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caractère étant variable, comme nous venons de le dire, suivant Tâge des
rameaux, suivant aussi diverses conditions de la végétation, il n’y a rien
qui doive nous empèclier d’assimiler spécifiquement le Myroxylon de
Ruiz au M. toluiferum, des auteurs. M. Bentham, qui a fait une étude si
particulière et si suivie du groupe des Légumineuses et qui a pu examiner
les écbanlillons authentiques du M. punctatum, n’a pas hésité, dans la
description des Papilionacées du Flora brasiliensis de Martius, à donner
cette plante comme synonyme du M- tolui fe rum; et nous adoptons pleinement
cette manière de voir.
En rapprochant les uns des autres tous les échantillons connus du
di. toluiferum type, nous avons vu des différences considérables dans la
forme et la taille des folioles, dans leur consistance et leur épaisseur; ce
qui dépend sans doute des conditions diverses dans lesquelles les arbres
avaient végété, de l’époque de l’année où les échantillons ont été
récoltés, etc. Sur les branches de l’arbre abattu sous ses yeux vers les
bords du Rio-Magdalena, et dont parle M. Weir dans son intéressante
relation, les folioles sont très petites et assez épaisses. Sur les teuilles
d’arbres qui paraissent végéter vigoureusement au Brésil, où ils fleurissent,
dit-on, rarement, les folioles sont semblables de forme à celles
des échantillons de M. Weir, mais plus grandes, plus vertes, avec des
taches pellucides plus visibles.
Sur les célèbres échantillons de Rumboldt et Bonpland, récoltés à Saint-
Jean de Bracamoros et dans quelques localités voisines, les folioles sont
plus étroites, plus allongées, moins épaisses, moins rigides, à taches pellucides
plus longues, linéaires ; et c’est sur ces caractères que Klotzscb a
fondé une espèce distincte, son M. Hanburyanurn. Mais il faut remarquer
que Rumboldt et Bonpland affirment que cette plante est le M. toluiferum,
qu’elle vient bien des localités types où il pousse, et qu’ils ont dit
n’avoir vu jamais l’arbre en fleurs et en fruits. Ce qui est probable, d’après
l’apparence de leurs échantillons, c’est qu’ils ont eu sous les yeux des
arbres, autrefois exploités peut-être, abattus ou recépés el qui avaient
poussé du pied de longs jets non florifères, à feuilles et à folioles elles-
mêmes étirées et végétant vigoureusement. Mais si l’on compare ces échantillons
à certains autres provenant de la collection de Ruiz, on peut
trouver dans les uns et les autres des folioles ayant exactement des deux
côtés la même forme et les mêmes dimensions, et c’est là encore ce qui
nous porte à assimiler la plante de Rumboldt au M. toluiferum des
auteurs et au M. p e rui fe rum de Lambert. Quand Rernandez décrivait
l’arbre des régions chaudes du Mexique, qui est aujourd’hui reconnu de
tous les auteurs comme donnant le baume de San-Salvador ou de Son-
sonate, on ne connaissait, à ce qu’il semble, en Europe qu’ime seule de
ces substances balsamiques, car il intitula le chapitre qui y est relatif
{Rer. medic. Nov. Hispan. Thes. (1551), p. 51) : De Hoitziloxitl, seu de
arbore balsami indici; ce balsamum indicuni qui coule à une certaine
époque de l’année de Técorce incisée et dont la couleur est e fulvo
nigrum inclinans, semble bien avoir les caractères du baume de Tolu tel
qu’il se présente quand il a été obtenu par l’incision du tronc.
Quant à la plante mexicaine de Rernandez, elle ne peut être que celle
dont Pereira a dit que le commerce européen retire tous les baumes qui
viennent de la Côte du Baume, c’est-à-dire de l’État de San-Salvador et
des États voisins. G’est à cette plante qu’il avait donné le nom de Myro-
spermum of Sonsonate, et c’est elle que Royle a nommée depuis lors
Myroxylon Pereiroe. Elle figure dans Therbier de Berlin, communiquée
par Pereira lui-même, sous le nom de M. sonsonatense Kl . Je Tai vue à
Kew, provenant de Sonsonate et récoltée par M. Finck (exs., n. 1665), à
Motlaluca, près de Gordova, c’est-à-dire d’une localité bien voisine de
celles d ’où avait pu la recevoir Rernandez. Dans la collection de l’École de
Pharmacie de Paris, il y a aussi un échantillon authentique, donné par
Pereira lui-méme comme venant from the Balsam Coast, San Salrador
et comme produisant le baume du Pérou. Enfin, je tiens de la libéralité
bien connue de D. Ranbury de très précieux échantillons du M. Pereiroe,
qu’il a reçus de Sonsonate, notamment de beaux fruits, dont plusieurs
n’offrent absolument aucune différence avec certains de ceux du M. toluiferum
vrai, récoltés par M. Goering au Vénézuela et qui ont été aussi
déterminés spécifiquement par D. Ranbury. R y a encore de bons échantillons
du M. Pereiroe dans Therbier du Muséum de Paris. Leur fruit
peut être tout à fait le même que celui du
M. toluiferum. Ils en diffèrent parfois
par la vigueur de leurs rameaux, la taille
des folioles, leur consistance, le nombre
et la forme plus ou moins allongée des
taches pellucides des feuilles; mais la
graine ou les deux graines (car il y en a
assez souvent deux dans tons les My r o x y lon
connus) sont semblables, à surface
Fig. 2233. — Embryons de Toluifera.
a, Ba lsamum; b, peruifera.
lisse, collée à l’endocarpe par Textérieur
de leur enveloppe dont Tembryon entier
s’est séparé, et il m’est impossible, en somme, de considérer les deux
plantes comme autre chose que deux formes, plus ou moins variables,
d’une seule et même espèce, le Toluifera Balsamum L.
Quant aux graines du M. peruiferum, elles sont tout à fait différentes
de celles du M. 'toluiferum, et c’est par D. Ranbury que j ’ai pour la
première fois entendu signaler celte dissemblance. Il a remarqué qu’au
lieu d’être lisse, la surface de ces semences est rugueuse et parcourue par
des sillons inégaux et très irrégulièrement reliés les uns aux autres; c’est
toute la surface de ces sillons et des saillies interposées qui, dans cette
espèce, se trouve enduite de la substance balsamique. L apparence de
cette surface tient d’ailleurs à la configuration même des cotylédons, qui
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