PREFACE
A une époque où les exigences sévères des sciences physiques
rendent la tâche des météorologistes tellement difficile q u e , dans leur
légitime découragement, ils se demandent si parmi les pays les plus
civilisés de l'Europe, il en existe un seul qui puisse fournir à leurs
conclusions des éléments suffisamment nombreux et complets, la
puljlication d'un ouvrage sur la climatologie d'une contrée aussi peu
connue que l'Asie iMineure, doit paraître un acte de véritable témér
i t é . Aussi, en soumettant cet ouvrage au jugement indulgent du
public, devons-nous faire observer que nous ne nous serions peut-être
pas décidé à le lui livrer si nous n'avions pas cru que, tel qu'il est,
il pourra servir utilement à l'appréciation d'importants phénomènes
])hysiques que présente l'Asie Mineure, et sur lesquels nous nous
proposons de publier plus tard des travaux d'une certaine étendue
Parmi ces travaux figureront particulièrement des études sur la géographie
botanique et sur la flore de cette cont rée; elles seront l'objet
d u troisième volume de notre Asie Minevre, et le présent ouvrage
leur servira en quelque sorte d'introduction et d'élucidalion. Des
1. Parmi les motifs qui ont pu nous déterrninfir à publier notre livre, nous ne
(levons pas oublier de mentionner les suffrages dont l'Académie des Sciences l'a
honoré, par l'orgaue de la commission qu'elle avait nommée pour TeXamen de
noire volumineux manuscrit, textuellement reproduit dans le présent ouvrage.
Dans son Rappoit, lu dans la séance du 28 avril {voyez ce rapport dans l'Appendice),
M. Becquerel a bien voulu, au nom de MM. Élie de Beaumont et
Decaisne, rappeler à l'Académie les titres que pouvaient avoir nos travaux en
général à l'indulgence du premier tribunal scientifique du monde, et nous nous
empressons de faire observer à cette occasion qu'en nous qualifiant de promoteur,
d'âme des expéditions scientifiques entreprises par nous en Asie Mineure, l'illustre
physicien nous a accordé plus que nous ne méritons, car ces expressions bienveillantes
peuvent faire supposer l'existence do collaborateurs sur le théâtre de
nos opérations, et par là même nous assignent un rôle, sinon plus important,
mais du moins différent de celui qui nous appartient réellement. Or, dans nos
explorations solitaires nous n'avons malheureusement jamais joui de l'assistince
de qui que ce soit, et par conséquent nous nous sommes placé dans les