqu'à quel
point le déboiseinent actuel de la péninsule peut-il historiquement
se rattacher à l'action de l'homme? Quelle
influence les phases politiques et morales qu'a parcourues
cette contrée ont-elles pu exercer siir le développement
des marécages dont elle est infectée, et par conséquent sur
les elTets funestes qui en découlent pour l'état sanitaire
de ses populations? Ce sont ces deux questions que nous
allons examiner successivement dans ce chapitre.
1. — Considérations sur le déboisement de l'Asie Mineure.
De la description que nous a laissée Strabon il résulte
que de son temps certaines localités de l'Asie Mineure
1. Dans notre troisième volume de l'Asie Mineure, qui sera exclusivement cousacré,
tant à i'énumération des formes végétales connues dans cette contrée qu'à
leur distribution géographique, nous tacherons d'évaluer l'espace que les forêts y
occupent et d'eu indiquer graphiquement l'extension et la position ; pour le moment,
il nous suffira d'observer (saof à le prouver plus tard) que eu égard à la
superficie de la péninsule, elle peut être considérée comme très-panvre eu forêts,
e t , de plus, que plusieurs de ces régions, entre antres sa partie centrale, sont
presque complètement déboisées.
( ' . t l A P l ï R i ; X.
étaient tout aussi déboisées qu'elles le sont aujourd'hui. De
même Ïite-Live' , qui nomme Axyloii la contrée comprise a
peu près entre Karahissar et Sevrihissar (entre Synnada et
Pessinonte), observe qu'il n'y a point de bois et que les
l.abitauts s'y servent de la fienle de bullle pour faire du
feu. Cependant, en traçant l'itinéraire que suivit Xerxes
pour se rendre, à travers l'Asie Mineure, dans la Thrace,
et de là gagner l'Attique, Hérodote ^ ne mentionne dans la
péninsule aucune région remarquable par l'absence complète
de bois, bien que, pour se transporter à Sardes,
Xercès ait dû franchir une partie delà Lycaonie, aujourd'hui
si aride, dont la nudité constitue un trait tellement
prononcé de sa physionomie, que tous les historiens et les
géographes postérieurs à Hérodote ne manquent jamais de
le faire ressortir chaque fois qu'ils font mention de cette
contrée. D'un autre còlè, lorsqu'on pense au chilfre prodigieux
de cette immense armée s'avançant à pas lents, et nonseulement
dévorant sur son passage toutes les ressources
du pays 3, mais aussi épuisant l'eau de petites rivières incapables
de suffire à une si énorme consommation, car plusieurs
furent mises à sec S il est permis d'en inférer que
1. L. xxxvili, 8.
l Pourne d t e qu'tm seul exemple de la manièr e ruineuse dont tes habitants de
l ' t s i e Jlineure furent traités eu cette circonstance, il suffit do rappeler que uonseulomentils
étaient obligés de noun-ir Farméc à sou passage, m;iis quencore es
soldats avaient le droit .l'emporter avec eux tous les objets, comme vaisselle,
« s e s etc., qui avaient figuré à leurs repas : or les habitants éta.ent teuus de ne
servir le lói lui-même que dans des vaisseaux d'or et d'argent, qm après chaq,
repas devenaient la propriété de la majesté auibidante Herodote (L. ^u. l»
évaioe à MO talents, c'est-à-dire à plus de î millions de francs, les fra,s qu eureu
i supporter les seuls Tasiens. EnThessalie IL. vu,, 15), l'armée de Xerxes aur ,t
si co'upletement dévoré loutes l.'s denrées fournies par le pays, qu elle fut réduite
à manger l'herbe des champs, les feuilles cl l'écorce des arbres.
( Parmi les exemples do cours d'eau cntièremenl mis à sec par la eonsomii
I ',1'
I
vif;.
' i k
. I -'ï