
cependant, dans le cas où les fleurs demeuraient parfaitement blanches
et où aucune parcelle de matière colorante ne pénétrait dans les plantes,
il faut bien admettre que l ’eau était séparée par dialyse de la substance
rouge qu’elle tenait en solution, et que plus la racine absorbait, plus la.
teinte du liquide devenait foncée. Les racines ne sont donc pas seulement
des organes d’absorption, ce sont encore des instruments dialyseiirs
dTine grande délicatesse, et Ton peut déjà prévoir le rôle que joueront un
jour les faits qui précèdent dans l’explication des phénomènes physiologiques
dont ces organes sont le siège.
Ainsi, les racines des plantes sont des instruments de dialyse qui ne
peuvent absorber iiidilféremment avec l ’eau toutes les substances dis-
UiG. 99b. Absoiption par les racines (Pouchet). Celles-ci étant plongées dans l ’eau,
la plante garde sa fraîcheur.
soutes; mais elles peuvent prendre aussi au sol des corps parfaitement
insolubles dans I eau et que ce liquide seul ne pourrait introduire dans
leur intérieur. Dans ce cas, elles rendent ces corps solubles en les modifiant
par les excrétions acides qu’elles produisent. Des matériaux qui
sont inutiles à la plante, ou qui même doivent lui être nuisibles, peuvent
bien aussi être absorbés par ces organes, mais il n’est pas probable que,
dans ce cas, ceux-ci soient complètement intacts. Les poisons qui pénètrent
de la sorte dans un végétal, et que l’analyse y retrouve plus ou
moins haut, n’y sont vraisemblablement introduits, comme on l’a dit, que
par des soiutions de continuité qu’ils déterminent en altérant les tissus
par un contact plus ou moins prolongé avec eux ; et ces poisons agissent
en^ pareil cas comme le font des substances bien plus innocentes
qu eux, et par exemple le suc de Phytolacca, ainsi que nous l’avons vu
plus haut.
En supposant Teau ou d’antres liquides qui n’altèrent point le tissu de
la racine, arrivés au contact des phytocystes les plus jeunes et les plus
actifs qui sont situés en dedans et au-dessus de la piléorhize, comment
explique-t-on que ces liquides pénètrent dans une de ces cellules, et de
là dans les cellules voisines, puis de proche en proche jusqu’aux parties
supérieures du végétal? En laissant de côté ce qui, dans ce transport de
l’eau de cellule à cellule, d’une cavité aux cavités voisines, concerne la
circulation, le liquide est absorbé, pensait Dutrochet, en vertu de la force
qu’il a nommée endosmose; et quoique des plus contestables, ces faits
sont tellement connus, qu’il faut au moins les rappeler sommairement.
Soit une série verticale de cellules radiculaires actives, à paroi perméable,
mouillées par les liquides et pleines de sève plus ou moins épaisse,
c’est-à-dire d’eau plus ou moins chargée de principes dissous. Si la première,
en commençant par le bas, des cellules de cette série, soit la cellule
1, est en contact avec de l’eau pure ou à peu près, comme celle des
arrosages, cette cellule 1 se trouve, dit-on, dans les mêmes conditions
qu’un endosrnomètre plongé dans Teau et contenant lui-même de l’eau
sucrée ou gommée (fig. 1001). Aux points de contact de la paroi cellulaire
avec le liquide extérieur, il se produira un double courant, l’un d’exosmose,
relativement peu considérable, et l’autre d’endosmose, qui aura
pour résultat de gorger d’eau la cellule et de délayer, par conséquent,
son contenu. Celui-ci différera alors du contenu séveux de la cellule 2,
dont il sera séparé par la cloison inférieure de celle-ci, et qui passera par
exosmose en quantité minime dans la cellule \ , tandis que celle-ci enverra
par endosmose une bien plus grande masse du liquide qu’elle renferme à
la cellule 2. La cellule 2, à son tour, se comportera de la même façon à
l’égard de la cellule 3, celle-ci à l’égard de la cellule 4, et ainsi de suite.
Le résultat final serait l’ascension du liquide aqueux extérieur dans les
cellules 1 ,2 , 3, 4 et suivantes, sans que le phénomène puisse s’arrêter
tant que la plante exhalera de l’eau par son extrémité supérieure feuillée,
attendu que la perte constante de ce liquide dans l’air épaissira toujours
le contenu des cellules supérieures et leur permettra de continuer à
jouer, en présence de celles qui leur sont inférieures, le rôle d’endosmo-
mètres. Comme toutefois on sait que ce qu’on nomme avec Dutrochet
endosmose et exosmose, n’est antre chose qu’un cas particulier de la diffusion,
on comprend que l’on ait voulu substituer à ces expressions celle
de membrandiffusion (Schumacher). Les phytocystes, qui sont le point de
départ de ce mouvement de liquide, peuvent tout aussi bien être les
poils radiculaires qu’on a nommées succiatori que les phytocystes ordinaires
de la surface ou de l’intérieur. Mais la faculté d absorption de ces
différentes cavités élémentaires n’est pas seulement un phénomène physique,
c’est aussi une fonction vitale, et on le conçoit aisément quand on
se rend compte de la constitution, lors de la plus grande activité fonctionnelle,
de ces éléments anatomiques des racines. On sait qu’au commen-
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