portée à leurs franchises communales, de se jeter
dans les hernes de leur pays accidenté, couvert et
très-propre à la guerre de partisans; aussi font-ils
d’excellents soldats. Ce plantureux pays,, un des plus
attrayants du- Gojam, passait pour un des plus difficiles
à gouverner, et pour celui où l’on trouvait le
moins de vieillards, à cause des résistances armées
qu’il opposait à chacun des nouveaux gouverneurs
que le Ras y envoyait. L’altàchemerit dès habitants
à leurs libertés locales, ainsi que la beaute de
leurs femmes, sont passés en proverbe, et, quoique
descendants, comme on sait, de colons Gallas, ils
ont la réputation de parler un amarigna plus pur
que dans les provinces avoisinantes.
Le Dedjadj Baria; gouverneur de l’Àgaw-Médir,
province comprise dans le gouvernement des fils de
Cônefo, s’étant décidé à opter en notre faveur,
joignit à nous avec 900 cavaliers seulement, quoique
son pays pût en fournir neuf ou dix mille pour une
expédition lointaine; et un nombre bien plus considérable
pour une campagne de peu de durée; comme
celle que nous entreprenions. Ii allégua qu’il avait
eu trop peu de temps pour préparer ses compatriotes
au brusque changement de leur politique.
■ Selon quelques traditions; le peuple Agaw aurait
possédé jadis la majeure partie de l’Éthiopie; il se
trouvé circonscrit aujourd’hui dans la province de
l’Agaw-Médir, Cdntiguë âu DattiOte, et dafis une autre
province au sud-est, voisine du LaStU; et connue en
Ethiopie sous le nom d’Agaw tout, court. Les Agaws
parlent, outre l’amarigna, une langue complètement
différente, dont le nom ethnique est Hamtonga; mais,
comme les deux provinces ne communiquent entre
elles que très-rarement , cette langue a formé deux
dialectes distincts. Il est à croire que le petit peuple
Bilène qui habite à l’Est, sur les bords de la mer
Rouge, est encore un tronçon du peuplé ÀgâW, car
les traditions des Bilènës mentionnent leur expulsion
de la haute Éthiopie; et mon frère, en étudiant le
réseau de langues et dialectes si nombreux parlés
,en Éthiopie, a découvert que les Bilônes parient aussi'
un dialecte de la langue hamtonga.
Pour mon. compte, je në connais qüë les Agaws
de l’Agaw-Médir. On trouvé parmi ceux-ci bëauCoÜp
d’hommes et de femmes dont l’expression du visagë,
les traits et lés yeux; légèrement relevés vers les
tempes, semblent dénoter Une provenance étrangère
aüx races qüi les avoisinefit et vis-à-vis desquelles,
du reste, ils vivent en état de défiance constante.
Établis dans Un pays fertile et verdoyant, un des
plus boisés de l’Éthiopie; ils s’adonnent de préférence
à l’élève des chevaux et des bestiaux, qui alimentent
les marchés de l’Atchefef, du Dafiibya, dü Eouara,
de Gohdaf, dü FoüOgara, dü Bégamdif, et jusqü’à ceüX
du Samen. Ils sont médiocres fantassins,- mais très-
bons . Cavaliers, et leurs habitudes sont plutôt pastorales
qu’agricoles. Uhis entre eux par lë lieh de leurs
coutumes locales et celui d’une langue incomprise par
leurs voisins, ils aiment passionnément leur pays, et
leur insubordination à des chefs étrangers à leur
race est notoire. Selon les remaniements politiques,
leUr province est annexée tantôt au gouvernement
du Dambya, tantôt à celui du Bamote, et fréquemment
le titulaire est contraint de la réduire par les
armes. Le Dedjadj Conefo dut faire contre eux plusieurs
campagnes;, à force de cruautés, il obtint leur
soumission; mais, dès sa mort, ils refusèrent 1 hommage
à’ ses fils. Les Agaws, très-belliqueux dans leur