
antérieurs, ou ils font défaut, ou ils existent au nombre de deux devant
cbacun des sépales antérieurs. La fleur a alors buit staminodes inégaux,
comme celle de l’Aconit Napel. Les sépales sont d’un bleu pourpré plus
ou moins ptâle, ou d’un lilas pâle, veinés, parfois verdâtres en bas et en
dehors, pubescents souvent intérieiiremeiLt. Les anthères sont d’un violet
foncé. Le gynécée est formé de trois, plus rarement de deux ou quatre
carpelles, qui deviennent autant de follicules (dimensions : plante entière,
1 mètre et plus; feuilles, pétiole, 10-20 centimètres; limbe, 15 centimètres
sur 30 ; inflorescence, 20 â 50 centimètres; pédicelles, 2 centimètres;
largeur de la fleur, 2 centimètres environ; éperon, 1 centimètre,
fruit : 2,3 centimètres de long; graine, 1/4-1/2 centimètre environ).
Chez nous les graines de la Staphisaigre sont seules employées en mé-
F ig . 1 1 5 0 -1 1 5 3 . D e l p h i n i u m Staphisagria. Fleurs à quatre et à huit staminodes;
graine entière et coupe longitudinale.
decine. Dans le fruit elles sont étroitement pressées les unes contre les
autres. De lâ une déformation plus ou moins grande, et ce fait que quelques
unes d’entre elles restent collées bout â bout comme en un petit
chapelet. Leur albumen cbarnu et huileux est considérable; il renferme
vers son sommet un petit embryon. Leur tégument extérieur, de couleur
brune ou noirâtre, s’épaissit inégalement, de façon â présenter a sa surface
un réseau irrégulier de lignes saillantes anastomosées.
Comme le D. Consolida, la Stapbisaigre est souvent dans le Midi une
herbe annuelle. Dans nos jardins elle se comporte ordinairement comme
une plante dicarpienne. Ses semences ont une saveur amère, puis âcre.
C’est VHerba pedicularis des anciens et VAstaphis agria de Pline.
On y a découvert un alcaloïde, la staphisagrine (Darbel), et de l’acide
delphinique {Eobcmge r ) . On exporte principalement les graines d’Italie,
de Trieste et du midi de la France, et l’on emploie surtout leur poudre
â la destruction des poux. L’espèce croît dans toute la région médite rranéenne,
en Asie Mineure, aux îles Canaries; elle est souvent cultivée
dans nos jardins botaniques. C’est une plante dangereuse, et les
animaux qui avalent quelqu’une de ses parties sont d’ordinaire violemment
purgés.
Les plus actives des Renonculacées appartiennent au genre Delphinium
et principalement â sa section Aconitum. Ce sont les suivantes :
A c o n i t N a p e l .
L’Aconit Napel {Delphinium Napellus H. Aconi tum Napellus L.),
dont nous avons donné (p. 47G) les caractères floraux, est une herbe vivace,
haute d’un demi-mètre â u n mètre et demi, glabre, â feuilles alternes,
palmatiséquées, avec des segments bi- ou trifides et inégalement incisés-
dentés. Ses fleurs forment une grappe serrée, longue de 30 centimètres environ
(fig. 1154). Ses sépales bleus sont pubescents; le postérieur prolongé
en un petit bec â son sommet. Ses deux nectaires supérieurs, d’un
bleu foncé, ont leur portion dilatée en forme de bonnet phrygien, inclinée
horizontalement sur leur long onglet, et leur éperon obtus est droit, un peu
courbé au sommet. Les carpelles, le plus souvent au nombre de trois, sont
oblongs, divariqués, penchés quand ils sont jeunes, et ils s’appliquent â la
maturité contre l’axe de l’inflorescence (dimensions : feuilles, limbe,
15-20 centimètres de long et de large; pétiole, 5 centimètres; inflorescence,
30-40 centimètres; pédicelles, 2, 3 centimètres; hauteur des
fleurs, 2 centimètres ; largeur, 3 centimètres ; fruits, 2 centimètres environ
de long; graine, 1/2 centimètre environ de long).
Cette plante habite les lieux ombragés des collines et des montagnes,
principalement dans la région des sapins ; elle croît spontanément en
Bourgogne, dans les Vosges, l’Anjou, le Jura, les Alpes, l’Auvergne, les
Pyrénées, où elle fleurit en juin et juillet. Elle est cultivée, même comme
espèce ornementale, dans nos jardins. On l ’a trouvée dans presque toute
l’Europe, dans l’Asie tempérée et dans l ’Amérique du Nord, jusqu’à une
altitude de plus de 3000 mètres. Elle a beaucoup de variétés, entre autres
celle que Beichenbach a nommée A. Storkeanum.
On emploie en médecine ses feuilles et sa racine.
La racine (fig. 1155) a la forme â peu près conique d’un navet un peu
allongé (d’où le nom de Napellus); elle est longue de 6 â 8 centimètres
et large de 1 â 2. Elle s’atténue longuement â son sommet et porte de
nombreuses radicelles ténues. En été, elle est accompagnée d’une ou
quelquefois de deux racines latérales, plus jeunes, qui sont reliées comme
elle â la base de la tige, mais par un pédicelle grêle. Quand ces racines
latérales arrivent â leur plus grand développement, la racine mère se vide
et se dessèche graduellement. Ces racines sont de celles que les botanistes
nomment adventives; voici de quelle façon elles se développent, et il convient
de remarquer que ce mode d’évolution est général dans les plantes
vivaces de la famille des Benonculacées.
Toutes les feuilles d’un Aconit Napel ne s’épanouissent pas dans l’air
en lames vertes et plus ou moins profondément découpées. Celles de la
base de la tige, voisines de la surface du sol, sont réduites ou â des Lases
d’appendices détruits, ou â de courtes écailles blanchâtres, disposées dans
un ordre spiral très évident. Elles ont néanmoins chacune un bourgeon
BAILLON.