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pouvaient que vicier l’air qui sert cà la respiration de l’homme, et créaient
pour celui-ci une concurrence dans la consommation des gaz respirables
et une cause d’accroissement de la qucuntité de gaz nuisibles versés dcans
une atmosphère limitée.
Aujourd’hui ces phénomènes doivent être envisagés d’une autre façon.
Sans doute, quand les parties vertes des plantes reçoivent directement la
lumière solaire, elles réduisent une certeine quantité d’acide carbonique
et versent de l’oxygène dans l’atmosphère; mais c’est une condition qui
ne se trouve guère réalisée qu’à l’air libre, dans les champs tapissés de
gazons verts ou bord és de forêts verdoyantes, et là l ’air respirable ne fait
pas d’cailleurs défaut à l’bomme qui traverse un pcareil milieu. Mais dans
nos demeures, dans les enceintes où l’iiomme se livre pendant le jour à
ses travaux habituels, ou, pour spécifier davantage, sur la table d’nn cabinet
de travail, d’un laboratoire ou d’un amphithéâtre, les rayons directs
du soleil sont en général évités; on s’en garantit même par des ridCcaux ou
des écrans, et la conséquence de ces mesures doit être une diminution
dans l’intensité des phénomènes réducteurs de l’acide carbonique. Sans
doute la fonction chlorophyllienae s’exerce encore, quoique faiblement,
surtout pendant les journées claires de la belle saison.
A ce moment, et dans les conditions que nous-venons de supposer, que
font les plantes? Elles respirent, c’est-à-dire qu’elles comburent, à l ’aide
de l ’oxygène de Tair, des matériaux bydrocarbonés ; elles produisent donc
de Tacide carbonique, de Teau et de la chaleur; et à cet égard', elles ne
sont pas des agents purificateurs de l’atmosphère. Elles y versent peu
d’oxygène, mais beaucoup plus d’acide carbonique; et la résultante de ces
deux actions est une viciation de l’atmosphère, moins considérable cependant
et moins nuisible à Tbomme, nous le verrons, qu’on pourrait d’abord
le craindre.
G’est un médecin de Paris, Édouard Robin, qui, dès Tannée 1851, formula
en B’rance, après l ’avoir annoncée depuis plusieurs années, cette
opinion, déjà admise à l’étranger, que le phénomène respiratoire est, au
point de vue chimique, identique dans les deux règnes organiques.
A cette époque, Édouard Robin admettait, en effet, que îe rôle de Toxygène
est le même pour tous les corps organisés, végétaux et animaux, et
que la respiration, dans les uns comme dans les autres, consiste dans
l’absorption de Toxygène, dans une combustion lente nécessaire à Tentretien
de la vie; la décomposition de Tacide carbonique par les végétaux, la
production d’oxygène, n’étaient, d’après lui, qu’un fait exceptionnel qui
a frappé par son étrangeté, et qui a fait perdre de vue le fait essentiel,
1 absorption de Toxygène, La décomposition de Tacide carbonique par les
plantes exige la présence d’une lumière vive; elle ne se produit que sous
1 influence de la matière verte qui n’existe què dans certaines parties des
végétaux; cette matière verte manque même totalement chez le plus grand
nombre des végétaux pendant la majeure partie de Tannée. Des groupes
importants de végétaux dépourvus de matière verte parcourent toutes les
périodes de leur existence sans décomposer Tacide carbonique. Le rôle de
l’oxygène est bien plus essentiel ; aucune plante, comme Ta démontré
Tb. de Saussure, ne peut végéter hors de son influence. L’absorption de
ce gaz par les végétaux a lieu à l ’abri de la lumière vive, avec production
d’acide carbonique. C’est un fait aussi généralement reconnu que parfaitement
constaté. Cette absorption a lieu même au contact de la lumière
par les parties des végétaux dépourvues de matière verte. Si, sous Tin-
fluence de la lumière et d’une température suffisante, les organes colorés
en vert des végétaux semblent ne point absorber d’oxygène, c’est qu’il y a
simultanément décomposition d’acide carbonique, émission d’oxygène par
les parties vertes et absorption d’oxygène par le végétal, de telle façon
que Toxygène émis est plus considérable que Toxygène absorbé. Mais ce
fait exceptionnel, qui est dû à des circonstances particulières, n’infirme
point le fait général de l’absorption de Toxygène par les plantes.
La même année, M. Carreau appuya sur des expériences précises une
conclusion analogue : « Les plantes, dit-il, possèdent une respiration normale
; la nuit comme le jour, elles absorbent de Toxygène et rendent de
Tacide carbonique. Les effets en sont plus ou moins voilés pendant le jour
par une action inverse. L’acide carbonique qu’elles réduisent est puisé
par elles dans le sol et dans Tatmospbère ; cet acte doit plus spécialement
dépendre des fonctions nutritives ou assimilatrices. »
Ges idées ne prévalurent pas tout d’abord ; elles furent repoussées par
Ad. Brongniart et J. Decaisne. « Ce mode, disent-ils, de respiration animale
ou respiration nocturne des végétaux, constitue-t-il à lui seul la respiration
des végétaux, et pourrait-il leur suffire comme il suffit aux animaux?
Non, certainement. Une plante soumise d’une manière prolongée à cette
respiration animale et décarbonisante s’étiole, c’est-à-dire que son accroissement
exagéré, accompagné peut-être d’une plus grande proportion de
matières azotées, amène un état maladif qui, prolongé, rend la plante faible,
pâle et impropre à la reproduction. » Et les mêmes auteurs blâmaient
M. Carreau d’avoir considéré la réduction de Tacide carbonique comme un
phénomène de nutrition et non comme une véritable respiration. Ils ajoutaient
; K Généralement, toute action par laquelle le fluide nourricier d’un
être vivant est modifié par Taction des gaz qui l ’environnent, est considérée
comme un phénomène respiratoire, surtout lorsqu’il n’y a pas seulement
absorption de ce gaz, mais en même temps exhalation d ’un autre gaz,
c’est-à-dire inspiration et expiration, comme dans les phénomènes que
présentent les parties vertes des végétaux sous Tinfluence solaire. » On
voit que Brongniart et Decaisne professaient, en 1851, de singulières doctrines
sur les questions de physiologie générale, et semblaient comprendre
la respiration des animaux à peu près comme on le faisait à la fin du
siècle précédent.
Il paraît même que, au point de vue de la respiration végétale, ils eurent
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