
bourgeons axiliaires de ces feuilles modifiées se développent en brandies
aériennes, feuillées, qu’on voit sortir de terre à une distance souvent très
grande du pied-mère. Les feuilles aériennes sont aussi alternes, longues
de 10 à 20 centimetres, et composées-imparipennées, à 4-6 paires de folioles
en général. Celles-ci sont le. plus souvent opposées, pétiolulées,
oblongues-ovales ou obovales, obtuses ou rarement émarginées au sommet,
arrondies ou parfois un peu aiguës à la base, penniveinées, finement réticulées,
à peu près glabres quand elles sont adultes, mais toujours un peu
visqueuses en dessous, d’un vert franc sur les deux faces. Les stipules
latérales, insérées obliquement, oblongues-triangulaires, se détacbent de
bonne benre et ne laissent sur les brandies que leur cicatrice. Les grappes
de fleurs sont plus courtes que les feuilles axillantes, nues à la base, lâcbes,
dressées, non ramifiées, avec des pédicelles très courts et des bradées
linéaires, aiguës, scarieuses, brunissant de bonne beure. Les corolles sont
d un lilas pâle ou d uu pourpre bleuâtre ; les ailes, de couleur un peu plus
foncée. Le fruit (tig. 2206), long de deux centimètres environ, est oblong,
comprimé, un peu contracté entre les semences, épaissi sur les bords,
aigu, lisse, indébiscent, d’un brun pâle â la maturité; il renferme de
2 â 6 graines comprimées, quadrangulaires, â angles émoussés, brunes,
â téguments épais; l’embryoïi cbarnu, sans albumen, a une radicule
un peu arquée et acoombante.
Cette plante est originaire de la région méditerranéenne, qu’elle babite
en Europe, en Afrique et en Asie ; elle s’étend jusqu’à la Perse et l’Afgba-
nistan. On la cultive aujourd’hui dans toute l ’Europe tempérée, et elle a
été introduite jusqu’en Chine. Elle prend en peu de temps un très grand
développement dans nos jardins. On en distingue plusieurs variétés.
_ Le G. glabra proprement dit {typica) est â peu près glabre, avec les
lolioles un peu visqueuses en dessous, le fruit glabre et les divisions du
calice linémres-lancéolées, égales au tube ou plus longues; son fruit contient
jusqu’à six graines. Son aire géographique est surtout occidentale.
La forme glandulifera (dont on a fait aussi une espèce distincte) a des
tiges et des feuilles plus ou moins pubescentes ou glanduleuses, un fruit
plus ou moins chargé de poils glanduleux et une gousse courte et 2 ,3-sperme,
ou plus longue et polysperme. C’est une plante plus orientale que le type
précédent, qui s’avance dans l’ouest jusqu’à la Galicie et la Hongrie, et
qu’on trouve â l’ouest jusqu’en Perse, dans l ’Afghanistan et le Turkestan.
On croit la culture de la Réglisse dans l’Europe occidentale relativement
peu ancienne (Hanbury). En Angleterre, elle est plantée surtout dans le
Yorkshire, où on 1 arrache après trois ou quatre ans, au commencement de
1 hiver. La racine est déterrée, coupée sur place et souvent vendue et consommée
fraîche, tandis qu’on conserve pour l’exportation, après les avoir
fait sécher, les branches souterraines ou stolons. En France, il y a des cargaisons
entières de Réglisse qui ne se composent que de rhizomes et qui
en ont la structure, Ge sont les plus vieux et les plus durs, en même temps
les plus sucrés, qui sont réservés pour lávente. Ceux qui sont plus tendres
servent â reproduire la plante. La Réglisse d’Espagne ou d’Alicante peut
être formée, dit-on, de tiges et de fragments de racine. La Réglisse de
Calabre serait fournie par le G. glabra type, qu’on cultive aussi en France,
mais qui y donne des produits moins sucrés que ceux de la région méditerranéenne,
Celle de Russie, souvent exportée de Hambourg, est, pense-
t-on, produite par la variété glandulifera (Hanbury). Cependant elle a été
aussi considérée (Guibourt) comme provenant du G. echinata L. (fig. 2207),
espèce â fruits courts, oligospermes et â surface tout échinée. Ils sont,
comme les fleurs, disposés en épis courts et presque globuleux. Cette
Fig. 2206. — Glycyrrhiza ylabra.
Fruits.
FiG. 2207. — Glycyrrhiza echinata.
Fruits.
espèce, souvent aussi cultivée dans nos jardins, est originaire, croit-on,
de l’Europe austro-orientale et de l’Asie Mineure.
Les matières sucrée et albumineuse, l’amidon et la glycyrrhizine que
renferme la Réglisse sont contenus dans le parenchyme de la racine et de
la tige. Ce parenchyme est beaucoup plus développé dans Técorce de la
première, où il est épais, charnu, facile â couper, que dans celle des rhizomes;
et ceux-ci sont faciles à distinguer par l’existence d’une moelle
très large, entourée par les faisceaux du bois.
Les Psoralea, très voisins des Réglisses, ont donné leur nom à un
groupe caractérisé par des tiges glanduleuses, herbacées ou ligneuses,
des fleurs en épis ou en grappes et des ovules le plus souvent au nombre
d’un ou deux. Aussi leur fruit est-il petit et souvent monosperme. Dans
les Psoralea, plantes souvent parsemées de points glanduleux noirs, les
divisions du calice sont entières et ne se modifient pas après Tanthèse. La
graine adhère souvent au péricarpe indéhiscent, et les feuilles sont souvent,
quoique non constamment, trifoliolées. Le P. bituminosa L., ou
Trèfle bitumineux, a été vanté comme diurétique et même anticancéreux;