de ligue et ne payent tribut qu’éventuellement aux
gouverneurs éthiopiens du deuga vdont les demandes
deviennent par trop pressantes. A l’ouest du Tigré, et
entre le deuga et la mer, sont les diverses tribus
Sahos, vivant le plus souvent à l’état nomade à l’est
delà crête de montagne ou plutôt de deuga qui court
parallèlement à la côte; quelques-unes d’entre elles
paissent annuellement leurs troupeaux sur le rebord
ouest du deuga, chez les Akala-Gouzaï ; ils payent
alors tribut a la fois aux autorités du Tigré et à
celles du Tegraïe. Au sud de ces tribus, se trouve
le peuple Afar, dont on nomme plus de cent cinquante
tribus, appelées jadis Maras, ou tribus par
excellence; elles sont aujourd’hui nommées Taltals par
les Tegraïens, et Danakils par les Arabes, qui, comme
beaucoup d’Européens, donnent à la confédération
entière le nom d’une tribu aujourd’hui insignifiante.
Les Afars habitent un vaste koualla borné d’un côté
par la mer, depuis IMakannélé jusqu’aux environs
de Toudjourrah, et de l’autre par le contour du
deuga qui, dans les environs de Atsbi-Dara en Te-
graïe, seleve, dit-on, dans le mont Doa, jusqu’au
delà de la limite des neiges perpétuelles, ce qui,
de ce côté, formerait le point culminant de l’Afrique
orientale. Les Afars qui habitent la côte sont
musulmans zélés ; vers l’intérieur, ils sont plus tièdes,
et quelques-unes de leurs "tribus sont même restées
païennes ou mi-chrétiennes ; aucun Afar n’a adopté,
comme les Sahos d’Alitén'a, le Christianisme. Il ne
sera pas ici question des Somals ni des habitants
dAdar ou Harar, qui sont probablement de race
gouragué, quoique les uns et les autres portent la
toge. Il suffit de marcher vers l’Est, dans les profondeurs
du pays Afar, qui occupe ces kouallas, pour
rencontrer l’Anazo et d’autres rivières qui disparaissent,
dit-on, dans les sables, ainsi que le puissant
cours de l’Aouache, qui s’épanouit en lac et perd
ainsi son caractère de rivière, avant d’atteindre le
rivage de l’Océan. C’est sur les bords de l’Aouache
que les Ilmormas, dits Galias par les étrangers,
ont pris naissance; leur langue, comme celle des
Sahos, se rattache évidemment à l’idiome afar. Cédant
à l’impulsion mystérieuse, mais incontestée, qu’un
peuple reçoit du mélange d’un sang étranger, les
Ilmormas se répandirent de tous les côtés, en envahissant
les peuplades voisines, plus vieilles et par
conséquent moins énergiques; ils se sont ainsi infiltrés
entre les nations voisines qu’ils ont détruites
ou refoulées. 'Les Somals seuls paraissent avoir
échappé à leur invasion, et dans l’absence de tout
voyage à l’Est du pays Gouragué, il est difficile
d’affirmer la^position de l’ancienne frontière de ce
côté-là. Ce dernier peuple, qui parle un idiome
quelque peu voisin de l’amarigna, occupe un des
deugas les plus étendus de l’Éthiopie. Le Gouragué
est le plus beau, le plus courageux et peut-être le
plus indépendant des Africains orientaux; les constitutions
politiques si remarquables qu’on attribue
à ces huit ou neuf confédérations, allient bien leur
sauvage liberté à leur dignité de chrétien. Il est
probable que les Gouragués ont été jadis sujets des
Empereurs, et le caractère de visage des membres
de la famille impériale rappelle, du reste, le type
gouragué. Au delà de ces peuplades, on en trouve
d’autres qui sont indépendantes, sous le nom de
Tambaros, réunies en monarchies dans le pays de
Cambat, et quo la tradition, d’accord cette fois avec
l’histoire locale, faisait obéir autrefois au souverain