
V.
0-1 TUAITß DE BOTANIQUE MÉDICALE.
Le plus petit fragment de la feuille peut ainsi s’enraciner, et même,
dans certaines espèces, une ou quelques cellules de son parenchyme
ou de son épiderme suffisent à produire une nouvelle plante.
Diverses parties des fleurs peuvent se bouturer : notamment les ovaires,
surtout quand ils sont infères. Ceux des Ludwigia (Jussiæa), coupés en
travers comme une branche, se plantent et peuvent développer des racines
adventives. Ceux de plusieurs
Cactées tombent à la maturité sur
le sol et s’y enracinent bientôt.
On a même vu des placentas
axiles, développés outre mesure
en branches feuillées, se bouturer
comme une branche issue directement
de la tige.
Les racines mêmes peuvent développer
des racines adventives.
Un petit tronçon de la racine d’un
Pa ulownia, d’un Allante, d’un
Acajou de Chine, d’un Mûrier à
papier, d’un Ipécacuanba, d’un
Manioc, etc., etc., semé comme
une graine, développe des racines
adventives ; et comme il peut en
même temps produire aussi des
bourgeons adventifs qui se développent
en branches feuillées,
il constitue bientôt à lui seul une
plante nouvelle.
La plupart des Monocotylédones
n’ont d’autres racines que
Fig. 38. — Dahlia. Racines adventives, développées
en faisceau à la base de la lige et
devenues épaisses et charnues.
des racines adventives. Certains Palmiers, d’abord pourvus d’un pivot
assez développé, se rangent bientôt dans la règle par suite de la destruction
de leur racine primitive.
Quand le Blé et autres céréales thallent, la portion inférieure de leur
tige, couchée sur le sol ou dans sa profondeur, développe au contact de
la terre un grand nombre de racines adventives. Celles-ci naissent de préférence
dans ces plantes, comme tant d’autres, au niveau des noeuds que
présente la tige, mais elles peuvent aussi paraître en d’autres points très
divers de la surface.
Caractères extérieurs des racines. — Nous désignons sous ce titre des
caractères dont l’importance est très secondaire et qui cependant frappent
les premiers notre vue quand nous considérons une racine : ce sont sa
taille, sa forme, sa consistance, sa couleur, sa durée, etc.
Les racines de nos arbres et de nos herbes sont souvent blanchâtres,
brunes ou noirâtres, quelquefois jaunes on rouges. Les pivots de bien des
plantes potagères, plus on moins épais et charnus, sont parfois blancs, roses,
jaunes, violacés, etc. Leur portion supérieure verdit souvent quand elle est
exposée à la lumière. Les grands arbres ont fréquemment de très longs
pivots qui les fixent profondément an sol. Mais les Ignames dont les tiges
sont grêles et grimpantes, elles Betteraves dont la lige herbacée est souvent
courte, peuvent avoir aussi une très longue racine pivotante. Le pivot
Fig. 39. — Renoncule orientale. Racines adventives épaisses et cliarnues,
constituant avec ta base de la tige une griffe.
d’un humble pied de Luzerne peut atteindre plusieurs mètres de longueur.
Il y a des racines qui durent une seule saison, et d ’autres qui persistent
plusieurs années, des siècles même, dit-on, an moins leur pivot, alors que
leurs divisions se détruisent parfois chaque année.
Les divisions des racines fasciculées peuvent devenir épaisses et dures
comme les pivots; et même aussi les racines adventives, ainsi qu’il arrive
dans les Patates, le Jalap. Ln pareil cas, les parties molles de ces racines,
notamment de leur écorce, peuvent devenir le siège d’une forte proportion
de principes médicamenteux. Dans les Asphodèles, les Dahlias, les Maniocs,
les racines fasciculées ou adventives deviennent analogues à des
tubercules et renferment, comme certains pivots, des principes utiles,
amassés principalement dans les tissus de leurs couches extérieures.