
tirer de son expérience aucune conséquence physiologique. Il y a lieu
toutefois de penser qu/à l’exemple de De la Baisse, dont il rappelait les
observations, il opérait presque toujours sur des fleurs coupées. Dans de
pareilles conditions, l ’absorption du suc de Phytolacca se produit très souvent,
et quelquefois même avec une étonnante rapidité. Des Jacinthes
blanches, coupées, dans une enceinte h 20 degrés, ont pu, en une demi-
heure et moins, se colorer'suivant toutes les côtes des sépales. Dans une
atmosphère cà zéro, l’absorption de la couleur rouge a été de trois à cinq
fois moins rapide, suivant les plantes employées. Une température basse,
tout en retardant le phénomène, ne l’a pas empêché de se produire dans
les plantes coupées qui l’auraient présenté dans une pièce chcTiiffée Mais
il y a des portions de plantes dont la section n ’a pu, dans quelque condition
que ce fût, admettre la substance colorante et la faire monter au delà du
point en contact avec le liquide teinté. Peut-être que Biot, de même que
De la Baisse, a coloré des Jacinthes blanches en rose, en substituant de
la teinture de Phytolacca à l’eau dans laquelle on a fait pousser ces
plantes dans des carafes. En agissant de la sorte, on réussit assez souvent
à colorer les fleurs en faisant reposer sur la surface du liquide la base du
bulbe, celui-ci se trouvant en contact avec la teinture, soit avant tout
développement de racines, de feuilles et de fleurs, soit d’un jour à l'autre,
à une époque où les fleurs sont épanouies et où l’on remplace tout d’un
coup l’eau ordinaire par le suc de Phytolacca decandra. Mais dans toutes
les experiences où l’on prend soin de ne jamais laisser la surface du plateau
en contact avec le liquide coloré, et où les racines seules plongent
dans ce liquide, la coloration ne se manifeste pas. Il nous est même arrivé
de plonger dans le suc de Phytolacca decandra des bulbes de Jacinthe
blanche ayant des racines de quelques centimètres de longueur, et, à l’aide
de précautions convenables pour que le'liquide ne s’altérât pas tlop d’y
maintenir les bulbes pendant tout le temps qu’ils ont mis à développer
leurs feuilles et leurs fleurs; et ces dernières se sont épaoouies parfaitement
blanches, sans qu’une parcelle de la matière colorante ait été
absorbée.
Ce n ’est donc pas la racine intacte de la Jacinthe qui peut absorber le
suc rouge du G’est la surface cicatricielle du bulbe c’est-à-
<l|re une véritable solution de continuité. Et toutefois, point btan diîne
d etre note, ce n ’est pas la cicatrice elle-même qui, à son état normal
semble absorber la matière colorante Sans doute son tissu est constitué
de telle façon que, si le contact prolongé d’un liquide ne le désorganise
pas plus ou moins, l’absorption ne peut se faire. Car dans un certain
nombre de nos expériences,* avec cette surface en contact continuel avec
e liquide rouge, dans des bulbes dont l’entier développement des feuilles
et des f le ^ s s est fait dans une carafe, il n’y a pas eu trace d’absorption
de la inatiere colorante. Unger a répété les expériences de De la Baisse
et de Biot, dans des conditions toutes particulières où elles réussissent
toujours rapidement. Alors que les Jacinthes sont fleuries dans la terre
d un pot à fleurs ordinaire, on place celui-ci sur un plat creux dans
lequel on verse graduellement la teinture du Phytolacca. Mais cette
experience ne prouve rien pour la physiologie des racines intactes
attendu que le liquide coloré monte par imbibition au travers de la terre
jusqu’à la cicatrice du plateau, par laquelle il est absorbé, et surtout
parce que les racines très développées, qui se rassemblent dans la portion
inférieure du vase, s’altèrent rapidement au contact du liquide et
que celui-ci pénètre alors par les solutions de continuité de leur surface
en partie putréfiée.
Nous ne savons comment étaient installées les expériences à résultats
positifs, telles que celles qu ’a citées De Candolle {Physiol., 85), et qui
1 ont conduit à penser que BischoiF « se trompe quand il croit que Teau
Fig. 997. — Absorption par les racines. Une plante plongée dans le sable sec
se flétrit et meurt (Pouchet).
coloree ne pénètre que par des solutions de continuité », parce qu’il l ’a
«vue en particulier pénétrer par les spongioles de radicelles nées dans
1 eau colorée et certainement intactes ». Nous ne connaissons pas de
liquide coloré duquel, soit qu’on fasse plonger dans sa masse des racines
de plantes en germination, soit qu’on imbibe des éponges sur lesquelles
germent des graines, on puisse dire qu’il n’altère pas plus ou moins le
tissu de ces jeunes racines.
II faudra d’ailleurs revenir sur cette assertion, que les racines intactes
absorbent forcément avec l’eau les substances qu’elle tient en dissolution.
Le suc du Phytolacca représentant une solution, nous avons vu des
bulbes qui développent normalement leurs racines, leurs feuilles et leurs
110^8 s ^ un flacon de ce liquide, convenablement renouvelé pour éviter
qu’en s’altérant trop lui-même il n ’attaque les tissus de la plante avec
lesquels il se trouve en contact. Ces bulbes prenaient à cette masse de
liquide une grande quantité d’eau qui fournissait à leur évolution; et