épars au milieu des décombres sont insignifiants.
Le faubourg de Kouskouam n’est habite que par
des cultivateurs. Le quartier de Bâta tire son nom
de sa grande église investie du droit d’asile et renommée
par son clergé nombreux, instruit et remuant;
il est surtout habité par des cultivateurs aisés;
en temps de troubles, les paysans y déposent
de préférence leurs réserves de grains. Le quartier
de l’Aboune, habité par quelques trafiquants et de
petits propriétaires, jouit également d’un droit d’asile,
peu respecté lorsque le légat' est absent, mais
qui, lorsqu’il y réside, attire une population indécise
composée de réfugiés, de clercs et d’étudiants.
Les trafiquants chrétiens forment presque à eux
seuls le quartier de Dinguiagué. Le Salamgué, habité
exclusivement par des musulmans, tous trafiquants
ou tisserands, passe pour la réunion mercantile la
plus considérable de l’Ethiopie par ses relations lointaines
et ses richesses en numéraire. Ce quartier,
un des plus populeux de la ville, en est cependant
le moins salubre, tant à cause de sa situation basse,
du voisinage immédiat de l’Angareb et du Kaha, que
des épidémies qu’y apportent souvent les caravanes
d’esclaves. Le quartier de l’Itchagué, le plus peuplé
de tous, est en quelque sorte comme le coeur de la
ville. Il doit son importance à son droit d’asile qui
est presque toujours respecté. Le Dedjadj Oubié, le
Ras Ali, et beaucoup de leurs- notables, y possédaient
des maisons où ils amassaient des provisions, et où
leurs partisans se réfugiaient en temps de disgrâce.
Ce quartier, ceint d’un haut mur, est peuplé de
gens de toutes les classes : on y trouve des princes
et des seigneurs déchus ou réduits au repos par
l’âge; des femmes de hauts personnages venues
pour faire leurs couches ou pour s’abriter avec
leurs enfants, pendant que leurs maris sont en expédition;
des femmes divorcées; des matrones célèbres
par leurs aventures, leur beauté passée ou leur
esprit; quelques trafiquants, des moines, des religieuses,
des nécessiteux, des soldats mutilés, des rebelles,
des voleurs de grande route et des meurtriers ;
des gens fuyant la vindicte des lois ou les persécutions;
quelques artisans et même quelques musulmans,
car le cierge éthiopien recueille et protège
sans distinction dans ses asiles les nationaux, les
étrangers ou les ennemis de sa foi.
L’Atsé, dépouillé de tout pouvoir et de toute autorité,
vivait abandonné dans l’isolement de son palais;
néanmoins, la salle des plaids, de loin en loin,
retentissait de la voix des avocats, qui, grâce à l’empire
des us et coutumes, venaient plaider en dernier
appel quelques procès d’une nature spéciale,
devant l’antique tribunal suprême, présidé par l’Atsé,
et composé comme ou sait des quatre Likaontes et de
leurs quatre Azzages, auxquels s’adjoignaient dans certaines
occasions quelques prudhommes de la ville.
L’Itchagué, relief révocable du clergé régulier, était
nomme par le Ras Ali, sur la présentation du clergé;
sa juridiction attirait a Grondar des abbés et des moines
des provinces éloignées, ainsi que beaucoup de
membres du cierge séculier. Toutes les causes civiles
qui prenaient origine dans son qqartier ressortissaient
également de sa juridiction ; quant aux causes criminelles,
instruction faite, il les renvoyait en cour du Ras.
partageait avec l’Itchagué la juridiction
sur le clergé séculier, et exerçait également le droit de
basse justice, sur les habitants de son quartier.
Le Négadras (tête des trafiquants), chef de la gabelle,