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40 TRAITÉ DE ROTANIQUE MÉDICALE.
par exemple, le groupe floral est lui-même axillaire par rapport à une
petite écaille que porte au-dessous de lui le cladode; ce qui est encore le
propre d’un axe.
Dans les Xylophylla (fig. GO), dont le nom générique est assez significatif,
le cladode qui simule une feuille, est né dans l’aisselle d’uii appendice,
et de plus il porte lui-même, à chacune des dents de ses bords, une
petite feuille, et des fleurs, puis des fruits dans l’aisselle de celle-ci; c’est
là encore le caractère d’un rameau, d’un organe axile.
L’opinion des personnes qui ont considéré comme les feuilles de l’Asperge
les nombreux petits organes linéaires et verts dont est chargée la
cime de l’Asperge montée, ne saurait être conservée, attendu que les
lilaments dont il vient d’être question supportent souvent des fleurs ou des
fruits, et qu’ils sont nés à l’aisselle d’une petite écaille blanchâtre, peu
visible, mais qui est la véritable feuille.
C’est pour la même raison qu’on ne peut confondre une tige avec un
rhizome, quoique leurs caractères extérieurs de forme, de couleur, de
consistance et le milieu qu’ils habitent, soient souvent les mêmes. Mais le
rhizome, étant une tige, porte des écailles qui représentent les feuilles,
et des bourgeons dans l’aisselle de celles-ci; tandis qu’une racine peut
bien accidentellement porter des bourgeons adventifs, et, par suite, indirectement,
des feuilles quand ces bourgeons se développent en branches;
mais ces bourgeons, placés sur la racine en un lieu indéterminé, n ’y
occupent pas l’aisselle d’un appendice, ne sont pas disposés avec la régularité
mathématique qui appartient aux feuilles ou à leur bourgeon
axillaire; et si la racine porte indirectement des feuilles, ce sont celles
du bourgeon adventif, de sorte qu’elles sont séparées de la racine par
l’axe même de ce bourgeon, si court qu’il soit, au lieu d’être portées
directement par elle, comme le fait aurait lieu pour une tige.
B o u r g e o n s .
Les bourgeons axiliaires des feuilles ont les mêmes caractères que le
bourgeon terminal primitif ou gemmule (p. 6); c’est-à-dire qu’ils se composent
d’un axe central et d’appendices imbriqués qui sont des feuilles plus
ou moins modifiées.
Il y a au moins un bourgeon dans l’aisselle d’une feuille. Le plus souvent,
quand les bourgeons sont multiples, ils sont superposés les uns
aux aulres. Tantôt les supérieurs sont les plus développés, et tantôt ce
sont les inférieurs. Leur nombre est exceptionnellement, dans certaines
plantes, considérable dans chaque aisselle.
Toutes les feuilles qui forment la portion périphérique d’un bourgeon
peuvent être semblables, membraneuses, ne différant les unes des autres
que par la taille; le bourgeon est alors dit nu.
Les plus extérieures de ces feuilles peuvent être recouvertes d’un duvet
ORGANOGRAPHIE DES PHANÉROGAMES. 41
protecteur, qui garantit du froid les feuilles plus intérieures. Mais, plus
souvent encore, ces lames extérieures deviennent plus épaisses, plus dures,
plus courtes que les véritables feuilles, el elle se détachent de bonne
heure au printemps, pour permettre aux portions intérieures du bourgeon
de se déployer. Le bourgeon est alors écailleux.
Les écailles ou les feuilles extérieures des bourgeons sécrètent souvent
un liquide visqueux, cireux ou résineux, qui les enduit extérieurement
pendant l’hiver et les garantit de l’action de l’humidité.
L’origine des écailles des bourgeons est extrêmement variable. Le plus
souvent elles représentent, nomme feuiile entière, mais seulement une ou
quelques-unes de ses portions inférieures. On s’en rend compte en examinant
les divers appendices d’un bourgeon de certains Groseilliers. Les
plus intérieurs de ces appendices sont de véritables feuilles, avec trois
parties : un limbe, un pétiole et une portion vaginale peu dilatée. Ln
se rapprochant de l’extérieur, on voit disparaître peu à peu le pétiole,
puis le limbe; et la gaine de plus en plus large, de plus en plus consistante,
surtout sur la ligne médiane, constitue à elle seule les écailles
les plus extérieures du bourgeon (p. 78).
Dans les Rosiers, les limbes et les pétioles disparaissent de même clans
les écailles extérieures; de plus, les stipules qui, dans les vraies feuilles,
se distinguaient latéralement de la portion vaginale, se confondent graduellement
avec elle et lui donnent d’autant plus de largeur.
Le pétiole peut devenir seul large et dur pour envelopper le bourgeon,
comme dans les Frênes, par exemple.
Dans un assez grand nombre de nos arbres fruitiers et autres, ce sont
les stipules seules qui changent de consistance pour devenir les écailles
protectrices des bourgeons (fig, 72).
Dans les Platanes, les bourgeons sont protégés dans leur jeunesse par
une coiffe, complète ou à peu près, que leur forme la base dilatée et creuse
du pétiole.
Au lieu de ne renfermer que des feuilles, les bourgeons peuvent contenir
une ou plusieurs fleurs. Ces bourgeons à fleurs occupent souvent
l’aisselle, non des feuilles, mais des bractées qui leur font suite. Ils sont
fréquemment trapus, courts, renflés, et leur axe principal demeure souvent
très surbaissé. Dans nos arbres fruitiers, on leur donne ordinairement
le nom de bourses, et l’on conçoit que par l’ébourgeonnement ou d’autres
pratiques, la culture puisse influer sur le nombre relatif de bourgeons à
feuilles et de bourgeons à fleurs que portera un arbre fruitier.
Quand un bourgeon axillaire ne se développe pas, il peut être remplacé
par des bourgeons plus jeunes que lui, souvent au nombre de deux et qui
lui sont latéraux ; c’est à cause de cette situation qu’on leur a souvent
donné en horticulture le nom de hourgeous stipulaires.
Les rhizomes ont, comme les tiges aériennes, des bourgeons à l’aisselle
des écailles qui représentent leurs feuilles. Ces bourgeons peuvent se