
Les fonctions du pigment chlorophyllien seront étudiées plus loin et
différenciées de celles du protoplasma qui lui sert de support; mais nous
pouvons dire dès à présent qu’on n’a pas encore vu, que nous sachions,
l’acide carbonique de l ’atmosphère décomposé par des organes végétaux
entièrement dépourvus de pigment chlorophyllien.
G. — Matières sucrées.
Un grand nombre de pbytocystes renferment des substances sucrées, et
elles s’y trouvent pendant la vie de la plante à l’état de dissolution. Du
protoplasma où elles se sont formées, elles passent dans le suc cellulaire
qui les tient en dissolution et qui peut sous cette forme les laisser sortir
du phytocyste, soit pour être excrétées à l’air libre, soit pour passer dans
des pbytocystes voisins. On croit, à l’heure qu’il est, que ces matières
sucrées sont produites par des modiiications de l ’amidon, de l’inuline, de
la cellulose, du tannin, etc., que renferment les phytocystes ; et l’on a
même admis que la matière sucrée peut être transformée de nouveau en
amidon : de sorte qu’elle est un moyen de transport des matériaux nutri-
tiis d’un point à l’autre d e là plante. Dans les fruits non mûrs, où le tannin
abonde souvent et leur donne, avec une saveur âpre, des propriétés
astringentes parfois utilisées en médecine, il est plus tard remplacé par
une proportion variable de matière sucrée. Dans ceux qui, comme les
bananes, ne sont sucrés qu’à leur complète maturité, on ne trouvait guère
aupararant que de la fécule.
Les substances sucrées s’accumulent d’ailleurs à l’état de matériaux
de réserve dans certaines parties des plantes, et c’est là qu’on va les-
chercher pour notre usage. Les organes dans lesquels s’amasse ainsi le
sucre peuvent être les racines, comme il arrive dans la Betterave, et l’on
sait que c’est surtout, dans cette plante, de la saccharose
quoiqu’elle y soit accompagnée d’une certaine quantité de sucre interverti.
On a pensé, mais sans pouvoir en donner une explication satisfaisante,
que ces sucres pourraient bien provenir d’une transformation de la
matière amylacée qui abonde primitivement dans la plante. Le sucre
interverti pouvant subirla fermentation alcoolique,celle-ci se produit quelquefois
dans la plante, et il y a des tissus végétaux normaux dans lesquels
on croit avoir constaté la présence de l’alcool.
Les tiges des plantes peuvent aussi devenir réservoirs de sucre. Les
plus connues sontcelles de la Canne à suore, qui contient la matière sucrée
ou saccharose dans une sorte de moelle intérieure ; de l’Érable à sucre,
de 1 Amérique du Nord; du Sorgho à sucre; des Palmiers dits à sucre,
riches aussi, à nue époque antérieure, en matière amylacée; des Lrênes,
notamment des Ornus ou Lrênes dits à fleurs, qui, dans le midi de
l’Europe, fournissent la manne, riche en niannite et en f ra x in e
(CUiH‘®0^%; du Mélèze, qui donne la manne de Briançon ; des Eucalyptus,
qui produisent la manne d’Australie, matière ricbe en eucaline, etc.
Toutes ces substances seront examinées quand nous traiterons des plantes
qui les fournissent.
Les fruits mûrs contiennent souvent de la saccharose, qui a été observée
dans les pommes, poires, pêches, abricots, prunes, framboises, melons,
citrons, ananas, dattes, etc., et du sucre interverti, formé î\q glucose
e td e iéi’wfose(GMd^^O®). Dans les bananes, nous avons vu tout
à l’heure que la matière sucrée prend en abondance, à l’époque de la
maturation, la place de la iécule.
H. — Matières gommeuses.
Ces substances peuvent être étudiées comme contenues dans les pbytocystes,
parce qu’elles peuvent se produire dans leur cavité par transformation,
par exemple, des masses amylacées; mais elles pourraient l’être
aussi comme produits de la paroi même du phytocyste, car très souvent
c’est cette partie qui s’altère, s’épaissit, se gonfle et perd les caractères de
la cellulose pour prendre ceux d’une gomme soluble ou insoluble. Le type
de cette dernière est la gomme adragante, produite par le gonflement
des parois de nombreux pbytocystes-cellules de la tige et des branches
de plusieurs Astragales orientaux. On considère cette transformation
comme résultant d’une maladie, mais cette maladie existe, dans certaines
localités, sur tous les pieds qu’on rencontre d’Astragales a adragante.
Une fois formée, la matière gommeuse molle passe, comme par une filière,
au travers des trous on des fentes qui se produisent comme par éclatement
dans l’écorce, et vient faire saillie an dehors sous la forme de cylindres ou
de plaques qui bientôt se solidifient. Ges gommes ne se dissolvent pas
dans l’eau, mais.s’y gonflent et s’y délitent de façon à former un mucilage.
Les Pruniers, les Pêchers et les Cerisiers produisent assez souvent dans
nos pays, sous l’influence d’une cause morbide, une gomme de qualité
inférieure, dite wo,s ira s , qui est employée par certaines industries et qui
est en partie seulement insoluble dans l’eau froide. Elle se produit, d apiès
M. Trécul, le plus éminent, pour ne pas dire le seul des anatomistes de
notre pays, principalement à la suite de pluies abondantes et par le fait
d’une nutrition trop riche, dans la couche génératrice. Un certain nombre
de jeunes pbvtocystes sont changés en gomme très fluide, il en résulte une
sorte de cavité ; ou bien dans l’aubier, une'lacune analogue commence par la
modification de quelques vaisseaux.Onvoitparfois au pourtour de ces cavités
des masses incolores, plus tard colorées, souvent mamelonnées, dues au
premier état de transformation de la cellulose. Ensuite, la gomme plus ou
moins diffluente s’extravase dans les anfractuosités qu’elle rencontre,
notamment dans Técorce interne. Ailleurs, la gomme se forme dans de
véritables chapelets de pbytocystes, dont la paroi de cellulose se gonfle,
produit une protubérance de substance bomogène et blancbe; cette