diaient à mourir do façon à mêlor los applaudissements
du cirque aux angoisses do lotir agonie. A l’assaut d’une
des grottes, une grosse pierre poussée par los Gallas
lui avait brisé la jambe et l’avait envoyé roulor jusqu’au
lieu où il était. Un des nôtres lo mit sur son cheval.
Cependant une troupe d’une vingtaine de Gallas
se démasqua résolument et marcha sur nous. Le ter-
îuin étant trop mauvais pour les chevaux, nous les
laissâmes avec les blessés au pied d’un rocher, et nous
primes l’offensive avec une décision qui décontenança
1 ennemi. La déroute commence par les yéux, a dit Tacite,
Les Gallas^ furent culbutés, ils eurent deux hommes
tués et plusieurs blessés. Le brave Beutto nous cria de
ménager le terrain, et nous empêcha de céder à l’attraction
de l’ennemi, dont la tactique était de nous
éloigner de nos montures, Plus loin, une charge imprévue,
exécutée par Beutto et quelques cavaliers, coûta
encore à l’ennemi deux hommes et un cheval. Nous
approchions de notre camp. Bientôt des femmes, occupées
à ramasser du bois, jetèrent l’alarme, et nos maladroits
ennemis, en voyant des cavaliers et des fantassins
accourir à notre secours* disparurent une
dernière fois.
A peine rentré dans ma tente, le Dedjazmatch
m envoya souhaiter la bienvenue ; il m’avait fait chercher
partout pour le déjeuner ; ma part était réservée,
et il voulut que je la prisse devant lui.
Si tu m’eusses consulté, seigneur maraudeur,
me dit-il, je t’eusse donné une compagnie de fusiliers,
et tu eusses pu joncher d’ennemis ta promenade.
Apprenant que le Chalaka Beutto était avec moi,
il le fit mander. Celui-ci, pour excuser son acte d’indiscipline,
insista sur la coïncidence fortuite qui l’avait
heureusement mis à même de me ramener au camp.
Le Prjnce se fit rendre un compte détaillé de notre
matinée. Les familiers forcèrent l’entrée; on fit venir
do l’hydromel, les trouvères accoururent, et l’on se mit
gaîmont à boire j usqu’au repas du soir.
J’avais obéi un peu étourdiment au désir de voir
par moi-même ce qu’on me racontait des Gallas guerroyant
en enfants perdus. Notre campagne tirait à sa
fin, les occasions allaient manquer, et j’avais cru pouvoir
sortir un instant de la sécurité qui m’enveloppait
auprès du Prince, pour y rentrer sitôt ma curiosité satisfaite.
Mais aucun passage étroit n’ayant entravé sa
route, l’armée, ce jour-là, avait fait son étape bien plus
promptement que d’habitude, ce qui nous avait empêchés
de rejoindre l’arrière-garde, quoique pendant
plus de quatre heures nous eussions accéléré le pas.
Les moeurs militaires indigènes tolèrent des escapades
de ce genre; mais si, d’une part, elles dénotent un
esprit d’aventure qui ne déplait pas aux Ethiopiens, de
l’autre, elles leur paraissent peu compatibles avec un
rang de quelque importance ; aussi le Chalaka Beutto,
un des familiers du Prince, regardé comme destiné à
un avenir brillant, crut-il devoir s’en justifier comme
d’une dernière folie de jeunesse. Ce qui d’ailleurs
nous excusait le mieux était notre heureuse chance
d’avoir recueilli deux blessés abandonnés par 1 arrière-
garde. •
Quelques années après, l’armée traversait une
rivière dont le gué était dangereux, et j'étais en aval
avec une troupe de nageurs pour venir en aide aux
hommes que le courant entraînait. Parmi ceux qu’on
retira de l’eau, il s’en trouva un ayant sur l'abdomen
une large cicatrice, et mes gens lui ayant demandé
à quelle affaire il avait reçu cette blessure :
*— En Liben, dit-il; votre maître était encore