
un certain nombre de mamelons écailleux, obtus, irrégulièrement losan-
giques. Le parfum en est suave et le goût très agréable. On Ta comparé
cà celui d’une poire bien mûre, mais un peu aqueuse; il s’y ajoute un
arôme plus on moins accentué de cannelle. On peut prépcarer avec le suc
exprimé une boisson fermentée agréable, analogue au cidre. Les fruits
jeunes sont astringents, et les graines sont irritantes, car Royle rapporte
qu’on emploie dans l’Inde leur poudre, mêlée à celle des pois-cbicbes,
pour détruire la vermine; les Brésiliens s’en servent dans le même but,
ainsi que de celle de plusieurs autres Anona et RoUinia.
Fig. 2U25, 2026. — Anona squamosa. Fruit entier et coupe transversale.
La baie de VA. Clieriniolia L., du Pérou, gros syncarpe de la grosseur
du poing, globuleuse ou ovoïde, mcamelonnée à la surface comme celle de
l’espèce précédente, verdâtre en dehors avec une chair pulpeuse blanche,
serait, au dire de plusieurs voyageurs, le plus exquis de tous les fruits;
sa pulpe gélatineuse posséderait un goût délicat de fraise et d’ananas.
Comme la plupart des Anones comestibles, cette espèce est cultivée dans
tous les pays chauds; elle pourrait l’être, assure-t-on, dans le midi de
l’Europe. On peut toutefois dire de ce fruit ce que pensait le P. Feuillée,
des meilleurs corossols, qu’aucun d’eux ne vaut nos poires exquises de
l’Europe. Tous sont très recherchés dans les régions tropicales; mais il
faut les manger à point. Ils sont trop mûrs déjà quand ils se détachent
spontanément de la plante. Cueillis trop tôt, ils sont astringents, et leurs
coucbes extérieures, plus consistantes, sont alors trop riches en substances
résineuses et en essences qui leur donnent un arrière-goût de térébenthine.
Ils sont rafraîchissants, sans doute, mais ils sont souvent nuisibles pour les
malades, les fébricitants surtout, qui les digèrent mal et qui les trouvent
« trop crus ». On ne les .mange incomplètement mûrs qu’en leur ajoutant
une certaine quantité de sucre ; ils sont alors astringents et plus toniques.
En général ils sont, à volume égal, bien moins nutritifs que nos fruits
indigènes, car ils contiennent relativement beaucoup plus d’eau. Leur suc
exprimé est doux, mucilagineux, souvent doué d’un parfum agréable. On
le soumet à la fermentation, et il produit une sorte de boisson alcoolique.
DICOTYLÉDONES. 519
vin doux qu’on appelle, aux Antilles, vin de corossol. Cette boisson se
conserve mal en général ; elle tourne facilement à l’aigre. Quand les fruits
ne sont pas complètement mûrs, elle devient légèrement astringente; elle
est alors plus facilement supportée par le tube digestif; sinon, elle peut
arrêter la digestion et aggraver, au lieu de l’atténuer, le trouble des fonctions
intestinales. Au Pérou, on recbercbe comme médicament astringent
les fruits tout à fait jeunes et verts; on les prescrit en décoction et en
poudre desséchée, dans les cas de diarrhée et de dysenterie.
F ig . 2027. — Anona muricata. Rameau florifère.
L’Anona reticulata L. a pour fruit le corossol réticulé ou sauvage, encore
appelé cachimán, coeur-de-boeuf, mamilier, petit corossol, grosse
baie globuleuse ou ovoïde, dont la surface est de couleur jaunâtre, rougeâtre
ou roussâtre, partagée plus ou moins nettement en aréoles pentagonales
irrégulières. Ge fruit est mangeable, mais il n ’est pas, dit-on,
très estimé. L’odeur des feuilles est forte, un peu fétide, narcotique. Le
s u c qui s’écoule des branches coupées est irritant; il enflamme la conjonctive
quand il tombe dans les yeux. Comme médicament, le fruit vert
est employé exactement de la même manière et dans les mêmes circonstances
que celui de l’A. muricata.
h 'Anona muricata L. (fig. 2027-2029) a pour fruits les corossols ou