
un très grand développement ; on a donné aux racines qui présentent
cette particularité le nom de fasciculées ou multiples.
On a beaucoup insisté sur les conséquences qu’entraîne pour la plante
ce fait que sa racine esl pivotante, ou bien qu’elle est fasciculée. Il est
évident qu’un pivot profondément enfoncé dans le sol soutient mieux une
plante que de faibles racines fasciculées
qui s’enfoncent peu sous
terre et qu’on arrache avec la plus
grande facilité. Il l’est aussi qu’on
repique plus facilement une plante
à racine fasciculée dont on détruit
quelques branches par l ’a rrachage,
les autres suffisant pour
la reprise; tandis que le pivot,
facilement brisé par un arrachement
laborieux, souvent même
coûteux, n’a que peu de fines divisions
latérales pour faire reprendre
\si plante repiquée. 11 ne l ’est
pas moins qu’une plante à racine
fasciculée épuise de ses aliments
la couche superficielle du sol,
tandis que le pivot va de la surface
à la profondeur chercher
successivement sa nourriture dans
les diverses couches du sol. Il y a
donc intérêt dans les assolements,
à cultiver alternativement après
des plantes à racines fasciculées _
comme nos céréales, des espèces
à racines pivotantes très longues
comme la Luzerne, par exemple,
Fig . 24. — Melon. Jeune plante, le pivot se
détruisant et la racine devenant fasciculée.
qui laisse pendant plusieurs années reposer les couches superficielles du
sol, épuisées par la végétation des Graminées.
La racine pivotante reste chez elle, n’épuisant guère le sol à droite et à
gauche. Il faut donc planter d’espèces à racines pivotantes les haies et les
charmilles, pour éviter toute concurrence entre les pieds voisins les uns
des autres. Si leurs racines étaient fasciculées, ces plantes iraient, en se
portant latéralement les unes vers les autres, se faire mutuellement tort
pour la recherche, dans les couches superficielles seulement, d’une nourriture
qu’elles ne peuvent aller demander à des couches plus profondes.
Comme les fines divisions des racines n’absorbent les liquides que par
un point très voisin de leurs extrémités, c’est contre le pied des pivots
qu’il faudra arroser pour que l’eau arrive rapidement au sommet de ces
divisions très courtes, ce sera au contraire sur une circonférence assez
distante du pied de la plante qu’on devra mouiller, s’il s’agit de racines
fasciculées dont les longues divisions rayonnent dans la couche superficielle
du sol.
Ces divisions rayonnantes sont à redouter dans les arbres qu’on plante
sur le bord des allées des jardins ou des routes ; elles iront s’étendre dans
les plates-bandes et dans les héritages voisins, pour enlever aux fleurs ou
aux moissons la nourriture qu’elles trouveraient sur place si elles étaient
Fig. 25, 26. — Jacinthe. Oignon entier et coupé en long ; à la base de son plateau
se développent de nombreuses racines adventives.
pivotantes et s ’enfonçaient verticalement dans le point même où l’arbre
a été planté.
Heureusement, il est possible, en imitant les procédés naturels, de
transformer une plante à racine pivotante en une plante cà racine fasciculée.
En coupant, en pinçant le sommet du pivot, ou bien en lui opposant
un obstficle contre lequel il vient se butter, se contourner ou se détruire,
son développement se ralentit ou s’arrête, pendant que les divisions latérales
de la racine grandissent, s’allongent et se ramifient en une masse
fasciculée et parfois très divisée.
Racines adventives. —- Quand on place un oignon de Jacinthe, par
exemple, sur l’eau ou sur le sol humide, la base de l’axe de cette plante,
qu on nomme son plateau, développe au contact du milieu humide, des