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Les particules, aussi ténues qu’on puisse les supposer, de matières en
suspension, ne seraient point absorbées. Mais les substances dissoutes
sont elles-mêmes prises en proportions très différentes, suivant leur composition.
Quand l’une d’elles est seule dissoute dans l’eau, les plantes qui
plongent leurs racines dans la solution prennent plus d’eau que de substance
dissoute, et concentrent ainsi peu à peu la solution. Quand il y a
dans l’eau un mélange de différentes substances, cbacune de celles-ci est
absorbée en proportions différentes, les unes très peu, les autres beaucoup
plus. De Saussure a vu, par exemple, dans un mélange, l’acétate de cbaux
n’être pris à l’eau qu’en quantité à peu près inappréciable; et la même
racine qui prenait à ce mélange ^3 ou 34 de chlorure de potassium ou de
sulfate de cuivre, n ’absorbait que 4 ou 6 d’azotate de chaux ou de sulfate
de soude. De là à cette idée que, dans un sol donné, contenant beaucoup
de sels solubles dans l’eaii, les plantes en absorberont des quantités très
variables, il n ’y a, on le voit, qu’un pas. La nature chimique des sels dissous
a-t-elle ici une importance capitale? Beaucoup ne l’ont pas pensé.
On a supposé que la viscosité plus ou moins grande des solutions (de
Saussure) et l’adhérence plus ou moins grande des substances au sol
(Bouchardat) étaient seules causes de l’inégalité d’absorption par une
racine qui, à égalité d’adhérence et de viscosité, prendrait indifféremment
toutes les substances dissoutes, quelle que fût leur composition chimique.
C’est là la négation de cette faculté d’élection attribuée ailleurs aux racines
des végétaux, qui ne prendraient au sol ou à une solution, à ce qu’on
supposait, que les matières qui conviennent à l ’alimentation de la plante.
Il est vrai que, dans une solution, les racines peuvent absorber les substances
les plus vénéneuses, celles qui tuent la plante à coup sûr, comme
le sulfate de cuivre, l ’acide arsénieux, etc. On sait qu’on a cru rendre les
plantes médicamenteuses en leur faisant absorber par les racines tel ou
tel sel qu’on ne voulait point administrer en nature, et en proposant
d’employer ensuite ces plantes elles-mêmes à quelque usage thérapeutique.
Mais alors, ont dit avec raison plusieurs expérimentateurs, ce n’est
pas une racine normale qui est l’instrument d’absorption ; c’est une extrémité
radiculaire désorganisée au contact du médicament ou poison, détruite
en partie et comparable à une racine coupée, dont l’absorption est
bien plus active et plus considérable que celle d’une racine intacte.
Les liquides colorés pénètrent abondamment dans une racine ou dans
tout autre organe d’une plante qui a été coupé. En est-il de même dans une
racine intacte? Magnol est le premier qui, en 1709, ait répondu à cette
question par l’alfirmative. Mais est-il bien certain que, dans toutes les
expériences qu’on a citées depuis les siennes, aucune radicelle n’ait été
brisée et n’ait pas permis l’introduction par une solution de continuité
d’un liquide dont la coloration n’est souvent due qu’à des parcelles solides
teintées et tenues en suspension dans un fluide lui-même incolore? On
peut dire que jamais on n ’a pu affirmer qu’il n’en fût pas ainsi dans les
expériences telles qu’elles ont été conçues jusqu’à celles de Bonnet. Celui-
ci a imbibé une éponge d’un liquide coloré; les graines qui germèrent
sur cette éponge émettaient de jeunes racines qui, dit-il, demeuraient
intactes et qui n’absorbaient pas la couleur. MM. Trinchinelti et Cauvet
n’ont pu faire absorber les liquides dont la coloration était due à une
matière fine suspendue (bois de Brésil, de Campêche, safran, cochenille),
par les radicelles complètement intactes. De Candolle avait avancé le
fait contraire. Dans de l’eau colorée, il faisait tremper des racines qui,
développées au sein même de ce liquide, devaient, pense-t-il, avoir conservé
leur intégrité. Bien n’est moins certain; et il aurait été sage sans
doute de n ’accepter que sous bénéfice d’inventaire cette expérience de
Biot, confirmée cependant par Unger, et dans laquelle une Jacinthe à
fleurs blanches aurait absorbé de l’eau rougie par le suc des fruits du
Phytolacca decandra; si bien qu’on aurait vu dans ses organes de végétation
des traînées de tissu rougies par ce suc, et que ses fleurs elles-
mêmes se seraient, assure-t-on, teintées en rose. Il faudrait pouvoir
affirmer que, dans ces essais, la surface du plateau du bulbe, qui présente
une véritable cicatrice, une solution énorme de continuité, n’a pas
été en contact avec l’eau teintée, qu’elle aurait absorbée sans difficulté :
nous verrons tout à l’heure qu’il n’en est nullement ainsi dans les expériences
citées, il s’en faut de beaucoup. On ne saurait d’ailleurs comparer
ces prétendues absorptions de liquide coloré avec la coloration que peut
prendre une plante dont les racines ont pris successivement deux liquides
parfaitement solubles (comme un sel de fer dissous et plus tard le cyano-
ferrure jaune de potassium), lesquels réagissent l’un sur l’autre, et produisent
un précipité dans les cavités naturelles du végétal où ils ont
pénétré l’un après l’autre par la voie des racines intactes (?), mais à l’état
de corps complètement dissous dans l’eau. Il faudrait démontrer que les
liquides teintés qu’auraient réellement absorbés les racines entières dans
certaines expériences ne doivent pas leur coloration à la présence d’une
matière complètement soluble dans l’eau. Et savons-nous suffisamment,
à l’heure qu’il est, et dans l’état imparfait de nos connaissances sur les
phénomènes dialytiques, la véritable limite qui sépare la solution de la
suspension?
Nous avons d’abord voulu répondre par des faits positifs à ce qu’on a
dit de l’absorption par les racines des sucs colorés des végétaux. En laissant
de côté ceux qui ne sont qu’un liquide chargé d’une matière colorante
insoluble, mais très divisée, nous avons examiné ce qui se passe avec le
suc du Phytolacca, après nous être assuré que celui-ci représente une
véritable solution. Son absorption par des racines normales, si elle se
produisait, ne prouverait donc autre chose que ce qu’on admet depuis
longtemps, savoir que les racines absorbent avec l’eau les substances
qu’elle tient en dissolution.
Biot n’a pas indiqué exactement de quelle façon il procédait, et n’a pu
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