
sont souvent des corpuscules protoplasmiques teintés ; mais la matière
colorante n’est pas ici dissoute dans un liquide. G’est surtout le cas pour
la couleur la plus ordinaire des organes de végétation ; tiges herbacées,
feuilles, calices, ovaires, etc., c’est-à-dire pour celle de la substance verte
nommée Chlorophylle.
F. — Chlorophylle.
La proprement dite est une substance colorante ou pigmentaire,
que l’on a nommée aussi pigment chlorophyllien et qu’on pense
avoir obtenue à l’état de matière cristallisée. Elle renfermerait, d’après
.M. A. Gautier : carbone, 73,97; hydrogène, 9,80; oxygène, 10,33;
azote, 4,15 ; phosphates et cendres, 1,75. M. Hoppe-Seyler lui a trouvé
aussi une composition très voisine de celle-ci. Mais elle a, dans les phytocystes,
un support emprunté au phytoblaste. Ge sont, ou la masse u n ique
et continue du phytoblaste, ou des masses partielles, microscopiques,
de protoplasma, teintées, soit en totalité, soit partiellement, par le pigment
vert. On a souvent donné le nom de grains de chlorophylle aux
masses fragmentaires de protoplasma ainsi colorées; ce sont en réalité
des corps fort complexes. L’alcool, par exemple, qui peut dissoudre et
entraîner le pigment vert, ne laisse plus que la substance protoplasmique
décolorée et en même temps coagulée, rendue de la sorte plus ou moins
opaque.
II y a bien des plantes qui ne possèdent point de pigment chlorophyllien
; ce sont surtout les Ghampignons, un certain nombre d ’Algues et
beaucoup de végétaux parasites. Dans un grand nombre de plantes qui
ne paraissent pas vertes, notamment dans certaines Algues rouges ou
brunes, le pigment vert peut exister cependant ; mais il est masqué par
une substance d’une autre couleur et paraît tout à coup quand on vient à
détruire celle-ci. Dans les plantes supérieures, beaucoup de feuilles sont
vertes profondément, qui paraissent rouges ou brunes, parce que leurs
couches superficielles sont formées d’éléments remplis de pigment
rouge.
G’est dans la substance du phytoblaste que se produit le pigment chlorophyllien,
soit dans l’utricule primordial azoté (fig. 846), soit dans les
traînées intérieures du protoplasma (fig. 863, Gl), soit encore dans la zone
protoplasmique qui entoure le noyau, soit peut-être dans l ’épaisseur
même du noyau. Dans la plupart des cas, la lumière paraît nécessaire à
cette production. On admet cependant que cet agent peut être remplacé
par une certaine quantité de chaleur; il y a des parties des plantes complètement
soustraites à l’action de la lumière, comme par exemple des
embryons, qui occupent l’intérieur de graines et de fruits impénétrables
à toute lumière, et qui cependant possèdent une coloration verte pouvant
être due à la cbloropliylle.
Il y a beaucoup de cas où la cbloropbylle disparaît totalementdes plantes
soumises à une obscurité complète et où elle reparaît dans ces mômes
plantes alors qu’on les éclaire de nouveau. Cependant il y a aussi des
organes verts des végétaux qui pâlissent quand on les expose à une lumière
trop vive et qui reverdissent dans une obscurité relative ; nous avons déjà
dit et nous redirons que le protoplasma
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II
teinté en vert par la chlorophylle
peut, dans certaines circonstances,
fuir la lumière et se
réfugier, pour éviter son action
trop vive, dans les régions les
moins éclairées du phytocyste.
Les portions du protoplasma qui
verdissent par le dépôt de chlorophylle
ont souvent la forme de petites
sphères ou de polyèdres à
arêtes plus ou moins vives, qui se
dessinent en jaune d’abord, puis
en vert plus ou moins intense dans
l’épaisseur d’une des zones du
phytoblaste dont nous avons parlé
(fig. 846). Ges sphérules sont souvent
au début plus molles que le
reste de la substance protoplasmique;
puis elles durcissent davantage
dans leur portion périphérique.
L’eau peut les pénétrer
et y former des amas intérieurs
qui les gonflent. Très souvent aussi
il se produit dans leur intérieur des
grains d’amidon.
La configuration de ces corpuscules
est d’ailleurs fort variable.
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Fig. 816. — Chlorophylle. Grains formés
dans l’épaisseur de l’ulricule primordial
azoté des pliytocystes de la feuille d’une
Mousse [Fuñaría hygrometrica).
Dans certaines Algues, ils ressemblent à des bâtonnets ; dans d’autres,
à des lamelles, à des étoiles; dans d’autres encore, à des rubans aplatis,
spiralés, irrégulièrement déchiquetés sur les bords (fig. 863, Cly).
Les substances bleue et jaune que les chimistes ont indiquées comme
constituant la matière verte de la chlorophylle, ne sont que des produits
artificiels et n ’ont pas d’importance. On croit aujourd’hui la chlorophylle
dissoute dans une substance cireuse à laquelle on a donné le nom d’hypo-
chlorine et qui, d’abord molle et pâteuse, peut ensuite cristalliser en
aiguilles d’un brun rouge. Elle manque rarement dans les parties vertes
des plantes, s’y développe cependant, pense-t-on, après la chlorophylle,
■et ne se forme généralement pas en dehors de l’influence de la lumière.
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