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TRAITÉ DE DUTANIQUE MÉDICALE.
sont extérieurement cérébriformes, ruminés même, el à ce que les enveloppes
séminales, peu épaisses, se moulent exactement sur leur convexité.
Comme ici l’endocarpe est assez éloigné de la graine, la substance balsamique
ne contracte pas d’adbérence avec le péricarpe, ainsi qu’il arrive,
comme on l’a vu, à la graine à surface lisse du M- toluiferum, et il en résulte
entre les deux espèces une distinction très facile à établir, et qui
peut se résumer ainsi pour le i¥. peruiferum : non adbérence de la
graine au péricarpe ; état sillonné de la surface séminale.
Le M. peruiferum n’est pas spécifiquement distinct du M. pubescens
H. B. K., qui peut présenter toutes les variations possibles dans la quantité
de poils dont ses parties sont chargées, mais dont les graines ont
strictement la même organisation. De même aussi le M. pedicellatum de
Lamarck, qui depuis longtemps n’est plus considéré comme une espèce
distincte, quoique, dans l’écliantillon dù à Joseph de Jussieu, les fruits
soient quelque peu différents de la plupart de ceux de la Colombie, quant
à la taille et à la forme des ailes, et quoique les formes des taches pellucides
des folioles présentent çà et là quelques modifications.
On ne peut, nous l’avons vu, distinguer du M. toluiferum ancane de ces
formes du M. peruiferum par quelque caractère que ce soit tiré de l’organisation
florale. Celui de la graine est seul absolu. Nous nous sommes
demandé s’il n’y aurait pas dans la configuration extérieure du fruit quelque
chose qui pùt traduire au debors cette grande dissemblance des semences,
et nous sommes arrivé à conclure que ces caractères existent fréquemment,
quoiqu’ils ne soient pas absolument constants. Le fruit est, on le
sait, dans les Toluifera, surmonté d’un petit apiculé qui représente un
reste de style. G’est un cône minuscule, durci, plus ou moins proéminent.
Si l’on mène une ligne qui représente la hauteur géométrique de ce cône,
elle coupe une autre ligne droite menée suivant Taxe de la longueur du
fruit du M. toluiferum, ou à angle droit, ou obliquement et de telle façon
que, des deux angles formés par leur intersection qui se trouvent du côté
de Tapicule, le supérieur est le plus ouvert, tandis que, dans le M. pe rui ferum,
il est le plus aigu. Cela tient, en somme, à ce que Tapicule a, de
sa base à son sommet, une direction généralement ascendante dans le
M. perui ferum et ses variétés, et descendante, au contraire, dans les diverses
formes du M. toluiferum. Si bien que, dans ce dernier, le petit
cône, au lieu d’être à peu près apical, a sa base d’insertion au-dessous
d’une portion assez étendue du bord dorsal de la gousse, lequel, après
avoir contourné le sommet de figure de celle-ci, revient sur lui-même
comme en se recourbant à la façon d’un cimier, et parcourt encore sur le
bord ventral une certaine étendue avant de supporter la base du petit
apiculé. Nous insistons, au contraire, sur ce point, qu’il n’y a rien de
constant dans tous autres caractères tirés de la longueur et de la largeur
de la gousse, pas plus que de la direction droite ou arquée dans un sens
ou dans Tautre de son grand axe, de la largeur et de la longueur absolues
DICOTYLEDOiNES.
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et relatives de ses deux ailes, de la façon dont elles viennenl supérieurement
s’unir à la portion séminifere du fruit et inférieurement au pied
grêle de la gousse, de la comparaison entre elles des ailes dorsale et ventrale
comme configuration et nervation. Au lieu d’avoir une valeur spécifique,
tous ces détails d’organisation sont essentiellement variables dans
une seule et même espèce, et souvent dans un même individu. Les nombreux
exemplaires que nous avons pu examiner dans les principales collections
de l’Europe, et ceux en nombre également considérable que
lions devons à la libéralité de D. Hanbury, ne peuvent à cet égard laisser
aucun doute. Nous n’y insisterons pas; il suffira de jeter un coup d’oeil sur
la planche que nous avons donnée dans les Comptes rendus de VAssociation
française (II, t. 10), pour se convaincre que, dans les fruits du
M. toluiferum, représentés avec une exactitude servile dans la portion
supérieure de celte planche, et dans ceux du M. peruiferum, figurés dans
la moitié inférieure, il y a non seulement foutes les variations dans une
espèce, mais encore, dans cbacune d’elles, comme taille et comme forme,
des types qui se correspondent ; de façon qu’avec un grand nombre d’échantillons
bien choisis il est possible de suivre parallèlement dans une
espece toutes les dimensions et configurations constatées dans Tautre.
Au point de vue des produits utiles, il y a aussi une grande différence
entre les deux espèces. Nous ne sommes plus au temps où Ton pouvait
croire que le M. peruiferum donnait le baume du Pérou, et il y a longtemps
qu’on a fait justice de cette erreur. Dans la plupart des localités, le
M. perui ferum ne produit rien autre d’utile que son bois, très beau, très
dur, d’nne couleur cbarmante. M. Triana nous affirme qu’en Colombie, le
M. pubescens qui, nous Tavoiis vu, appartient à la même espèce, ne sert
à l’extraction d’aucun baume. Nous avons vu quelques petites masses de résine
balsamique qui provenaient de cette plante; elles pourraient être utilisées
sans doute ; elles ne le sont pas. Le bois est imprégné d’une certaine
quantité de cette matière odorante ; on le brûle quelquefois dans les tem-
|)les ; il y répand un parfum agréable, mais il ne fournil pas de médicament.
L’autre espèce, le M. toluiferum, donne sur les bords du Rio-Mag-
dalena beaucoup de baume de Tolu, de couleur paie et d’une odeur suave.
M. Weir, qui Ta vu exploiter, nous en a décrit les qualités et aussi la façon
dont on l’extrait. Le tronc de Tarbre est incisé à diverses hauteurs et de
différents côtés, et Ton se borne à recevoir dans des vases particuliers le
liquide qui s’en écoule. Monardès qui, Tun des premiers en Europe, a
mentionné le baume du Pérou, a fait connaître deux modes d’extraction :
la simple incision de l’écorce de l’arbre et la décoction des fragments dn
tronc et des branches dans Teau bouillante. Le premier procédé donne,
dit-il, du baume blanc et liquide; il correspond au procédé qu’a vu employer
M. Weir en Colombie. L’autre, dit Monardès, donne un liquide d’un
rouge noirâtre. Je ne parle pas ici de l’extraction du baume du fruit; il
me paraît certain qu’elle est possible, surtout par Taction de Teau chaude.